260 brebis tombées d’une falaise : pas de chien patou, pas de clôture, pas de berger

Le 26 juin dernier, éleveurs, chasseurs, élus locaux, agents d’Etat et presse ont imputé à l’ours le dérochement de 260 brebis dans le massif de l’Aston. Pourtant, rien ne permet d’affirmer avec certitude que l’ours est en cause, et personne ne s’est demandé si le troupeau de 1300 ovins bénéficiait des mesures de protection adéquates. Surtout, le rapport de l’ONCFS n’a toujours pas été rendu public !

Crête d’où a eu lieu le dérochement. Vue depuis la cabane de Sénard

Pour se faire sa propre idée, notre délégué local a organisé une expédition sur les lieux de la tragédie entre le 30 juin et le 1er juillet, accompagné de plusieurs bénévoles. Observations, recherches de traces, entretien avec le berger… tout a été rassemblé dans un rapport destiné à la préfecture. Ci-dessous, l’ASPAS publie quelques extraits marquants qui aident à se faire une idée un peu différente que celle diffusée en masse, par ailleurs :

8/ Entretien avec le berger

– Oui c’est bien ici que le dérochement de 260 brebis a eu lieu, depuis la crête qui est en face. Brebis passées dans un mini-col, à pic, chute et dérochement côté Jasse de Sénard, à droite du col d’Aychade.
Il y a 1300 brebis sur l’estive.
Non, pas de chien de protection, on n’en veut pas car ça fait peur aux touristes.

Aujourd’hui dimanche 30 juin, ce berger (…) ne sait pas où est le troupeau. Son frère (…) est resté à l’autre cabane de l’estive (vers Mirabail), à 3 heures de marche. Ils ne savent pas où sont les brebis. Demain lundi 1er juillet, son frère Jean-Pierre doit traverser l’estive pour voir s’il trouve les brebis. Puis il doit descendre chercher 70 vaches qu’il doit monter mardi 2 juillet. Donc dans la nuit du lundi 1er juillet au mardi 2 juillet, le troupeau de 1300 brebis, introuvable aujourd’hui, sera seul en montagne. 

10/ Faune présente

Pas vu 1 seule brebis, ni 1 seule vache sur l’ensemble du parcours sur les 2 jours.
Pas vu d’indice d’ours sur l’ensemble du parcours.
Pas vu un seul animal terrestre, pas d’isards, pas de chevreuils, pas de cerfs.
Vu environ 70 vautours et 2 gypaètes.  

11/ Bilan des mesures de protection

Vu 1 berger parfois absent
Vu 1 chien de conduite
Pas de chiens de protection
Pas de parc de regroupement électrifié

13/ Autres informations

La préfète s’est rendue sur place en hélicoptère avec le commandant de gendarmerie de Tarascon et l’ONCFS le 26 juin. Des éleveurs (…) les ont rejoints sur les lieux du dérochement en montant à pied, l’un portant un fusil chargé hors période de chasse. Aucune remarque ne leur a été faite.
Un vautour fauve a été trouvé mort avec trace d’une action de chasse.
Le pare-brise du véhicule garé par l’ONCFS a été fracassé. (…)

Ce 6 août 2019, une centaine de maires de l’Ariège a manifesté aux côtés de certains éleveurs devant la préfecture d’Occitanie pour protester contre la présence de l’ours dans les Pyrénées. Le même jour, l’association Pays de l’ours publie un communiqué pour dénoncer « l’immunité pastorale » des anti-ours, et la tolérance entretenue par l’Etat à l’égard des plus radicaux, alors qu’ils sont clairement identifiés.

L’ASPAS, quant à elle, continue de demander à ce que l’Etat favorise davantage les mesures de protection des troupeaux (chiens patous / parcs électrifiés / surveillance active des bergers) ; des moyens qui, bien mis en œuvre, ont n’ont plus à prouver leur efficacité !

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