Safari-chasse dans le Ventoux : il y en a des centaines d’autres en France !

Une pétition qui a recueilli plus de 60 000 signatures en quelques jours, des articles de presse publiés sur les sites de BFM, RTL, La Depêche du Midi, Capital… Vous êtes très nombreux à vous indigner contre un « séjour chasse aux chamois » pour gens fortunés sur les versants du Mont Ventoux (Vaucluse), proposé par le tour-opérator Rollet Safaris et expéditions. Prix 3000 euros !

En réalité, des « safaris » de ce type, il y en a tous les jours, partout en France, à l’abri des regards. C’est l’une des révélations de notre enquête « Carnage derrière le grillage » dévoilée en septembre 2019 : on estime à environ 1300 le nombre de parcs et enclos de chasse privés, disséminés un peu partout dans le pays, où des chasseurs payent souvent le prix fort pour venir assouvir leur passion de tuer. La différence avec le safari du Ventoux est que ces animaux sont prisonniers derrière des grillages.

Chaque lieu a sa spécificité (parc d’entraînement de chiens, chasse au grand gibier, chasse à courre…), et selon la configuration (enclos hermétique ou non), la chasse peut s’y pratiquer toute l’année sur des animaux européens, mais aussi exotiques (cerfs Sika…). Et certains s’échappent : dans une enquête de 2012, l’ONCFS estime à 10% le nombre d’évadés en raison de clôtures mal entretenus et du manque de contrôles des services de l’Etat*…

Tous ces parcs d’attraction cynégétiques sont méconnus du grand public car les chasseurs (les bons, les mauvais, on ne sait pas trop !) n’en sont pas très fiers. Et le business est juteux… Au Domaine du Boulay, par exemple (dans le Cher), il faut débourser jusqu’à 1100 euros pour tuer le chevreuil, et 2200 euros pour le daim ! Et à Courtivon, en Côte d’Or, une chasse individuelle à l’approche peut coûter jusqu’à 3500 euros pour un mouflon avec des cornes de 85-89 cm. Ce ne sont que 3 exemples parmi des centaines… En France !

* Comme par hasard, depuis que l’ASPAS est devenue propriétaire d’un ancien enclos de chasse de 250 hectares pour y sauver les animaux détenus en captivité (une des moitiés de « Vercors Vie Sauvage »), les autorités nous ont à l’œil et nous font bien comprendre les risques que nous encourons si la clôture de l’enclos est endommagée et que des animaux s’en échappent… Les chasseurs, quant à eux, nous aussi proposé leur « expertise » de surveillance de la clôture – on se demande bien pourquoi !     

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