L’année 2019 de l’ASPAS : 6 bonnes nouvelles pour la nature !

Oui, les mauvaises nouvelles pour la faune ont été nombreuses en 2019. Entre les tirs de loups renforcés, la liste des animaux considérés « nuisibles » renouvelée jusqu’en 2022, et de nouveaux  cadeaux faits aux chasseurs (comme la division par 2 du prix du permis national), il y a eu de quoi broyer du noir, en même temps que l’IPBES nous alertait sur l’état catastrophique de la biodiversité mondiale (1 million d’espèces menacées de disparition du fait de l’homme !).

Mais du point de vue de l’ASPAS, 2019 a aussi été une année de bonnes nouvelles ; grâce à notre acharnement devant les tribunaux, nos appels à l’indignation face aux décisions politiques et notre investissement dans un projet foncier un peu fou, de belles avancées ont été obtenues pour la nature. Et pas juste éphémères ou anecdotiques : ce sont des victoires influentes qui en faciliteront d’autres. Nous entrons ainsi dans 2020 nourris de confiance et de motivation !

1 – Une série de victoires pour les renards

Depuis près de 40 ans, l’ASPAS se bat pour améliorer le sort des renards en France. Début 2019, nous avons publié les actes du colloque « Renard » que nous avions organisé à Paris en 2017, et aujourd’hui l’opinion publique se range volontiers à nos côtés pour lutter contre les nombreux préjugés qui collent à la peau du petit canidé sauvage (290 000 personnes ont signé la pétition « Renards. Nuisibles, vraiment ?! »).

De plus en plus d’agriculteurs reconnaissent son rôle écologique dans la régulation naturelle des petits rongeurs qui ravagent leurs cultures, et certaines fédérations de chasse commencent même (très doucement, certes…) à changer d’attitude à son égard. Si le renard est toujours officiellement considéré comme « nuisible » en France (il s’en tue près de 600 000 par an !), l’ASPAS est fière d’avoir remporté cette année plusieurs victoires contre des arrêtés préfectoraux qui autorisaient de façon tout à fait injustifiée des tirs de nuit : le Cher, l’Eure, l’Oise et la Meurthe-et-Moselle ! Ces victoires s’ajoutent à celles obtenues en 2018 dans l’Aube, les Ardennes et la Moselle, et viennent renforcer un peu plus notre combat pour obtenir un changement de statut des renards de France.

2 – Les blaireaux aussi obtiennent un début de justice !

L’ASPAS a consacré beaucoup d’énergie en 2019 pour dénoncer l’une des pratiques de chasse les plus cruelles et injustifiables qui soient : le déterrage des blaireaux. Notre action-choc à Paris, avec la reconstitution d’une scène de crime où nous avons simulé un déterrage, place de la République en mai, a permis de sensibiliser de nombreux Français à l’existence de cette pratique moyenâgeuse, et à l’urgence de l’interdire.

Mais c’est devant les tribunaux que le sort des blaireaux s’est amélioré cette année, avec deux victoires remportées par l’ASPAS contre des arrêtés préfectoraux de l’Oise et de la Somme qui autorisaient des tirs de nuit. La préfecture du Loir-et-Cher a également reculé devant la pression de l’ASPAS et de deux autres associations locales, en annulant son projet d’arrêté qui prévoyait une période complémentaire de vénerie sous terre des blaireaux. C’est aussi dans ce département que l’élue Catherine Le Troquier, avec le soutien de l’ASPAS, a pris un arrêté municipal à Valaire pour interdire la pratique du déterrage sur sa commune !

3 – Chasse interdite pour deux oiseaux menacés des Antilles !

Saisie par l’ASPAS, l’ASFA et la LPO, la justice a suspendu en urgence, le 31 octobre dernier, deux arrêtés du préfet de la Guadeloupe qui autorisaient à nouveau cette saison la chasse de deux oiseaux menacés d’extinction : la grive à pieds jaunes et le pigeon à couronne blancdhe. Grâce à notre action commune, aucun oiseau ne sera chassé cette saison !  Cette victoire précieuse est le fruit d’un acharnement long de plusieurs années en faveur de ces deux espèces menacées. En 2020, nous allons maintenir la pression, afin que l’Etat confère enfin à ces oiseaux un statut d’espèce protégée !

4 – Lobby citoyen : 1 / Lobby chasse : 0 !

Les consultations publiques, parfois ça marche ! Qu’elles concernent le renard, le loup, le blaireau, ou la chasse en général, l’ASPAS appelle régulièrement à y participer. Certes, les dés sont souvent pipés et l’avis des citoyens régulièrement balayé d’un tour de bras, mais ces consultations sont l’occasion de braquer les projecteurs sur des arrêtés ou des lois qui font rarement la une des médias, et sont un moyen de faire pression sur les élus et les autorités. Le fait que les chasseurs eux-mêmes appellent à y participer en masse est le signe qu’ils ne veulent pas perdre la face, et qu’ils tentent de remporter la victoire de l’opinion publique.

En 2019, il est une consultation en particulier qui a fait grand bruit : celle lancée par la préfecture de Haute-Savoie, visant à définir les modalités de la chasse d’été et des « tirs pédagogiques » sur des chevreuils. Indignée, l’ASPAS a relayé l’information sur son site et les réseaux sociaux, et a assisté avec joie à l’effet boule de neige que cela a provoqué chez les Français sensibles à la nature et à la cause animale. Les médias s’en sont aussi fait l’écho, et face à cet emballement inespéré, la préfecture a finalement cédé à la pression et modifié son projet d’arrêté !

5 – De nouveaux espoirs pour les loups

En cette fin d’année, deux décisions de justice nous font espérer un avenir un peu plus radieux pour les loups français, ou du moins un changement d’attitude de la part de l’Etat à l’égard d’une espèce pourtant protégée par la loi… Le Conseil d’Etat, d’abord, a en partie donné raison à l’ASPAS qui avait attaqué l’arrêté ministériel du 19 février 2018 déterminant le plafond du nombre de loups pouvant être abattus (10 à 12%). La justice a en effet censuré « la possibilité de continuer les tirs de défense des troupeaux, lorsque ce plafond est atteint », une disposition qui était prévue par l’article 3.

L’autre bonne nouvelle, c’est celle concernant les 5 loups tués par des éleveurs en Savoie, en 2015. Oui, c’était il y a 4 ans, mais la justice vient seulement de confirmer l’illégalité de ces tirs létaux, qui avaient été autorisés à l’époque par l’Etat, sans concertation avec les autres parties prenantes de le dossier de la « gestion » du loup en France.

Ces deux décisions sont donc positives en ce qu’elles devraient inciter l’Etat à privilégier une politique de coexistence entre les éleveurs et les loups.

6 – Transformer un ancien enclos de chasse* en Réserve de Vie Sauvage® : l’ASPAS l’a fait !

Le projet un peu fou, c’est bien celui-là : lancer une cagnotte participative pour réunir les fonds nécessaires (2,3 millions d’euros !!) à l’achat de 500 hectares de nature dans le massif du Vercors, afin d’en faire la plus grande des Réserves de Vie Sauvage® (RVS) gérée par l’ASPAS.

Après moult rebondissements, le projet « Vercors Vie Sauvage » auquel vous êtes des dizaines de milliers à avoir participé (encore MERCI !) s’est concrétisé in extremis, le 27 novembre dernier !

Comme dans toutes nos RVS, l’idée est de laisser la nature s’y épanouir et se cicatriser librement, à son rythme. La particularité de ce terrain, cependant, est que 250 hectares sont intégralement clôturés, et que des animaux sauvages s’y trouvent encore prisonniers. Ce sont les chasseurs qui les avaient importés ici pour les abattre depuis des miradors. En 2020, notre priorité est donc de trouver les solutions légales pour déplacer / relâcher ces animaux, pour ensuite faire tomber la clôture et laisser la nature faire son œuvre. Pour tout savoir sur la suite de ce projet, consultez notre FAQ.

*On estime qu’en France il y a près de 1300 parcs et enclos de chasse, où des animaux sont maintenus captifs derrière des grillages. L’ASPAS a lancé une campagne en septembre 2019 pour demander l’interdiction de la chasse sur des animaux en captivité, avec une enquête à découvrir ici et une pétition à signer ici.    

Merci !

Toutes ces bonnes nouvelles pour la nature sont aussi les vôtres, car sans vous, l’ASPAS ne serait pas ! Nous avons fait le choix de ne percevoir aucune subvention publique, afin de garantir notre indépendance et notre liberté d’action, pour plus d’efficacité. Le fonctionnement de notre association n’est donc possible que grâce à vos dons et adhésions.

Pour savoir comment nous soutenir dans nos combats, cliquez ici.

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