Personnalités à découvrir, Les scientifiques

« Une urgence climatique, conversation avec le biologiste Gilles Bœuf », Le Grand Continent, décembre 2019

Scientifi􏰀que de renommée internationale, ancien président du Muséum national d’histoire naturelle et ancien conseiller scienti􏰀fique auprès de Ségolène Royal pendant la COP21, le biologiste Gilles Boeuf nous interpelle sur la nécessité d’agir ensemble dans la lutte contre le réchau􏰁ffement climatique. Il nous parle, entre autres, de la valeur de la nature et encourage les citoyens à repenser leur relation au vivant pour mieux appréhender l’e􏰁ondrement de la biodiversité qui nous guette.

Lire son entretien avec le Grand Continent, la revue d'Etudes du Groupe Géopolitique de l'Ecole Normale Supérieure de Paris : 2019 -12 Le Grand Continent - nous-avons-rencontre-gilles-boeuf

 

Déjà présenté mais à nouveau rencontré à l'occasion de conférences, le biologiste Gilles Boeuf - , ancien président du Museum National d'Histoire Naturelle et président actuel du Conseil scientifique de l'AFB, professeur à la Sorbonne -  nous intéresse non seulement par son parcours mais aussi et surtout par son combat permanent en faveur de la biodiversité. Nous publions cet entretien et joignons quelques unes de ces interventions.

Depuis cette année, il assure également une chronique régulière dans Terre Sauvage.

Et il a été le parrain du festival de la Camargue 2019; voir ICI

Intervention 2015

"The Mediterranean région, biodiversity in space and time" (Oxford Press, 2010)

"L'Homme peul s'adapter à lui-même ?" (Quae, 2012)

"Leçon inaugurale, Collège de France", 2013 : La biodiversité, de l'océan et la forêt, à la cité

"Interview Libération/2017" : Interview Gilles Bœuf Libé 2017

"Comprendre la biodiversité" & "Dans les paradoxes du vivant" (PCA Editions, Paris, 2017)

"Révolutions animales" (Liens qui libèrent, décembre 2017), 2 chapitres  : "Une histoire commune", "Quand les animaux inspirent la science"

"L'Homme peut-il accepter ses limites ?" (Quae, 2017)

"Ce que la notion d’« anthropocène » dit de nous", 2018 : Anthropocène

"Quel futur pour la biodiversité?"(Cahiers de l'Atelier, 2018) : L'Atelier

"Biodiversité : la sauvegarder, s'en inspirer", décembre 2018 : Biodiversité

 

"Préface de l’ouvrage de Thierry Marx, « La stratégie de la libellule »", 2018 : Ode à la libellule…

 

 

 

Votre Parcours en quelques dates ? J’ai 68 ans et ai été élevé, petit garçon, à la pointe du Finistère, sur la Baie de Douarnenez.

J’ai passé 20 ans en Bretagne, entre Douarnenez et Brest, puis suis parti faire ma thèse de troisième cycle à l’Institut de Biologie marine d’Arcachon durant 3 ans et l’ai défendue à l’Université de Bordeaux. J’ai ensuite été recruté par le CNEXO à Brest, devenu l’IFREMER en 1985, et ai passé 20 années à Brest où j’ai défendu ma Thèse d’Etat en 1987. Je suis devenu professeur à l’Université Pierre & Marie Curie, à Paris en 1999 mais affecté à sa station marine de Banyuls-sur-mer où j’ai passé 10 ans comme directeur de l’établissement et directeur d’Unité. J’ai pris la présidence du Muséum national d’Histoire naturelle à Paris en 2009 et suis parti au Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la mer au Cabinet de Ségolène Royal, comme conseiller scientifique en 2015. J’ai été élu professeur invité au Collège de France en 2013 sur la chaire « Développement durable, environnement, énergie et société ».  Aujourd’hui je suis professeur à Sorbonne Université et président du Conseil scientifique de l’Agence Française pour la Biodiversité.

la Sorbonne depuis l'observatoire

Avez-vous des maîtres à penser, des références de pensée ?Mes « maitres à penser » ont été ou sont Robert Barbault en écologie, Jacques Weber en économie et Edgar Morin en philosophie. J’ai été collègue de travail de Robert et de Jacques (Muséum, IFREMER, Institut français de la biodiversité), et croise régulièrement Edgar depuis la COP21, en décembre 2015. Nous venons de signer un joli débat à l’Université de Montpellier le 7 mars 2019 : https://www.youtube.com/watch?v=H99WE82NhNQ. Les séances de l'après-midi 1h06 du début pour Edgar Morin : https://www.youtube.com/watch?v=Xkrl1DVsJ0o

  

 

 

 

 

Des oeuvres marquantes aussi : « La nuit des temps » de R Barjavel ; « 2001 l’Odyssée de l’espace » de A C Clarke et S Kubrik ; « Le printemps silencieux » de R Carson ; en poèmes, je prise particulièrement V Hugo et J de la Fontaine, A de Vigny aussi…

Pourquoi la faune/l’animal sauvage, la vie sauvage Je suis fasciné par les stratégies du vivant, ses capacités adaptatives, de résilience, et ceci des bactéries aux animaux, tous groupes confondus, micro-algues marines, champignons et végétaux. Le système n’est pas parfait mais il a résolu de constantes questions d’adaptations aux changements, et pas que climatiques… L’humain y est profondément intégré et dépendant, nous ne mangeons que du biologique et ne coopérons qu’avec du biologique…

Si vous étiez un animal sauvage,lequel ? Probablement un rapace, la clé de la liberté et du mouvement, merveilleusement adapté aux milieux aériens et terrestres, prédateur éclairé et chasseur performant, uniquement pour se nourrir…

Pygargue vocifère (jbdumond2019)

Une ou deux belles rencontres de vie/faune sauvage ?J’en ai beaucoup, vécues dans nos forêts françaises, dans les forêts tropicales, tempérées en Amérique du sud ou sur les îles coralliennes dans le Pacifique… De la baleine à bosse, en passant par les thons, le corail et poissons du récif, au lion ou à l’éléphant africain, du buffle au rhinocéros blanc, du puma au tigre, du maître de la brousse en Guyane au cobra indien, et aussi du Sophora de l’ile de Pâques aux fabuleux lencas (Notophagus) et araucarias de la Patagonie chilienne et aux géants de la selva amazonienne… sans oublier les belougas et oiseaux de l’Arctique…

Un lieu de nature préféré ? Les forêts du sud chilien, la Patagonie, les Pyrénées, la pointe bretonne, les récifs du Pacifique en Calédonie… Ils ont bercé ma vie de naturaliste après mon enfance sur la côte et les forêts bretonnes et les Pyrénées…

Le lieu mythique où vous rêvez d’aller ?Retrouver les humains premiers quand ils sortent de l’Afrique il y a 100 000 ans…

Une œuvre qui vous semble symboliser le mieux votre parcours ? Mes leçons au Collège de France sur les interactions entre la biodiversité et l’humanité…

Quel matériel sur le terrain ?2 paires de jumelles, matériel photo, 3 boitiers et 10 objectifs, du 17 mm au 900 mm,

Et vos techniques de rencontre avec l’animal sauvage? Promenade, visites en véhicules

Un conseil au débutant dans votre activité, que lui diriez-vous ? Le respect, ne jamais déranger, la patience et surtout la responsabilité écologique ! Beaucoup de lecture et de conférences (> 100 par an, en trois langues)

Un animal disparu revient, lequel ? Même un animal fantastique.Le retour d’un grand dinosaure, d’un grand Megalodon (requin), de la libellule Meganeura (75 cm !)…

Un animal fantastique ? Le minotaure…

Une initiative prise ou à prendre en faveur de la faune sauvage, laquelle ? Eradiquer la chasse de la grande faune africaine ou asiatique…

Une urgence pour la faune sauvage, pour la vie sauvage ?Éliminer le braconnage

Une association qui vous tient à cœur ?L’Association des amis de la forêt de la Massane, qui gère la plus riche réserve naturelle de France, les associations anti-braconnage en Afrique ou en Inde… 

Forêt de la Massane

Pour conclure, vous disparaissez ce soir, qu’aimeriez-vous laisser comme message aux autres ?Se battre en permanence, sans relâche, contre cette économie actuelle suicidaire qui consiste à faire du profit en détruisant ou surexploitant la nature… Mettre les femmes à leur niveau dans la société, éduquer et faire rêver les enfants…

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