A-t-on encore le droit de protéger la nature ?

Aujourd’hui même à Crest, dans la Drôme, la manifestation d’hostilité par des éleveurs et des chasseurs devant les locaux de l’Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS) soulève la question inquiétante de l’écolobashing qui monte aujourd’hui en France. Injures gratuites de la part d’un ministre, intimidations, violences sur le terrain, impunité pour leurs agresseurs : cette tension croissante se fait au détriment de notre patrimoine naturel et de tous ceux qui le protègent. L’ASPAS exige de pouvoir poursuivre en toute sécurité sa mission d’intérêt public.

Après une marche de 4,5 km rassemblant environ 500 personnes et leur bétail, des éleveurs et des chasseurs ont donc crié leur aversion de la protection de la nature devant les locaux mêmes de l’ASPAS. Leur motivation tient du fantasme : d’après eux, la préservation par l’association de 700 hectares de forêts (c’est-à-dire 0,1 % de la surface du département menacerait les activités agricoles ! Nous y avons répondu point par point. Cette manœuvre d’intimidation n’est pas la première : dès 2013, l’ASPAS avait eu connaissance d’un courrier de la FNO (Fédération nationale ovine), qui incitait ses adhérents à jeter des carcasses de brebis dans les locaux des associations. Déjà menacée par des chasseurs hostiles, l’ASPAS avait dû alors renforcer son portail et installer des caméras de surveillance. Le siège de la SAPN (Société alpine de protection de la nature), à Gap, venait d’ailleurs d’être saccagé par des éleveurs de plusieurs syndicats agricoles (FDSEA et JA), qui avaient jeté des tripes de brebis ensanglantées sur la vitrine, terrorisant les bénévoles enfermés dans leur local. Celui de l’Alepe (Association lozérienne pour l’étude et la protection de l’environnement) a été saccagé en 2015, année où le directeur et le président du parc de la Vanoise avaient été séquestrés par des anti-loups qui n’ont jamais été inquiétés pour ces exactions. Ça n’a jamais arrêté.

Tout récemment, le 2 août dernier à Tende, des éleveurs et des chasseurs ont envahi bruyamment la salle où était projeté le film « Marche avec les loups » de Jean-Michel Bertrand, à l’initiative du parc du Mercantour. Des enfants effrayés pleuraient, la séance a été annulée… avec la bénédiction du maire de la commune, qui a soutenu les manifestants et même pris la parole.

Les citoyens qui osent défendre les loups ou critiquer la chasse reçoivent des menaces de mort ou se font molester, comme plusieurs membres de l’ASPAS, le réalisateur Jean-Michel Bertrand, le naturaliste Pierre Rigaux ou les courageux activistes d’AVA, qui filment des chasses à courre pour en révéler les réalités. Des journalistes ou des élus sont également bâillonnés comme l’explique le dossier « L’écolobashing » du dernier Goupil le magazine de l’ASPAS ou encore l’article publié dans Le Monde le 03 aout dernier. Celui-ci dénonce la criminalisation des écologistes par la cellule Déméter, créée par l’État en octobre 2019 avec la gendarmerie, la FNSEA et les… JA (les délinquants qui lancent des tripes de brebis !), mais sans d’autres représentants du monde agricole, avec lesquels l’ASPAS travaille en bonne intelligence.

L’ASPAS tient à souligner qu’elle reste sur le terrain du dialogue et de l’action constructive, au service de l’intérêt général. L’association, qui en a vu d’autres, fête dans la bonne humeur ses 40 ans d’existence, mais reste très préoccupée par cet écolobashing grandissant, et pour l’avenir de la vie sauvage.

Plus que jamais, chacun peut s’exprimer concrètement en soutenant notre campagne d’achat d’espaces naturels, pour le bien de tous.

Adhérer, faire un don à l’ASPAS, c’est voter pour la nature !

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