Guadeloupe et Saint-Martin : stop à la chasse aux oiseaux menacés !

Vu le classement « en danger » du pigeon à couronne blanche en Guadeloupe par l’Union internationale pour la conservation de la nature ;

Vu le classement « vulnérable » de la grive à pieds jaunes au niveau mondial par l’Union internationale pour la conservation de la nature et le caractère endémique de l’espèce ;

Vues les victoires juridiques de l’ASPAS et de l’ASFA* qui ont permis la suspension ces dernières années de la chasse du pigeon à couronne blanche et de la grive à pieds jaunes ;

Vus les impacts majeurs de l’ouragan Irma sur les milieux naturels et les espèces sauvages dans la région des Caraïbes et le refuge que constitue la Guadeloupe pour ces animaux ;

La préfecture de Guadeloupe souhaite continuer à autoriser la chasse du pigeon à couronne blanche et de la grive à pieds jaunes !

Certes, grâce aux actions de l’ASPAS et de l’ASFA, la chasse a été fortement restreinte avec une période de chasse plus courte, la fixation de quotas de prélèvement et un nombre réduit de jours chassés… Mais ce sont jusqu’à 6 000 individus (4 500 grives à pieds jaunes et 1 500 pigeons à couronne blanche) d’espèces pourtant menacées d’extinction qui pourraient être massacrés…

Comment agir ?

Manifestez votre mécontentement en participant à la consultation publique ouverte par la DEAL Guadeloupe. Ecrivez à chasse.guadeloupe@developpement durable.gouv.fr avant le 10 mai 2019.

Conseils pour votre participation :

  • Si vous habitez la Guadeloupe, précisez-le.
  • Donnez un avis personnalisé : vous pouvez vous inspirer de la position de l’ASPAS résumée ci-dessous, mais un point de vue personnalisé aura plus de poids que plusieurs avis reprenant le même modèle, au mot près.
  • Soyez courtois : les injures ou grossièretés ne font pas avancer les choses, nous vous recommandons vivement de mettre en avant des arguments solides.
  • Invitez vos amis et votre famille à participer à leur tour à cette consultation publique : plus nous serons nombreux à agir, plus la voix de la faune sauvage aura de chance d’être entendue.

La position de l’ASPAS

Les Antilles regorgent de trésors écologiques fragiles, qu’il est primordial de préserver. La France a une grande responsabilité dans la protection de cette biodiversité endémique, de par les nombreux territoires d’outre-mer qu’elle a sous sa juridiction et les engagements internationaux qu’elle a signés.

Deux espèces en particulier sont toujours chassables en Guadeloupe. Pourtant leur situation est alarmante :

Le pigeon à couronne blanche est sur le point de s’éteindre en Guadeloupe : classé « en danger » sur la liste rouge nationale de l’UICN (1), un seul échelon le sépare du statut d’espèce éteinte à l’état sauvage ! Mais le préfet persiste à autoriser sa chasse.

La grive à pieds jaunes est quant à elle classée espèce « vulnérable » sur la liste rouge de l’UICN, aux niveaux mondial et national. L’espèce est donc confrontée à un risque élevé d’extinction à l’état sauvage. Endémique des petites Antilles, elle n’est plus observée que sur 3 îles au monde. Sa zone de répartition est donc extrêmement réduite et, si rien n’est entrepris, elle risque de rejoindre la trop longue liste des espèces animales disparues du fait des activités humaines.

Les quotas de chasse aujourd’hui fixés ne sont dus qu’à la ténacité des associations de protection de la nature (ASFA (2) et ASPAS, rejointes par la LPO) et à leurs actions devant les tribunaux. Mais cela n’est pas suffisant : il ne s’agit pas que de maintenir les populations d’oiseaux sauvages dans un état moribond, mais bien d’améliorer leur état de conservation. Pour cela, la protection stricte de ces espèces est la seule solution.

L’île de la Dominique sur laquelle vivent ces deux espèces a été dévastée par les cyclones d’une rare violence intervenus à l’été 2017, faisant perdre à ces espèces l’essentiel de leur habitat forestier. La Guadeloupe doit plus que jamais jouer son rôle d’île refuge !

Les animaux sauvages qui n’ont pas été tués sur le coup lors de ces événements météorologiques doivent lutter pour survivre : des habitats dévastés, des zones de reproduction et d’alimentation dégradées, et une nourriture plus difficile à trouver les contraignent à des déplacements plus importants, ce qui leur demande d’autant plus d’énergie.

Alors que les menaces qui pèsent sur ces espèces sont de plus en plus grandes (dégradation de leur habitat naturel et régression de leur aire de répartition, contamination au chlordécone, concurrence avec de nouvelles espèces, diminution des échanges entre populations, etc.), le préfet continue à répondre au lobby de la chasse et à leur faire subir une menace supplémentaire.

(*) Association pour la sauvegarde et la réhabilitation de la faune sauvage des Antilles

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