Personnalités à découvrir

CIVARD-RACINAIS Alexandrine, une vie de découvertes, de nature et une écriture au service du vivant

Journaliste, auteure, vulgarisatrice de contenus scientifiques, directrice d'ouvrages (Fayard), Alexandrine Civard-Racinais se définit comme un « passeur de savoirs et d'histoires ».

« Le monde marin, ses explorateurs, et les créatures qui le peuplent sont au coeur de mes dernières productions. Les genres sont variés — ouvrages documentaires, récits de vie ou de voyage… — mais l’intention reste la même.

Qu’il s’agisse de montrer le vrai visage du grand requin blanc, de raconter la vie du commandant Cousteau aux enfants, l’âpre beauté des Terres Australes ou de l’île Tromelin, j’ai à coeur de sensibiliser petits et grands à la fragilité du monde animal. 

En ces temps de réchauffement climatique et d’érosion de la biodiversité, il est urgent de protéger les espèces en danger et d’apprendre à cohabiter avec le Vivant, car nos destins sont inexorablement liés. »

Sociétaire de la Société des Gens de Lettres (SGDL) et de la SCAM, Alexandrine Civard-Racinais est également membre de l’association des Journalistes et écrivains pour la Nature et l'Écologie (JNE) et de La Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse.

Derniers titres parus :

"L’incroyable intelligence des animaux" (Belin Jeunesse, 2021)

"Le grand requin blanc"(Glénat, 2019)

"Île Tromelin, des tortues, des oiseaux et des esclaves oubliés" (Riveneuve, 2019)

Sites

https://alexandrine-civard-racinais.fr/

http://sgdl-auteurs.org/alexandrine-civard-racinais/

Quel cheminement personnel jusqu'à l'animal sauvage ? Un cheminement littéraire tout d’abord, semé de rencontres avec des ouvrages documentaires ou des récits de voyages qui me faisaient rêver lorsque j’étais enfant. Puis, au gré de randonnées à l’étranger effectuées lorsque j’étais jeune adulte, des découvertes « grandeur nature ». L’envie d’aller au-devant de la faune sauvage et de pouvoir l’observer en milieu naturel ne m’a plus jamais quitté. Je l’assouvis dès que je le peux, et en tout lieux, y compris à proximité de mon domicile

Une oeuvre marquante ?  Je vais botter en touche en vous parlant plutôt des auteurs qui m’ont marqué… Les écrivains-voyageurs, comme le grand Joseph Kessel ou Francisco Coloane auquel j’ai beaucoup pensé en foulant les Terres australes — occupent une place de choix dans mon panthéon personnel. Plus proche de nous, Sylvain Tesson me captive par sa capacité à rendre compte de faits ténus, presque imperceptibles. Dans les forêts de Sibérie est à la fois un vibrant hommage à la vie sylvestre et un éloge de la simplicité.

Si j'étais un animal sauvage ? Je serais une sterne blanche (Gygis alba) cet oiseau marin gracile et élégant familièrement appelé Golan blan aux Seychelles, mon pays de coeur.

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J’ai le privilège d’avoir été l’une des premières à l’observer sur l’île Tromelin (Eparses) où j’ai passé une semaine en septembre 2015, grâce à une autorisation spéciale délivrée par le Préfet administrateur des TAAF, collectivité qui gère notamment les îles Éparses. La sterne blanche est l’une des deux nouvelles espèces nicheuses recensées sur ce caillou perdu au milieu de l’Océan Indien.

Une belle émotion ou rencontre avec la faune ? Ma rencontre avec les tortues vertes qui viennent pondre sur les plages de l’île Tromelin a été un grand moment. 8.TROMELIN 2015 © Alexandrine Civard-RacinaisIMGP4220

J’ai passé de nombreuses heures à les observer, sans jamais réussir à assister à une émergence de bébés. Les plages étaient jonchées de petites carapaces desséchées, mais de bébés vivants point…

10.TROMELIN 2015 © Alexandrine Civard-RacinaisIMGP3680 - copie

Jusqu’au dernier jour, où je suis tombée sur une petite tortue qui venait de sortir de son nid et n’avait pas encore été repérée par ses prédateurs. Je l’ai aidée à rejoindre l’océan et la vue de cette fragile créature luttant pour gagner le large est restée gravé sur ma rétine. Chez cette espèce, comme chez la plupart des tortues marines, seul un bébé sur 1 000 arrive à l’âge adulte…

Un animal disparu qui reviendrait ? Le dodo, oiseau endémique de l’île Maurice qui s’est éteint moins d’un siècle après sa découverte, victime des premiers colonisateurs européens et de leurs chiens… J’ai eu l’occasion de visiter la réserve naturelle de l’île aux Aigrettes (île Maurice) avec mes deux filles. La forêt qui recouvre l’île est désormais protégée, mais le dodo, qui vivait dans ce type de milieu, ne s’y ébattra plus jamais.

Un animal fantastique qui existerait ? La licorne… pour sa beauté et sa bravoure.

L’ouvrage auquel vous tenez particulièrement ? "De Vingt mille lieux sous les mers à Sea Orbiter" (Democratic Books, 2010), un beau livre, hélas épuisé, co-écrit avec Jacques Rougerie. Cet architecte mérien est persuadé qu’un jour l’homme renouera avec sa vraie nature, animale et marine. Avec lui, « j'ai regardé la mer et j'ai rêvé des possibles ». J’espère que ses rêves, qui sont aussi pour partie les miens, se réaliseront…

Spot préféré ? Les Terres Australes Françaisesavec une mention spéciale pour l’archipel des Kerguelen. Ces terres lointaines constituent un terreau fertile pour l’imagination et un formidable terrain de jeu pour les photographes. En outre, l’action des agents de la Réserve Naturelle des TAF, plus grande réserve de France, commence à porter ses fruits et cela confirme qu’une présence humaine limitée est compatible avec la préservation de la faune sauvage.

Un lieu mythique ?  Un seul ? ça va être dur… L’île de Pâques dont le seul nom me fait rêver ou Aldabra, dans l’archipel des Seychelles. J’avoue un faible pour les îles…

Prochain projet ? Un ouvrage jeunesse consacré à une femme intrépide et culottée qui n’a pas hésité à s’embarquer pour un long et dangereux voyage au XVIIIeme siècle. Mais il est encore trop tôt pour en parler.

Une association à mettre en avant ? l’ASPAS  qui mène un combat remarquable pour réhabiliter les animaux comme le renard ou le blaireau, considérés à tort comme des « nuisibles » et oeuvre à la création de Réserves de Vie Sauvage®.

Des urgences ?  Il est impératif de réduire nos déchets, en particulier nos déchets en plastique qui constituent un danger mortel pour les animaux marins. Lors d’un reportage au Centre de soins de l’Observatoire Kélonia, à La Réunion, j’ai eu accès au contenu stomacal d’une tortue imbriquée, autopsiée après sa mort. Il contenait une fourchette en plastique, un briquet, des bouchons de bouteille et une multitude de fragments colorés… Aujourd’hui, 95% des tortues recueillies par Kélonia ont du plastique dans l’estomac. C’est inadmissible et nous pouvons tous, à notre niveau, agir.

Justement, en termes de déchets, qu'avez-vous constaté sur Crozet, Kerguelen ou à Tromelin ? Des signes de pollution dans ces endroits reculés ? Même sur Tromelin, confettis de 1km2 situé en-dehors des routes maritimes et très isolé géographiquement, je suis tombée sur des tongs et des morceaux de plastique ramenés par les courants…

En revanche, les déchets générés par la faible occupation humaine sur place (3 hommes se relaient sur l’île) sont maintenant systématiquement stockés puis ramenés à la Réunion alors qu’il y a encore une décennie, ils étaient enfouis, brûlés ou jetés dans l’Océan. Il en est de même sur l’île Tromelin. La situation s’améliore donc, mais il faudra poursuivre cet effort dans le temps… Et avoir le souci constant de produire moins de déchets.

Pour conclure ? Je laisse la parole à Sylvain Tesson : « Lorsqu'on quitte un lieu de bivouac, prendre soin de laisser deux choses. Premièrement : rien. Deuxièmement : ses remerciements. L'essentiel ? Ne pas peser trop à la surface du globe. »… et ne jamais cesser de s’émerveiller devant le spectacle sans cesse renouvelé que nous offre la Nature.

 

 

Photos de 1 à 7 : L'île Tromelin dans l'objectif d'Alexandrine Civard-Racinais

Photos de 8 à 44 : Les Terres australes dans l'objectif du photographe Thierry Racinais

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