Artistes animaliers, Les scientifiques

Du CHATENET Gaëtan

Gaëtan du CHATENET, membre correspondant du Muséum national d'Histoire naturelle et expert auprès du Ministère des Relations extérieures, s'est toujours intéressé à la systématique des coléoptères et à leur écologie, et a travaillé au Laboratoire d'Entomologie du Muséum. De nombreuses missions l'ont ensuite amené à parcourir l'Europe mais aussi l'Amérique du Sud, le Proche-Orient, les Seychelles, l'Afrique noire ou encore les Galapagos.

Entomologiste reconnu et peintre, Gaëtan du CHATENET est l'auteur et co-auteur de nombreux ouvrages de sciences naturelles, et de revues entre autres :

- " Coléoptères phytophages d'Europe ",
- " Guide des coléoptères d'Europe ",
- " Livre des insectes ",
- " Oiseaux de Colombie ",
- " Les Geais du monde ",
- " Galapagos ",
- " Livre des amphibiens et des reptiles ",
- " Guide des arbres et arbustes exotiques de nos parcs et jardins ".

De même, il a réalisé plusieurs velins pour la prestigieuse collection de velins du Muséum national d'Histoire naturelle. Il collabore également à la revue Salamandre.

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Illustrateur ? « Ah non! D’abord auteur : J’écris des livres, puis j’illustre mon propos»! En fait je suis un naturaliste.

Et quel naturaliste-auteur-illustrateur ! Certainement un des plus doués de ces cinquante dernières années. Systématicien, à la façon des scientifiques des Lumières qui partaient à l’aventure au bout du monde, pour observer, capturer, décrire les espèces qui peupleraient les muséums.

Et aujourd’hui les livres et les guides d’identification.

Gaëtan du Chatenet ouvre les portes des mondes secrets des insectes, des oiseaux, des mammifères. Mais sa spécialité, ce sont les coléoptères – « Il y a plus d’espèces de coléoptères décrites que d’espèces de fleurs existantes », dit-il.

Un travail de titan, commencé dès l’enfance.

Rencontre-voyage avec un artiste, passeur de regards...

 

Entretien avec...

Quelles sont les principales étapes de votre parcours de vie ? Nous étions cinq enfants, dont trois garçons. Ma mère nous expédiait en vacances à la campagne, dans le Limousin. Mes sœurs restaient à Paris, et mes trois frères et moi partions, en train, à pied… On chassait, avec des petites carabines, on pêchait ; j’ai commencé à récolter des papillons mais dans le Limousin il n’y en avait pas trop, j’ai vite fait le tour. Alors je me suis intéressé aux coléoptères. En autodidacte, au hasard. J’avais sept ans. Je dessinais déjà, depuis toujours en fait, dès 3, 4 ans. Je suis devenu biologiste par expérience. 

Je n’ai pas fait de grandes études, latin-grec, puis les Langues O’ – ce qui m’a permis quand même de traduire des publications russes.

Un peu plus tard, vers 12 ans, un ami de ma mère, voyant ce que je faisais – mes collections, mes dessins aussi – m’a branché sur un de ses neveux à l’Institut Pasteur qui lui même m’a branché sur Guy Colas du laboratoire d’entomologie du Museum et qui avait créé une association « les coléoptéristes de la Seine » (qui existe toujours). Conférences rue Buffon… discussions… échanges… présentation des collections de chacun…, rencontres essentielles - avec Alfred Balachowsky qui venait de l’Institut Pasteur., président du laboratoire, qui m’a proposé de travailler avec lui, Adolf Hoffman, un amateur de génie.

Je me suis retrouvé en charge d’une des grandes familles de coléoptères – les Cucurlionidés – (grosse importance économique) : réponses au courrier, détermination, compilation des collections, étude d’espèces prédatrices d’aliments (le cacao).

Je dessinais, j’apprenais les techniques diverses : eau forte, aquatinte, aquarelle, travail au burin, gravure sur cuivre…

J’ai découvert quelques espèces, une Cicindèle notamment, dans le midi.

Et puis j’ai voulu aller sur le terrain. J’ai eu une opportunité de partir en Côte d’Ivoire un peu avant 30 ans, à Tiassalé, à 150km au nord d’Abidjan, où j’ai finalement vécu 15 ans, près d’une forêt où je me suis régalé en espèces ; puis je suis devenu agent de plantation ; puis j’ai repris une plantation d’ananas avec un beau-frère : 20 000ha !, il fallait tout faire, campement, barrage, gestion de 300 personnes... Je dessinais beaucoup.

Autre opportunité : l’Amérique du Sud, la Colombie, pour les oiseaux – les touracos, les calaos, les guépiers….fabuleuses espèces -, dont j’ai tiré un livre.

 

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Je suis rentré à Paris. Je vendais quelques dessins, il faut bien vivre.

J’avis en tête de faire un jour des livres, la transmission de la connaissance est pour moi est fondamentale. J’en ai préparé un livre, un hiver de travail, et suis entré en contact avec les Editions Delachaux & Niestlé où j’ai rencontré David Perret son président. Début d’une longue collaboration. Insectes ? Non déjà fait ; ce sont les coléoptères qu’ils ont voulu ; premier guide, succès…on a continué. Puis Delachaux s’est arrêté. Je suis passé chez NAP, ai travaillé aussi avec La Martinière (livres sur les libellules et les oiseaux), les dictionnaires Hachette…, des revues, d’autres Editions.

Quels sont vos maîtres à penser, vos références culturelles ? René Jeannel, directeur du laboratoire d’entomologie, auteur de « la Genèses des faunes terrestres » qui reprend 35 années de recherches systématiques sur certains insectes ; Guy Colas, en charge des coléoptères au laboratoire, très copain, qui m’a beaucoup apporté.

J’ai lu Fabre, bien sûr, mais je suis surtout systématicien.

Et mon ami Jean Dorst.

Et Dürer, son influence sur mon travail de dessin.

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Pourquoi l’animal sauvage ? Qu’importe, tout est intéressant dès lors qu’on observe bien les choses.

Et une fois qu’on a observé, il faut le faire savoir. Donc dessiner. Le baron Cuvier avait dit : les sciences naturelles ne seraient pas ce qu’elles sont si il n’y avait pas eu les dessinateurs.

Tout m’intéresse ; il faut avoir une grande curiosité ; puis vient la connaissance et du coup, quand on observera quelque chose, on en verra davantage car on a acquis des connaissances.

Ma femme dessinait très bien, peignait très bien et après ça elle donnait des cours !

Yves Paccalet photographie mais il connaît les fleurs, j’ai longtemps collaboré avec lui pour ses rubriques dans Terre Sauvage.

Si vous en étiez un animal sauvage ? Non, car dans mon esprit, je n’existe pas ; le monde qui m’entoure m’intéresse, moi, je ne suis pas intéressant.

Les belles rencontres avec la nature ? Souvent ! Le guépier de Nubie dans les grandes herbes, le guépier de Bullock au bord de la Comoé, ce sont des rencontres fabuleuses. En Crête, une cicindèle que je n’avais jamais vue.

Les grandes libellules en Amazonie, se posant sur des chablis de grands arbres effondrés.

Tant d’autres rencontres.

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Un lieu où vous aimez retourner régulièrement ? Ce que j’aime, c’est découvrir, des lieux, des espèces. Et je sais que je n’aurai pas le temps de terminer.

Un lieu mythique où vous rêvez d’aller ? J’ai fait le livre sur les geais du monde, or ils sont les cousins des paradisiers ! J’en ai rêvé. Mais maintenant c’est difficile de les voir.

L’œuvre qui vous semble symboliser le mieux votre parcours ? Une œuvre de moi, non, je vous ai dit que je ne me regarde pas.

Pour le dessin, Dürer, que j’ai beaucoup étudié, que j’ai copié, des dessins « à la façon de », il m’a donné le goût de la précision, les animaux, les plantes, le détail du dessin.

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Pour la composition, Hokusai, celui de la vague, du Fujiyama., un peu comme Lascaux - on sent l’animal qui bouge. Il disait « un trait un point, la vie ».

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C’est quoi la technique d’un artiste comme vous ? Matériel, outils ? L’aquarelle ! Il n’y a pas d’épaisseur.

La qualité des pinceaux, marque russe que je trouve chez Senellier en provenance d’Angleterre, la fameuse boutique Winsor & Newton d’où venaient les pinceaux de la reine Victoria.

Blocs en bristol, crayons, appareil photo, matériel pour ramasser les insectes. Et puis l’ordinateur, la table de dessin, la loupe binoculaire, et la préparation, l’observation, tourner l’animal dans tous les sens.

J’approche doucement. J’attrape d’abord, je regarde, je vais ensuite chercher l’information.

Conseil au débutant dans votre activité, que lui diriez-vous ? Tachez d’être précis et de travailler d’après nature. Et surtout, laissez tomber les photos.

Un animal disparu revient, lequel ? Le cerf Megaloceros giganteus, avec ses bois horizontaux gigantesques ; Je me demande si on arriverait à le reconstituer si on en retrouvait un dans une tourbière.

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Des initiatives à prendre en matière de préservation ? Pour bien préserver, il faut bien connaître. Ca évite bien des erreurs. Mais je n’ai pas le temps de militer, je travaille trop.

Votre vie a été bien remplie ? Ah oui ! Mais j’ai encore des tas de choses à voir, à faire ; Y a de quoi marner !

Vous disparaissez ce soir, qu’aimeriez-vous dire, laisser comme dernier message ? Mon message c’est mes bouquins ! Allez les lire.

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