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Claire NOUVIAN : la pêche !

Si les noms de Dian Fossey et Jane Goodall sont respectivement associés à l'étude et la protection des gorilles et des chimpanzés, si Allain Bougrain-Dubourg personnifie la lutte contre la chasse aviaire, Claire Nouvian (par ailleurs anciennement journaliste, productrice et réalisatrice) incarne la préservation des écosystèmes marins, moins médiatique mais tout aussi essentielle.

Son engagement sans failles a d'ailleurs été récompensé par l'obtention, en avril 2018 à San Francisco, du « Prix Goldman pour l’environnement », l'officieux « Prix Nobel écologiste" qui récompense chaque année des défenseurs de la nature issus des six continents.

Ce prix a mis en lumière la bataille acharnée que son association BLOOM, fondée en 2004, a mené contre le chalutage en eaux profondes et qui a conduit à son interdiction au-dessous de 800 mètres de profondeur dans l’Union européenne.

Au terme de quatre ans de débats vifs et de bâtons dans les roues, l’Europe a trouvé, en juin 2016, un accord pour réglementer la pêche en eau profonde interdisant aux chaluts de « racler » les grands fonds, afin de protéger des espèces fragiles, à la reproduction lente et aux effectifs maigres, sacrifiées pour fournir seulement 1 % des volumes arrivant sur les étals des poissonniers.

C’était un des combats majeurs de Bloom, avec entre autres la lutte contre la pêche électrique, le pillage des fonds marins Africains, l'aileronnage des requins ou encore les projets offshore.

Et ce n'est pas la seule distinction consacrant le travail admirable de Claire et son équipe qui prônent une pêche durable :  la liste est consultable ici, sur le site de l'association 

Son dernier fait d'armes ? Porter plainte auprès de la Cour de Justice de la République contre le Secrétaire d’État à la Mer, M. Hervé Berville, "pour des propos graves qui ont provoqué la commission d’infractions et remis en cause les principes de dignité, de probité et d’intégrité auxquels sont tenus les membres du gouvernement. Les propos mensongers du secrétaire d’État ont abîmé la possibilité de mener un débat démocratique éclairé et apaisé concernant les transitions que nous devons entamer face au péril climatique et à l’effondrement de la biodiversité."

Rien que ça :-)

Sa bio complète

Ses interventions les plus récentes : La Terre au carré sur France Inter,

28 minutes sur Arte

Visionnez ici sa conférence TED filmée en 2013

 

Le rapport à la nature

L'envie de protéger le vivant a-t-elle toujours été présente, ou existe t-il un élément déclencheur qui vous a fait basculer vers la vie sauvage ?

Je pense que mon enfance en Algérie avec des parents baroudeurs qui nous emmenaient dans les années 70 bivouaquer au fin fond du Sahara hors-pistes en LandRover, en totale autonomie pendant des semaines, m’a façonnée pour aimer les grands espaces sauvages, mais on interagissait plus avec des fossiles ou des flèches préhistoriques qu’avec la faune, à part de rares fennecs, les vipères et les scorpions qu’il fallait traquer dans les chaussures avant de les enfiler au réveil sous la tente…

La bascule de conscience quant à la maltraitance sidérante que nous infligeons aux animaux s’est produite vers 18 ans avec un article sur des fermes d’ours en Chine dont on extrayait la bile. Ils étaient enfermés bébés dans des cages et grandissaient sans en changer. Une photo montrait un ours dont la cage thoracique avait poussé à travers les barreaux. Je me souviendrai toute ma vie de cette photo. Toute la barbarie de l’humain était contenue dans cette image.

Arrivée en Argentine vers 22 ans, j’ai eu un autre choc. Autant de beauté, autant de proximité avec de grands animaux, les toucans, les papillons Morpho, les condors, les manchots, les baleines... L’Argentine m’a époustouflée. J’ai décidé à ce moment-là que je voulais passer le reste de ma vie à m’occuper de la faune sauvage.

 

Un livre / film référence autour de la nature que vous recommanderiez à un profane ?

Il y en a tant… Je pense qu’il faut avoir lu « Almanach d’un comté des sables » d’Aldo Leopold.

Ce texte magnifique n’a pas pris une ride, quand on aime la nature, on s’y reconnaît à chaque page.

Dans la région des sables du Wisconsin, dans le nord-est des États-Unis, vit Aldo Leopold, forestier et écologiste. Son Almanach, "petit livre modeste et savant", publié à titre posthume en 1949, s'attache à décrire l'infinie beauté de la Grande Prairie, ses odeurs suaves et ses couleurs chamarrées. Considéré à l'égal du Walden de Thoreau, il s'est très vite imposé comme un classique des écrits consacrés à la nature et constitue l'un des textes fondateurs de l'écologie.

A mon sens, il faut aussi lire un livre coup de poing : « Un éternel Treblinka » de Charles Patterson.

   La souffrance des animaux, leur sensibilité d’êtres vivants, est un des plus vieux tabous de l’homme. Dans ce livre iconoclaste – que certains considéreront même comme scandaleux –, mais courageux et novateur, l’historien américain Charles Patterson s’intéresse au douloureux rapport entre l’homme et l’animal depuis la création du monde.
Il soutient la thèse selon laquelle l’oppression des animaux sert de modèle à toute forme d’oppression, et la « bestialisation » de l’opprimé est une étape obligée sur le chemin de son anéantissement.

Et Günther Anders bien sûr, une petite Bible pour moi : « Et si je suis désespéré, que voulez-vous que je fasse ? »

Élève d Heidegger, qu il fréquenta dans son fameux chalet de Todtnauberg, Anders (1902-1992) livre quelques anecdotes significatives, notamment l étonnement du philosophe quand il s aperçut que lui, juif, pouvait faire le poirier plus longtemps que ses autres disciples, tous grands et blonds. Mais ce livre est surtout le récit d un parcours philosophique et politique, où l on croise également Brecht et Husserl et qui révèle en France une personnalité comparable à celle de George Orwell par son courage intellectuel et sa lucidité.

 

Une belle émotion ou rencontre avec la faune ? 

J’ai filmé les animaux pendant des années donc je pourrais animer de longues veillées sur cette simple question. C’est difficile à dire…

Me retrouver nez-à-nez, à pied, au fin fond du Parc de Huai Kha Khaeng, avec un troupeau d’éléphants sauvages m’a coupé la voix…

Passer du temps à caresser des tigres ou des guépards dans des centres de soin m’a immensément émue…

L’un des moments les plus intenses je pense était en Afrique du Sud, en tournage nocturne… On a filmé une girafe qui avait assisté à la mise à mort de son girafon par une lionne… Et tandis que la troupe de lions dépeçait son bébé, elle se tenait non loin de là, à observer la scène. Elle faisait les 100 pas, allait, venait, comme si elle devenait folle, pendant des heures… On était toute une équipe de tournage, il n’y avait que des hommes au cuir bien épais, un peu « virilistes » sur les bords, à ne jurer que par leur Leatherman et leurs exploits, mais après cette nuit de tournage, je vous garantis qu’on avait tous la gorge tellement serrée au retour que personne n’avait réussi à desserrer les mâchoires dans le 4x4…

 

Un lieu mythique que vous rêvez de visiter ?

Oui, l’île d’Hokkaido. Si le Japon pouvait s’atteindre en train, je pense que j’y passerais tout mon temps libre…

L'engagement

Quel est votre parcours professionnel jusqu'à la protection des ressources halieutiques ?

Journalisme, production audiovisuelle, quasiment 10 ans à filmer les animaux aux quatre coins du monde… A voir leurs habitats détruits, pollués, saccagés, pillés… leurs populations s’effondrer, les chercheurs et les ONG se battre avec trois bouts de ficelle pour les sauver des exploitations industrielles, de la déforestation, du braconnage « de subsistance », relié à des réseaux de trafic international…

J’ai vu la beauté du monde et la brutalité de nos modes de vie, leur incompatibilité avec la préservation de l’altérité et du sauvage… Une conversation avec la primatologue Marie-Claude Bomsel en 1998 a achevé de me conscientiser sur l’état de destruction du vivant. J’étais arrivée meurtrie au bureau en entendant qu’un jaguar avait été abattu dans un zoo après avoir tué un enfant, mais la sécurité de sa cage n’avait pas fonctionné, il avait pu en sortir librement. L’animal sauvage, maintenu dans une captivité misérable, était pénalisé parce que nos systèmes de sécurité étaient défaillants. Pénalisé parce qu’il avait conservé des réflexes sauvages.

C’était trop pour moi, j’étais au 36èmedessous…

Marie-Claude Bomsel préparait un tournage, elle était dans nos locaux. J’étais tellement désespérée qu’elle a pris le temps de discuter du sens de tout ça avec moi et m’a dit, en substance, que la nature « sauvage », c’était fini. Que même ce que nous nommions « sauvage » était à l’image de ces cages : des espaces plus ou moins grands, pouvant aller jusqu’à des réserves ou des parcs nationaux, mais délimités et gérés par l’humain. J’ai pris conscience que les humains tenaient les animaux sous contrôle et laissaient à la nature la part congrue de ce qu’ils voulaient bien lui concéder : des miettes fragmentées.

Je me rappelle précisément de ce que ça a provoqué chez moi : un deuil. Une tristesse très profonde, très lointaine, comme ancienne… Une forme d’inconsolabilité face à la perte de ce qui m’était le plus cher… Le concept de « solastalgie » n’existait pas à l’époque, mais c’est exactement ce que j’ai vécu. Le psychiatre neurologue Norman Doidge montre qu’une conversation peut changer votre cerveau. Je vous confirme que ce fut le cas pour moi.

Je me suis tournée vers les livres et les penseurs pour savoir « où atterrir » (Bruno Latour n’avait pas encore écrit son opuscule malheureusement). J’ai tout englouti sur les théories de la nature, les origines de l’écologie, l’évolution de nos sociétés et la destruction de notre environnement, notre place dans le monde, la spécificité de l’occident, la notion de progrès, la décroissance, le « rewilding », le statut juridique de la nature… j’ai cherché dans la sociologie, l’anthropologie, la philosophie et même le droit tout ce qui pouvait expliquer notre trajectoire et m’aider à penser le monde…

Hans Jonas, Jared Diamond, Jean-Pierre Dupuy, Heidegger, Derrida, André Gorz, Daniel Janzen, Christopher Stone… Je peux dire sincèrement que tous ces auteurs m’ont sauvée… Livre après livre, tout s’est remis à faire sens, l’horizon s’est clarifié. Je ne me suis pas rendue compte sur l’instant de la transformation qui s’opérait en moi, mais rétrospectivement, je sais que ce sont ces lectures qui m’ont préparée à l’action.

Il ne manquait plus qu’une étincelle, un « appel ». Ce fut l’appel des abysses. Le plus grand milieu naturel sur terre, encore vierge, saccagé par une poignée d’industriels engagés dans un massacre accéléré à grande échelle spatiale : il ne m’en a pas fallu plus.

Sauver le sauvage, à tout prix, le plus vite possible. C’est devenu une mission, un sacerdoce.

 

Votre plus belle victoire ?

L’interdiction du chalutage en eaux profondes en 2016. Arrachée avec les dents après sept ans de combat, c’était mission impossible.

Illustration Pénélope Bagieu

La bataille la plus acharnée, ou mal engagée ?

La bataille contre la pêche électrique. On est partis avec tout contre nous et on a gagné en moins de deux ans, un exploit de notre « dream team » chez BLOOM.

 

Vous arrêterez la lutte le jour où ?

Les humains cesseront de maltraiter la nature, donc de se maltraiter entre eux, c’est-à-dire jamais.

 

L'espèce & la mer les plus menacées ?

Tout va si mal, comment hiérarchiser entre les requins, les baleines, les tortues, les poissons, les forêts animales qu’on chalute tous les jours avec des bulldozers sous-marins… ?

La mer Méditerranée sans doute se porte encore plus mal que d’autres lieux marins.

 

Le plus difficile à supporter : l'indifférence d'une partie de la population alors que son avenir est en jeu, l'inertie du monde politique, les non-choix de l'Europe qui veut contenter toutes les parties prenantes, l'avidité sans fin des industriels de la mer, le non respect des lois internationales par certains pays (liste non exhaustive...)

Le plus difficile à supporter, pour moi, c’est le mensonge. Je préfère 1000 fois un adversaire qui pense contrairement à moi mais assume ses préférences et ses choix qu’un fourbe comme Emmanuel Macron qui se fait passer pour ce qu’il n’est pas et ment comme un arracheur de dents, quotidiennement, en prenant des faux airs ingénus, je trouve l’hypocrisie du personnage insupportable.

On connaît les calculs cyniques soigneusement élaborés que son entourage met en œuvre pour pouvoir continuer à exploiter la nature, ça me rend malade que les gens se fassent berner à ce point par ses discours au lieu de regarder les actes.

 

La principale tâche chronophage que vous souhaiteriez voir disparaître : devoir chercher des fonds en permanence, perdre son temps dans des réunions / sommets /  colloques où finalement rien ne se décide, accorder régulièrement des interviews (comme celle-ci) pour alerter inlassablement sur le degré d'urgence…

Ah ah non, pas les interviews ! Votre question est drôle :-).

Ce que j'aimerais voir disparaître, c'est le temps passé à rechercher des fonds, très clairement... On est engagés dans une course contre la montre pour gagner des modifications profondes de nos systèmes de production et de consommation, les résistances sont gigantesques, on dirait que les lobbies les plus destructeurs se sont passés le mot pour extraire le maximum des écosystèmes avant l'effondrement de l'ensemble, dont ils ont parfaitement conscience.

On est entourés de gens d'un cynisme que peu arrivent à se représenter, on voit tout empirer très vite, les décisions aller à l'inverse de ce qu'elles devraient être, c'est une sorte de course de vitesse sinistre, on est à un poste d'observation qui est dur pour le moral, on prend les choses très à coeur, on cherche vraiment l'efficacité maximale, et dans ce contexte, devoir chipoter des dizaines de fois sur des questionnaires parfois absurdes des bailleurs de fonds donne un sentiment de déconnexion des fondations avec le réel.

Comme si les grosses fondations, en position de soutenir des projets à impact important, ne pouvaient faire autrement que de soutenir des grosses ONG inefficaces et politiquement correctes. Comme si le système d'inertie et d'inaction du monde réel se reflétait au sein de la communauté se disant « agissante ». Qui après, se demande pourquoi tout empire si vite alors qu'agir avec clarté, force et donc résultats fait trembler les grosses institutions de la philanthropie. 

Les destructeurs du monde savent qu'ils n'ont pas beaucoup de souci à se faire avec les systèmes fondations-ONG tels qu'ils existent. Ils poussent des cris d'orfraie en disant que les écolos sont puissants car c'est une bonne stratégie pour se victimiser et diaboliser leurs adversaires mais au fond, ils savent très bien que le système de la philanthropie environnementale est conservateur et censure le risque, fait des spasmes quand on prononce le mot « lobbying » et dépolitise radicalement la protection de l'environnement. 

Certains philanthropes de l'environnement critiquent la frilosité des bailleurs de fond et sont beaucoup plus audacieux et courageux mais ils ont des moyens plus limités. En attendant, heureusement qu'ils sont là ainsi que les petites fondations familiales et les donateurs individuels. Sans eux, nous n'aurions pas la possibilité d'agir avec la méthode et la détermination qui sont les nôtres. 

Votre succès dépend essentiellement : du financement, de la qualité du plaidoyer "technique", de la mobilisation du grand public, de la faillite des grandes flottes de pêche industrielle...

Notre succès dépend de tout ça à la fois et de bien d'autres choses.

Sans suffisamment d'argent, on se retrouve en sous-effectifs et ça tire sur le système car on travaille trop, donc en effet, l'argent reste le nerf de la guerre. Mais on connaît tous des structures très imposantes et grassement financées qui ronronnent avec le système donc je pense que le succès, in fine, dépend de la volonté de changer l'ordre établi.

Je pense que ce qui fait notre force chez BLOOM, c'est de ne pas supporter l'injustice. Ca nous indigne au plus profond de nous-mêmes et nous donne une colère et une énergie immenses. 

 

Si c'était à refaire, que changeriez-vous dans vos différents choix et actions ? Choisiriez-vous de vous engager pour la même cause ?

Oui, sans hésiter.

Mais je tâcherais de trouver de l’argent avant de partir en campagne car on s’est cramé la santé dans la bataille des grands fonds.

C’était trop cher payé.

 

On a le sentiment que le sort des océans se joue en catimini dans les hémicycles ou les conseils d'administration. Le combat pour "sauver les poissons et les océans" est-il plus difficile à médiatiser que la protection des gorilles ou la lutte contre le réchauffement climatique ?

Oui nous sommes très en retard.

Les médias ne traitent quasiment pas l'océan. Regardez les matinales Inter ou Culture : pas un traitre mot sur ce qui nous a donné la vie et risque de la reprendre si on continue à l'ignorer aussi souverainement. Le "silence de la mer » à la radio et dans les médias est assourdissant. Certaines chaînes ou productions nous disent qu'ils ne peuvent pas traiter un nouveau sujet « océan », car ils en ont « déjà parlé » en nous citant une émission diffusée plusieurs années auparavant. C'est à pleurer...

Un poisson est encore à peine distingué d'une méduse ou d'un mammifère marin. J'exagère à peine.

J'entends souvent des journalistes faire l'amalgame. Si nos journalistes manquent de culture sur la nature, comment voulez-vous que le public n'en manque pas ?

 

La flotte de pêcheurs Français "artisanaux" se meurt en silence face aux acteurs de taille industrielle. Alors que certaines corporations savent se mobiliser pour défendre leurs intérêts (chasseurs, agriculteurs...), les pêcheurs ont du mal à se faire entendre alors que la population semble plutôt bienveillante à leur égard. Combat perdu d'avance ?

Le combat est déjà en grande partie perdu donc la question se pose plutôt en termes de reconquête pour eux.

Les pêcheurs artisans ont beaucoup de mal à se mettre d’accord entre eux et à comprendre le concept même de cause commune.

Ils n’arrivent pas à mettre de côté leurs désaccords pour se focaliser sur ce qu’ils ont à défendre ensemble. Ils se font écraser par les acteurs industriels, réellement supérieurs à eux en stratégie.

C’est dommage car ils offrent les seules possibilités de pêche réellement durable et socialement désirable.

 

Avez-vous des échanges (retours d'expérience, bonnes pratiques, actions communes...) avec d'autres structures de protection ?

Oui nous travaillons au quotidien avec des dizaines d’ONG, en France et partout en Europe ainsi que dans le monde.

 

Une source d'inspiration ou un modèle parmi vos confrères ?

Il y en a trop pour les citer ! J'adore les petites ONG expertes qui restent agiles et réactives et n'ont pas de batailles politiques internes (ce que je tiens en horreur !).

J’apprécie beaucoup parmi tant d’autres Environmental Justice Foundation,Anticor, FoodWatch, ASPAS, L214, Manche Nature, Eau et Rivières de Bretagne, Blue Ventures etc.

 

L'avenir...

 

Le pire des dangers pour la vie sauvage ? 

La combinaison explosive de tout cela : destruction des habitats, surexploitation, pollution, changement climatique, corruption... Nous, les humains, en somme !

Le scandale absolu qui vous révolte ?

Que tout notre droit soit fondé sur le droit à détruire.

Qu’il n’y ait pas de sanctions supérieures pour des responsabilités supérieures dans la destruction du monde et même du climat.

Que les « super-destructeurs » comme le PDG de TOTAL qui lance de nouveaux projets fossiles ne soient pas arrêtés par la loi, la justice, le politique.

 

Une bonne nouvelle qui vous motive encore plus ?

 

La COP 15 biodiversité s'est tenue en fin d'année dernière. Quel bilan en tirez-vous ?

Un désastre pour l'océan, une responsabilité terrible de la France.

La France a lutté pour que l'objectif de 30% de protection de la nature ne soit surtout pas assorti d'une définition de ce que « protéger » signifie.

En France, dans les aires marines « protégées », aucune activité destructrice n'est interdite statutairement. Quand la France dit « protéger », en fait il faut courir aux abris car toutes les activités les plus impactantes comme l'extraction de sables, de minerais ou le passage de bulldozers sous-marins comme les chaluts de fond sont autorisés.

Nos aires marines protégées sont de la poudre aux yeux, des coquilles vides.

C'est cela qu'on a réussi à imposer au reste du monde à la COP15.

Une catastrophe.

 

Pour conclure

Comment peut-on aider concrètement votre structure ?

En devenant donateur et/ou abonné à nos newsletters ce qui permet de faire plus de bruit et de mettre plus de pression sur les décideurs.

 

Plutôt optimiste ou pessimiste pour l’avenir ?

Pessimisme total.

 

Le mot de la fin ?

L’action. « The rest is silence » pour citer Hamlet.

 

LE QUESTIONNAIRE "PLEINS POUVOIRS"

 

Vous êtes invitée à une séance de spiritisme. Bien que sceptique, vous avez la possibilité de choisir la personnalité "environnementale" décédée avec qui discuter pour quelques minutes. Laquelle ?

J’ai fait ces choses-là quand j’étais jeune et ai discuté avec Victor Hugo :-). Aujourd’hui, je choisirais quand même Jean Moulin si vous permettez…

 

Députée, vous êtes seul dans l'Assemblée Nationale déserte. Vous avez toute latitude pour abroger, amender ou créer une seule loi environnementale. Laquelle ?

Je modifierais la définition de l'écocide selon les conseils de Marine Calmet pour qu'il corresponde à cela : « le fait de causer des dommages graves, durables ou étendus à l'environnement qui seraient de nature à mettre en danger à long terme l'équilibre du milieu naturel ou susceptibles de nuire à l'état de conservation d'un écosystème. »

Je rendrais tout le droit environnemental et la notion de préjudice écologique applicables de façon préventive et pénaliserais les décisions politiques mettant en péril l'intérêt général.  

 

Généticienne fan de Jurassic Park, vous pouvez faire revenir à la vie une espèce disparue, ou inventer une espèce hybride fantastique. Laquelle ?

C’est ce que des chercheurs sont en train de faire avec le Dodo de l’Ile Maurice mais je suis contre ces manipulations génétiques.

Je préfère pleurer nos pertes que de nous illusionner sur une fausse réparation de l’irréparable.

 

Grand Maître Bouddhiste, vous choisissez l'animal dans lequel vous vous réincarnez pour une nouvelle vie. Lequel ?

Un poulpe à oreilles.

 

Descendante de Darwin, vous savez faire évoluer les espèces. Vous pouvez modifier ou ajouter une particularité à une espèce (requin sans dent, serpent sans venin, gorille doté de parole...). Laquelle ?

Je réduirais la taille du cerveau des humains pour qu’on demeure des bêtes parmi les bêtes.

 

Pénurie mondiale de bois : l'Arche de Noë sera plus petite que prévue. Il n'y a de la place que pour 5 espèces que vous sauvez de la disparition. Lesquelles ?

Des abeilles, des vers de terre, du plancton, des sardines et ours.

 

L'arche doit s'échouer faute d'énergie fossile. C'est le point zéro pour tout repeupler. Où : Galapagos, Pantanal, Ngorongoro, Spitzberg, un zoo,... ?

C’est égal, on se débrouillera.

 

Vous perdez à un jeu. Un gage au choix : libérer des ours d'une ferme à bile en Chine, enfumer une ruche dans le hall du siège de Bayer, porter un tee-shirt "Chasseurs assassins" lors d'une balade forestière en Sologne, distribuer un tract à l'entrée d'un cirque demandant à interdire les animaux lors des représentations, pirater un panneau d'information sur autoroute, un week-end estival de transhumance batave, pour écrire "Les Pays-bas, ses fromages, ses tulipes et sa flotte de pêche destructrice"

J’aime bien l’idée de porter un tee-shirt "Chasseurs assassins" lors d'une balade forestière en Sologne :-).

 

Vous avez le choix pour vous reconvertir demain dans un métier lié à l'environnement : artiste / photographe animalier, scientifique environnemental, organisateur de la COP, garde de parc national ou ?

On fait pas mal de ces choses-là à divers degrés, on est comblés…

 

Hypnotiseur, vous pouvez forcer tous les acteurs d'un conflit à trouver un accord bon pour la faune : éleveurs / défenseurs des grands prédateurs, industrie phytosanitaire / apiculteurs, ou chasseurs / promeneurs,... ?

On règle tous les problèmes du monde sans prioriser.

 

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