Personnalités à découvrir

DURAND Stéphane, l’homme des mondes sauvages

Né en 1970, Stéphane Durand est d'abord un amoureux de nature, qui se définit "comme un vagabond culturel, un nomade intellectuel", "une éponge qui s’inspire et se nourrit de toutes les idées et les impressions qui passent, d’où qu’elles proviennent".

Un biologiste...

Un ornithologue...

Un observateur... un photographe..., un écrivain... un conférencier...

Un touche à tout de nature...

Un passionné...

qui met son regard et ses connaissances au service de multiples activités : éditeur (il dirige la collection Mondes sauvages d'Actes Sud :  que des ouvrages de haute qualité!), conseil scientifique (il a accompagné Jacques Perrin pour "Le peuple migrateur", "Saisons", et "Océans"),  auteur (notamment de "20 000 ans ou la grande histoire de la nature" et de "Réensauvageons la France" avec Gilbert Cochet - Actes Sud)...

Bref, le genre d'homme qu'on a envie de croiser sur les chemins.

Rencontre!

 

Votre Parcours en quelques étapes ? Issu d’une famille de naturalistes et de scientifiques, j’ai baigné dedans dès mon plus jeune âge… et malgré des velléités d’aller voir ailleurs, j’y suis vite revenu !

Le groupe des naturalistes rencontré à la fac (campus de Jussieu, Paris) où je me suis fait des amis pour la vie ! et avec lesquels nous avons organisé des expéditions naturalistes un peu froutraques et toujours joyeuses…

La rencontre avec Jacques Perrin, au printemps 1997 lorsque, jeune diplômé en sciences, il me propose de partir faire le tour du monde avec ses équipes pour observer et filmer les oiseaux du monde entier… Une occasion unique qui ne se refuse pas ! C’est là que j’ai basculé du monde de la science à celui de l’audiovisuel. Depuis, je tisse des ponts entre les deux mondes. L’occasion de faire des rencontres mémorables…

Vos actions en cours en quelques mots ? Les priorités ? Mener de front les 2 activités d’auteur / réalisateur de documentaires et d’auteur/éditeur pour Actes Sud. Je mène ainsi plusieurs projets en même temps qui se nourrissent l’un l’autre. Par exemple en ce moment même, je co-réalise avec Thierry Robert un documentaire pour France 3 sur 3 paysans naturalistes, des personnages incroyables qui prouvent par leurs pratiques de terrain qu’il est possible de protéger la nature sauvage tout en menant une exploitation agricole rentable. Ce qui paraissait contre-intuitif est en réalité d’une simplicité incroyable. Ils nous offrent un message extrêmement positif et ça fait du bien !

Quels sont vos maîtres à penser, vos références culturelles ? Difficile, dans la mesure où je me vois plutôt comme un vagabond culturel, un nomade intellectuel comme dirait Kenneth White (poète, écrivain et essayiste écossais né le 28 avril 1936 à Glasgow , ndlr),  bref, une éponge qui s’inspire et se nourrit de toutes les idées et les impressions qui passent, d’où qu’elles proviennent, une abeille qui fait son miel de la plus grande diversité de fleurs possible. Aucune limite, aucune frontière à l’enrichissement intellectuel. Si je devais avoir un maître, alors ce serait probablement Gaston Lagaffe car il a mis au point la plus belle bibliothèque qui puisse exister : une sorte de grotte dans laquelle on ne trouve jamais ce qu’on cherche mais où l’on trouve tout le temps ce qu’on ne cherche pas. La surprise est constante.

Pourquoi la faune/l’animal sauvage, la vie sauvage? Pourquoi pas ? c’est l’intérêt pour la famille au sens large, l’ensemble du vivant ! Plus on est de fous, plus on rit ! la vie sur cette Terre est bien plus intéressante à plusieurs que seul, n’est-ce pas ?

Si vous étiez un animal sauvage ? Ma spécialité d’origine étant l’ornithologie, j’aurai tendance à choisir un oiseau… genre martinet noir ou albatros, deux très grands maîtres du vol à voile…

Martinet noir ©jbdumond2020

La ou les deux plus belles rencontres de vie/faune sauvage ? Rencontre avec l’iguane marin des Galapagos dans des circonstances uniques : sur l’île Fernandina interdite à la présence humaine. Nous avons obtenu pour le tournage du film Océans (Jacques Perrin & Jacques Cluzaud) l’autorisation exceptionnelle d’y débarquer avec notre équipe, au milieu d’animaux qui n’avaient pas vu d’humains depuis des décennies… Je me suis réellement senti dans la peau de Darwin qui est passé là dans les années 1830…

Iguanes des Galapagos ©stéphane durand

Votre/vos lieux de nature préféré ? L’île de Port-Cros où la forêt descend jusqu’à la Méditerranée, offrant un paysage ressemblant fort à ce qu’il était il y a 10000 ans… avant que les premiers agriculteurs coupent tout.

L’œuvre qui vous semble illustrer le mieux votre parcours ? Pour rester dans le registre de la BD, je dirai l’œuvre d’Hugo Pratt et son personnage mythique, Corto Maltese… Pourquoi ? Parce que Corto incarne pour moi la victoire de l’être sur l’avoir dont nous n’avons toujours pas réglé la lutte infernale et immémoriale. Corto est probablement l’homme le plus riche et pourtant, il ne possède rien : c’est même un capitaine sans bateau. A part le caban qu’il porte sur le dos et un gourbi du côté d’Hong-Kong (où Raspoutine lui vole un tableau de Van Gogh, quand même…), il ne possède rien. Par contre, il est riche d’innombrables amis et rencontres qu’il a et qu’il fait tout autour du monde. Il n’est ainsi jamais pris au dépourvu, il est partout accueilli avec joie et plaisir. N’est-ce pas le principe d’une vie belle et bien remplie ? que vouloir de plus, franchement ?

Quel matériel pour vos sorties de terrain ? Une paire de jumelles Leica étanche, un carnet et un crayon. Sans rien pour écrire, je suis perdu : les idées viennent sans prévenir et si vous ne les capturez pas en jetant trois mots sur le papier, c’est fini… Et les jumelles, c’est pour acquérir la vision pointue de l’aigle ; Baptiste Morizot a de très belles pages à ce sujet dans son livre « Sur la piste animale » que j’ai eu le plaisir d’éditer.

Un animal disparu revient, lequel ? Et un animal fantastique? La Rythine de Steller, un énorme animal végétarien d’une placidité extrême qui errait dans les archipels du Pacifique nord.

L’animal fantastique ? un être humain à la peau verte capable de photosynthèse afin de peser un peu moins lourd sur le monde… et avec des ailes… 😊

Une initiative prise ou à prendre en faveur de la faune sauvage ? Passer toute l’agriculture française et européenne à l’agroécologie

Une urgence pour la faune sauvage ?  Stopper (ou du moins encadrer de manière bien plus stricte) la chasse en France, une honte au niveau mondial

Une association qui vous tient à cœur ? Planète Mer, une jeune association basée à Marseille qui se démène pour protéger les océans en travaillant aux côtés des pêcheurs artisanaux (et non pas contre eux) et imagine des programmes de sciences participatives.

Elle devient incontournable dans les grands rendez-vous décisifs et pourtant, elle n’est pas encore assez connue du grand public.

Pour conclure, vous disparaissez ce soir, qu’aimeriez-vous laisser comme message aux autres ? Le monde est vaste et notre émerveillement sans fin…

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