Artistes animaliers

DONIN

Donin, c'est un poète, un musicien, un comédien, un créateur de spectacles, un chanteur pour enfants, un enchanteur, débarqué dans l'île de Ré il y a 32 ans, une femme institutrice, trois enfants dont deux fils musiciens à leur tour, et une fille puéricultrice,

Donin, c'est, tous les matins, celui qui émerveille les petits et les grands, qui met du soleil dans les coeurs, qui fait tourner son manège, qui chante la nature, les animaux, les nuages, la beauté du monde,

Donin, c'est un message d'humanité posé au bout du marché d'Ars en Ré, un moment de sagesse et de folie, de joie et de rires, d'espoir et d'amour,

Son site en dit long : à découvrir d'urgence!

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Rencontre avec le poète de Ré

Avec Donin c'est toujours aujourd'hui!

Pouvez-vous nous donner quelques étapes clés de votre parcours de vie ? Je viens de Reims, j’ai commencé comme animateur socio-culturel ; A cette époque, dans les années 70-80, il y avait La Hulotte, on adorait, les premières informations nature, sous forme ludique et humoristique, je trouvais ça extraordinaire. Lycéen, j’ai assisté à une conférence de René Dumont, donc j’ai été sensibilisé par des gens très forts. Avec mes parents - mon père était cheminot, il conduisait des locomotives à vapeur, il était proche de la nature, pêcheur, cueilleur -, on partait souvent - il ne payait pas le train : on allait tous les dimanche aux champignons, on allait voir les sangliers dans les forêts des Ardennes, de Champagne.

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A un moment on est venu en vacances dans l’île de Ré. Le choc, ça a été les oiseaux, tous ces oiseaux, la Huppe fasciée, les échassiers, les limicoles... Ces oiseaux qui viennent, qui s’en vont en voyage, qu’on ne voit plus, qu’on revoie.  

images(photo JM Peers/oiseaux.net) 

Comme j’étais animateur de centre de vacances, je faisais des sorties à vélo, on allait dans les marais de Saint- Clément. Je sortais avec mon ami conservateur de la réserve de l’époque, Hervé Robreau, pour baguer les oiseaux, les échasses blanches, les avocettes ; et j’essayais de faire passer tout ça aux gens que j’emmenais.

J’avais commencé la musique avant de venir. Ma mère chantait tout le temps, et moi je sifflais! Ici, à Ré, je suis devenu artiste-chanteur pour les enfants. La première réaction devant la nature c’est l’émotion, et je voulais la faire passer dans les chansons. Ici, il se passe quelque chose et très vite ça passe dans les chansons. En 1983 j’ai acheté un vieux manège des années 50 avec l’idée d’inventer un concept de manège-théâtre, un lieu de scène où on pourrait chanter en live - un tour de manège c’est le temps d’une chanson, 3 minutes -, avec un répertoire adapté pour les enfants de tous âges , grands et petits, car je ne me limite pas en thématiques, la nature, l’humain, les choses de la vie, je chante tout.

Quels sont vos maîtres à penser, vos références culturelles ? Ma première émotion musicale ça a été de voir à la télé Alan Stivell, le chanteur celtique. J’ai eu envie d’ouvrir la musique traditionnelle à d’autres horizons, avec des métissages d’ailleurs. Nougaro aussi, tous ces gens qui écrivent avec le son et le sens.

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Comme eux je recherche le mot juste et aussi la poésie car tout le monde peut être sensible à la poésie. Et en tant qu’interprète, j’ai toujours cherché à dire les mots de façon distincte pour que les idées passent bien.

Cette présence de la nature, des animaux, des oiseaux en particulier sur cette île, ça ne vous donne pas envie d’en être un ? Et si oui, lequel ? Forcément un oiseau. Il y en a un que j’adore : la Sterne, un oiseau vif, léger, rapide, joli, effilé. J’aime beaucoup l’Avocette aussi mais la Sterne est plus vivante, plus rapide, plus voyageuse, elle plonge, c’est impressionnant. Oui, peut-être serais-je une Sterne si j’étais un oiseau !                                                                                                                                       

IMG_3159(photo JBDumond)  

Et un animal imaginaire ? Le Yéti ! On a écrit une chanson sur ce thème ; Quand on est poète, on peut inventer des animaux ! On a même écrit une chanson sur le cri des oiseaux, l’aigle qui trompette, l’étourneau qui pizote, qui pizote partout ! C’est une manière de sensibiliser les enfants.

Quelles sont vos belles de vos rencontres de vie sauvage en dehors du « choc » de Ré ? J’ai des souvenirs très forts d’un moment passé dans une estive en Savoie ; quelques, nuits dans un chalet, seul avec la nature, en septembre, où j’ai croisé des cerfs, des biches mais aussi le renard, le geai.  

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(photo JBDumond)

Et les arbres immenses, couverts de mousse, mythiques, comme dans les contes d’enfants. J’avais l’impression d’être dans l’envers du décor; il faut oser entrer dans la nature. Entrer dans « l’envers vert » (titre d’une chanson écrite plus tard NDLR) !  

images-4J’ai toujours adoré l’existence du cheval de Przewalski, animal sauvage, qui ne se laisse pas dompter. Je connaissais l’histoire de sa réintroduction ; mais quand je l’ai croisé sur le causse Méjean en Lozère, ça a été fantastique. Et c’est le cheval qui se voit sur les parois des grottes; Tout le monde connaît. J’ai écrit là dessus, une chanson.

Et LE lieu mythique où vous rêvez d’aller, sur terre, ailleurs ? Je ne connais pas l’Amérique du sud ; je connais un peu l’Asie, la Birmanie, la Thaïlande ; mais j’aimerais découvrir l’Amérique du sud, les immensités, les forêts, les montagnes, et les baleines.

Je voyage aussi beaucoup sur internet. On n’est pas obligé d’aller partout ! Mais lorsque je voyage sur le terrain, j’aime bien aller à pied, ou en bus, pour découvrir les lieux en profondeur. Pas de la bagnole tous les jours. L’approche de la nature c’est prendre le temps.

Une jeune fille interrompt l’entretien pour dire à Donin « je voulais vous remercier de m’avoir fait plaisir quand j’étais petite » (émotion !)

Vous donneriez quel conseil à un jeune débutant qui vous dirait « j’aime bien ce que vous faites, ce que vous êtes, comment faire»? Je lui dirai « et toi ? C’est quoi tes passions, c’est quoi tes envies ? ». Je m’intéresse aux autres, j’essaie de décentraliser l’artiste que je suis. Je suis admiratif de beaucoup de gens pas forcément en haut. L’authenticité d’être soi-même est essentielle. Et aussi d’essayer de faire le moins de mal possible aux autres, au monde, à la nature. Déjà au moins ça. Se trouver soi-même. De faire le choix de la joie, de l’optimisme, de l’espoir.

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Côté engagement, comment l’artiste agit-il, ou doit-il agir? Il faut se permettre d’être polémique. Par le biais de la musique on peut dire beaucoup. J’ai écrit des chansons engagées ; On peut parler de la nature en émotion mais aussi en dénonçant les abus. Je pourrais écrire une chanson sur "la part du Colibri", chère à Pierre Rahbi. J’en en ai bien écrit une sur l’effet papillon.

J’écris moins de musique maintenant, j’écris davantage de textes. La chanson c’est avant tout d’écrire un poème qui ensuite sera mis en musique pour mieux passer.

L’artiste n’est pas obligé de s’engager, il est d’abord un créateur, mais en même temps, dans les chansons, les textes, il dit des choses, il réagit, par le biais de son art, pour aborder une question, pour au moins qu’on soit au courant.

Une association particulière vous tient à cœur ? Je suis adhérent à la LPO bien sûr, que je fréquente régulièrement; Mais en ce moment je suis en train d’adhérer à une association Entraide Haïti via un ami précurseur de la chanson pour enfants, Pierre Chêne, qui a fait l’Olympia, tourné avec le bassiste de Brassens, le pianiste de Charles Trénet. Pierre est maintenant à la retraite et il s’est investi dans cette association.

Je suis proche aussi de Ré Nature Environnement.

Il y a des urgences sur cette planète? Les problèmes de la planète sont assez liés à un système libéral qui est allé trop loin. Il y a trop de gens qui ne se préoccupent ni de l’humain, ni de la nature et qui même si ils ont beaucoup d’argent, en veulent plus. Des gens dangereux. On a l’impression que l’homme évolue, prend conscience, qu’il réfléchit mais en même temps il y a toujours des guerres, des gens égoïstes. Alors oui, l’urgence serait plus d’humanité pour l’homme et la planète, plus d’amour, plus de partage.

En conclusion, vous disparaissez ce soir, vous dites quoi à ceux qui restent ? Aimez-vous les uns les autres, et gardez toujours l’espoir, continuez, allez toujours vers les autres, oui, c’est ça : aimez-vous les uns les autres !

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