Personnalités à découvrir

BRETON Cécile

Le rire facile, la joie de la scientifique heureuse de découvrir la diversité du vivant et de concourir à la diffusion de la connaissance, Cécile Breton - fondatrice de la revue Espèces - est membre des JNE. Elle n’est pas militante d’une association particulière, son cheval de bataille : croire que les gens peuvent comprendre la science et la vulgarisation, et encourager la démocratisation du savoir.

CB

Ses références ? : des gens comme Stephen Jay Gould, « qui m’ont donné l’impression que j’étais intelligente ! Qui arrivent à intéresser à des sujets auxquels on ne se serait pas intéressé naturellement. Qui ne vous prennent pas pour un imbécile. Qui demandent juste un petit effort de compréhension. »

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Nous l’avons croisée sur son stand à Montier en Der.

Pourquoi cette revue, Espèces ? Un vieux rêve. J’ai créé une revue sur la Corse en 2005 – « Stantari », qui a paru durant 10 ans («Pour Stantari, j’avais envie de faire une revue qui parle de sciences naturelles mais aussi d’histoire, d’archéologie, quelque chose qui rassemble nature et culture pour montrer que l’homme fait partie de l’environnement», interview dans 20 Minutes, 2014).

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J’avais déjà bâti un petit réseau de scientifiques et j’avais l’idée d’un rapprochement plus direct entre les scientifiques et le grand public, avec le sentiment d’un besoin côté grand public d’une information plus précise, la plus claire possible pour pouvoir ensuite se forger une opinion au milieu du brouhaha médiatique. Sans faire pour autant un journal d’opinion ou militant.

Vous avez une formation scientifique ? J’ai une formation d’archéologue (DEA), c’est d’ailleurs, comme cela, à travers les scientifiques rencontrés, les muséums que j’ai commencé à tirer la ficelle, bâtir un réseau. Il y avait un des aspects de l’archéologie que j’aimais beaucoup, l’archéobiologie ; je n’étais pas fascinée par la recherche « pour ne pas rester dans un coin » mais attirée par cette discipline qui touchait à la vie des hommes, à la domestication, au monde animal que j’aime beaucoup.

Il y a des espèces qui vous attirent davantage ? Difficile à dire parce que j’en découvre plein avec la revue. Mais j’adore l’ornithorynque, animal symbolique de la diversité du vivant, un peu inattendu.

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Si vous étiez un animal alors ? Je serais bien un ornithorynque justement, mais je ne sais pas si j’en suis capable ! (éclat de rire)

Pourquoi ? Ils sont mieux adaptés que nous ? L’adaptation ? Je ne suis pas sûr que l’adaptation soit ma meilleure caractéristique ! (éclat de rire)

Vous avez une idée de votre lectorat ? Je ne sais pas très bien. Il faudrait faire un sondage. Une branche de scientifiques, des muséums, des biologistes, et puis toute une masse de gens intéressés par les sciences naturelles, qu’on trouve dans n’importe quel milieu, un public difficile à viser, des gens curieux quel que soit leur métier.

Vous avez combien de lecteurs ? 1 200 abonnés + 2 500 ventes en kiosque ; on restera toujours une niche mais disons qu’avec le double, on serait bien.

La tendance actuelle, c’est le dérèglement climatique. Comment vous sentez-vous impliquée dans cette problématique ? On essaie de diriger les gens dans le brouhaha ; on a une image extérieure de la recherche, jamais d’accord, changement permanent d’avis… On essaie de mettre en valeur le consensus scientifique, de ramener aux données objectives.

Quels sont les grands enjeux climat / espèces ? Il ne faut pas oublier que nous sommes une espèce. C’est bien de protéger la biodiversité mais sans oublier que la vie n’a pas forcément besoin de nous. Le changement de climat est un phénomène provoqué par l’humain mais la vie est là.

Il y a aussi un côté positif dans ce phénomène actuel, nous permettre de prendre conscience que tout est lié. Que nous sommes, nous-même, un écosystème ; En fait, on n’a pas encore digéré la blessure d'ego infligée par Darwin, on n’a pas encore intégré que l’homme est un animal ; Tradition judéo chrétienne oblige, l’homme se pense encore comme centre de la terre et pas assez partie d’un tout... Or, nous sommes un écosystème, dépendant du monde qui nous entoure et d’un monde intérieur avec toutes les bactéries qu’on trimballe. Il faut de l’humilité pour accepter cela. Il faut également garder une vision humaniste, savoir que nous sommes capables du pire  mais aussi du meilleur, contrairement à une certaine écologie militante qui considère que nous sommes des parasites.

L’homme agit tout de même, il peut protéger des espèces, il est même capable d’en réintroduire, même d’en faire revenir (clones), de maîtriser l’évolution ? Pas sûr qu’on la maîtrise vraiment. Car ce qu’il faut, c’est être capable de conserver les espèces et surtout de conserver le mécanisme qui fait que les espèces se diversifient ; comme l’exprime le biologiste Pierre-Henri Gouyon, les espèces disparaissent plus rapidement que normalement mais, par notamment la segmentation des espaces, l’homme ralentit surtout le mécanisme d’évolution permanente qui a toujours existé, d’apparition et de disparition des espèces.

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Pour conclure, vous disparaissez ce soir, quel est votre dernier message ? Je ne me sens pas vraiment capable de laisser un message; mais je dirais : je me suis bien marré, et si vous pouvez faire comme moi, c’est déjà pas mal ! (éclat de rire)

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