Personnalités à découvrir

SEROUR Christophe

Un contact par mail, une envie avouée de devenir photographe professionnel, des photos de nature mais aussi d'humains...Nous avons hésité : le présenter en photographe ou en personnalité.

Nous avons opté pour la personnalité et proposons de rencontrer ce fou de voyages, de photo, de découverte...de propos...dont l'histoire commence ainsi :

"Après une enfance passée sur les bancs de la Corniche de Marseille, ma ville natale, mes parents décidèrent de changer de cap...pas très loin certes...mais c'était pour moi le début d’une nouvelle aventure...."

Bonne balade!

Votre parcours en quelques étapes? Tout à commencé à ce moment là...Cassis, réputée pour ses calanques aux falaises calcaires escarpées, son petit port  agrémenté de restaurants, ses cafés aux couleurs pastels et ses vignobles… Ce petit joyau que je savoure chaque instant depuis plus de 30 ans…

Tout jeune j’étais déjà fasciné par le monde à travers des vieux films comme La Montagne du dieu cannibale, un film italien réalisé par Sergio Martino, sorti en 1978, les Tarzans et les émissions présentées par Nicolas Hulots « Ushuaïa », les espaces naturels, les animaux, les différentes tribus et leurs rituels.

J’ai voulu poursuivre des études en primatologie ou intégrer une école de journalisme ce qui m’aurait permis de voyager aux antipodes et d’aller au contact des populations locales découvrir toutes sortes d’espèces animales. Malheureusement cette idée considérée farfelue, incongrue était sans avenir d’après mes parents…

Passionné par la philosophie, j’obtins mon DEUG et une licence en Marketing. Première grande ligne Juin 1994, après une longue réflexion sur mon parcours je décide de tout plaquer pour le Brésil. Je prends mon sac à dos, appareil photo et planche de surf pour mon premier voyage initiatique, je commence a photographier les splendeurs et charmes d’autres civilisations celles des Cariocas (habitants du Brésil), je suis en immersion totale, les mois défiles, je voyage du Nord au Sud, d’Est en Ouest pour les régions de Manaus, Belem et la traversée de l’ Amazonie,...Très vite, je découvre l’utilisation de l’appareil photo. Avec un simple appareil en poche, je consigne mes observations en complément de l’écriture, première découverte du monde, de ses richesses et ses vertus.

A mon retour, j’intègre le grand groupe Orange ou je ne me sens pas à ma place. La seule chose qui me fait tenir c’est que je peux voyager jusqu’à 2 mois par an en cumulant mes congés. Mais l’appel du voyage est plus fort…Je demande un congés sabbatique pour partir 1 an à travers le globe, l’Inde, Sri Lanka, Laos, Vietnam, Hawaii, Malaisie, Vietnam, Guatemala, je parcours plus de 13 pays…. Les expériences s’enchainent, je propose d’aider un village de pécheurs à Mirissa au Sri Lanka juste après le Tsunami encore en pleine guerre civile. Je travail comme chef de projet et fonde une association avec un jeune Australien appelée « Ayubowan » qui signifie bienvenue en Cinghalais. Elle a pour but la confection de sacs, vêtements avec les ressources locales, cette argent servira pour la reconstruction du village.

Mes voyages m’ont permis de changer positivement, d’apprendre à me réadapter dans ma vie personnelle comme professionnelle,  sortir de ma zone de confort et dépasser mes limites, une expérience qui change une vie. j’ai même transmis le virus à mon père qui vit en Thailande depuis 17 ans.

Je réalise que la passion pour la photo m’obsède de plus en plus, photographier la nature et ses habitants me fascinent. J’ai immortalisé des moments magiques, et les réactions suscitées par mes clichés m’ont conduit à penser qu’elles pouvaient contribuer à la protection des espèces et à faire prendre conscience que notre planète est si fragile. Celle ci commence à porter les stigmates de la souffrance générée et imposée par l’homme.

Vos actions en cours en quelques mots ? Au cours de ses diverses expériences, j’ai capitalisé des compétences professionnelles et comportementales dans divers domaines qui m’ont permis d’élargir et susciter ma créativité. Mes priorités aujourd’hui seraient de travailler dans le domaine de la photographie ou de la communication.

Quels sont vos maîtres à penser, vos références culturelles ? Avec l’âge les citations de Gandhi, d’Eckhart von Hochheim m’inspirent, de par leur attitude et leur façon de penser. Ils nous apprennent quelque chose, que l'on doit suivre comme exemple et ont une connotation très positive et objective.

« Les gens ne devraient pas toujours tant réfléchir à ce qu'ils doivent faire, ils devraient plutôt penser à ce qu'ils doivent être. S'ils étaient seulement bons et conformes à leur nature, leurs oeuvres pourraient briller d'une vive clarté ». citation de Eckart

Parmi mes lectures, j’ai beaucoup aimé le roman  de Jack Kerouac, « sur la route » ou « Les grands explorateurs »  pour l’esprit de liberté, les motivations profondes de ces hommes et de ces femmes qui les poussèrent à s'aventurer dans des contrées inhospitalières et à affronter toutes sortes d'épreuves au péril de leur vie.

Dans le domaine photographique, je suis admiratif du travail photographique de Ted Gore photographe Californien, ses clichés de la nature sont tout simplement grandioses, son style sophistiqué alliant un sens aigu de la composition et le traitement de l'image.

Sans oublier « mon maître » le talentueux Sebastião Salgado photojournaliste brésilien, ses photos contrastées mettent bien en relief la préservation de l’environnement.

©S.Salgado

L’ancien PDG Richard Branson, me fascine par son attitude joyeuse, sa joie de vivre  « vrai un gosse ». Il se lance dans des défis de grande envergures comme le voyage dans l’espace personnel.

 Certains photographes, philosophes, journalistes, pdg de grandes enseignes, artistes m’ont influencé sur mes choix et mon style photographique

Pourquoi la faune/l’animal sauvage, la vie sauvage ? Qu’est-ce qui vous attire ? L’ensemble de l’espèce animale m’a toujours fasciné. Mais la photographier m’a permis de l’approcher d’avantage, de l’analyser, de la déchiffrer. Elle évoque parfois des images émouvantes, des sons qui véhiculent des sensations, des émotions incommensurables. J’ai encore ses échos qui résonnent dans ma mémoire….

  • Les singes hurleurs (Costa Rica, Brésil ou au Mexique) ont des capacités vocales impressionnantes, on peut les entendre jusqu’à 1km.
  • Ce spectacle grandiose lors d’un saut en parachute au dessus de l’île d’Oahu, j’ai pu voir la reproduction des baleines au large des côtes Hawaienne.
  • De voir un magnifique mamba noir flotter sur un feuillage en pleine jungle Malaisienne,
  • Au nord de la Thailande, ou réside mon père, j’ai pu rencontrer des chefs de village ayant de grande connaissance en terme de toxicologie et manipulation des reptiles et plus précisément les cobras et bungarus kraits (venimeux mais moins répandu).
  • Les plongées au large de l’Australie offre une diversité marine incroyable, elle apaise.

Lors d’un voyage à travers tout le  Costa Rica, j’ai rencontré et observé plusieurs types de singes  (singe hurleur, singe paresseux d’ailleurs très difficile a photographier car perché à plus d’une vingtaine de mètres dans les arbres, singe capucin).

Les crocodiles omniprésents, les serpents comme la vipère des cocotiers, la vipère de Schlegel (venimeux).

Si vous étiez un animal sauvage (un ou deux), lesquels ?

Le chimpanzé, ou un bonobo :

Il apprend et s’adapte très vite à son environnement. Intellectuellement, émotionnellement parlant, il ressemble étrangement à l’homme. Je suis fasciné par leur méthode de chasse, leur technique de camouflage, l’agilité et la ruse des singes.

La ou les deux plus belles rencontres de vie/faune sauvage ? Direction le Sri Lanka en pleine guerre civile en novembre 2008, tout est filtré, des barrages partout ce qui rend mon périple compliqué et restreint. Mais je suis prêt à prendre des risques pour aller découvrir les plus vastes parcs nationaux du pays  comme« Wilpattu » situé au nord de Colombo et à l’ouest d’Anudradhapura. La végétation y est dense, mais mon but est d’y voir les panthères et éléphants qui se sont appropriés un vaste territoire. Je sais très bien que l’observation des animaux est une question d’expérience mais également de chance. Je ne voulais pas trop espérer voir l’animal qui nous fait tant rêver de crainte d’être déçu…

Après plusieurs heures de marche en plein soleil, je me suis retrouvé parmi un, deux puis une dizaine et une centaine d’éléphants…Pris par l’euphorie, je réalisais même pas le danger encouru, (risque de me faire écraser). La peur me saisie, je savais à peine manipuler mon reflex à cette époque là, je « mitraille » de photos médiocres, avec une petite vidéo filmée avec mon mobile. Cette instant à été magique, intense, je ressens encore les vibrations des pachydermes m’effleuraient, la poussière, les odeurs. Paralysé par la peur et l’excitation, je réalise à quel point je suis privilégié.

Votre/vos lieux de nature préféré ? J’ai découvert l’Indonésie il y a une vingtaine d’années. J’ai été immédiatement séduit et fasciné par ce pays, sa culture, ses dialectes, son artisanat, la gentillesse de ses habitants.

L’Indonésie compte plus de 17 000 îles d’après le ministère de l'Intérieur, mais l’île des Dieux comme Bali ou Sumatra sont mes préférées.

- Sumatra abrite certains animaux et certaines plantes les plus rares au monde. C'est le seul endroit où tigres, rhinocéros, orangs-outans et éléphants vivent ensemble. Le parc de Bukit Lawang (sanctuaire d’orang-outan) ou j’ai participé au nourrissage des jeunes Orang outans dans les régions de Aceh, Gunung, Kerinci Seblat .

- Bali, cette île au milieu du Pacifique, les paysages sont variés, ses montagnes embrumées surplombées par le volcan de l'Agung, les spots de surf comme Padang Padang, Uluwatu, en passant par les rizières

- Sans oublier Nias et Siberut 2 petites îles pour la pratique du surf, mon autre passion.

Déforestation Sumatra ©Cserour

Le lieu mythique où vous rêvez d’aller ? (sur terre ou ailleurs). Pourquoi ?

La Nouvelle Guinée Papouasie.

Pourquoi : mystique, fascinante, intrigante voila comment je la décrirai. Un grand nombre d’entre eux croit encore à la sorcellerie et à la magie noire. Son art tribal est reconnu comme un des plus riches et plus beaux de la Mélanésie. Lors de mon séjour près de Irian Jaya (frontière) j’ai pu ramener plusieurs colliers, parures confectionnées à la main, mêlant plumes et coquillages. Ils vivent principalement de l’agriculture et des minerais. Dans les villages aux alentours de la rivière Sepik, les habitants ont également coutume d’avoir quelques coupures, blessures douloureuses sur leurs corps, afin de démontrer leur force, se comparant à celle de l’esprit des eaux qui est le crocodile.

Frontalier avec l’Indonésie, la PNG encore méconnue, est préservée avec une grande variété d’espèces endémiques (faune, flore), comme le python à lèvres blanches, le Taipan, serpent le plus venimeux du monde ainsi que ses tribus comme les Korowai, Huli, hommes crocos.

L’œuvre (une des vôtres ou celle d’un autre, un livre, un poème, une œuvre artistique, autre chose) qui vous semble symboliser le mieux votre parcours ? 

- "La forêt d’émeraudeest un film britannique réalisé par John Boorman, sorti en 1985. Ce film révèle un cri d’alerte contre la destruction de l’Amazonie dans les années 80. J’ai pu constater les conséquences désastreuses en 1994. Un film sur la relation entre un père et son fils renouée de manière dramatique en pleine attaque de guerriers autochtones après une interruption brutale de dix ans. Les notions de protection et de transmission attachées à la fonction paternelle sont ici inversées et c’est le fils qui, sur son propre terrain, va amener son père à modifier radicalement sa vision du monde et à adopter la cause des Indiens.

Salgado est un photographe journaliste Brésilien, il entremêle son questionnement de la société, de la vie humaine avec sa passion. Ces clichés reflètent un message profond, engagé, braque aussi son objectif sur les peuples qui échappent encore à la mondialisation. Ces clichés me sensibilise et me font prendre conscience de la fragilité et des inégalités dans le monde.

Les récits de voyages de Joseph Conrad, Christophe Colomb, Marco Polo, James Cook des aventuriers hors normes illustre parfaitement bien mon état d’esprit de baroudeur.

Quel matériel utilisez-vous lors de vos sorties nature? J’utilise un boitier D610 Nikon, mes 2 objectifs un 24.70 et un télé 150-600 pour la faune (assez lourd), un trépied Manfrotto, sac, poignet et batteries, filtres.

Avant mon départ, j’effectue des recherches via le net, m’informe des dangers, de sa faune, flore. Parfois un carnet très utile pour annoter des lieux, mon ressenti etc. Niveau soft je travaille avec Affinity photo pour Mac et DXO pour peaufiner et retoucher mes photographies.

Et vos techniques de rencontre avec l’animal sauvage ? En règle général je photographie de jour, mes photos sont faites avec une technique d’approche, cela demande la plus grande discrétion et faire preuve de patience. J’aime être en immersion un instant dans sont espace avant de déclencher sans le déranger mais pas toujours évident. Photographier en fin de journée offre des couleurs plus chaudes, transformant littéralement une photo. Photographier de nuit demande une technique d’approche particulière, du matériel adapté comme une caméra infrarouge par exemple.

Un conseil au débutant dans votre activité, que lui diriez-vous ? Premièrement de respecter les limites de l’animal, pour moi c’est uniquement lui, qui dicte la cadence, qui donne son accord pour le photographier et bien entendu éviter de se mettre en danger. Ensuite, notre comportement facteur clé : la discrétion, l’approche, l’assurance…

Un animal disparu revient, lequel ?  Le rhinocéros blanc (disparu du au braconnage) majestueuse créature Africaine; Le tigre de Java (disparu également du à la destruction massive des forêts).

Un animal fantastique : Le centaure, dans la mythologie grecque, le centaure est une créature mi-homme, mi-cheval qui correspond morphologiquement à mon signe astrologique le Sagittaire.

Une initiative prise ou à prendre en faveur de la faune sauvage ?

- Géolocaliser par satellites les espèces endémiques menacées,

- Plus de slogans publicitaires pour sensibiliser,

- Trouver des compromis avec les grands industriels,

- Imposer des règles plus strictes.

Mes créations, prendre conscience :

Une urgence pour la faune sauvage, pour la vie sauvage ?

« C’est dans l’urgence que l’homme réagit »… On continue aujourd’hui à nier certaines évidences pourtant défendues par les plus grands, comme le témoigne l’éminent vulcanologue Haroun Tazieff en 1979 qui alertait déjà sur les risques d’un éventuel réchauffement. Face à cette sonnette d’alarme comme on la nomme aujourd’hui, je ressens de l’amertume, de la vulnérabilité, beaucoup de colère face au massacre des animaux sauvages dans le monde (éléphants, rhinocéros, requins etc…, tout comme la déforestation au Nord est du Brésil en 1994 (lors de mon premier voyage en Amérique du Sud). En Indonésie, plus précisément à Sumatra forêt dévastée par les incendies criminels dégageant des émanations toxiques, ces fumées mettent en danger toutes les populations locales mais également la faune sauvage et plus spécifiquement les vulnérables orangs-outans.

Pourquoi ?: L’individu ne maîtrise pas le tourbillon dans lequel il est entraîné, piégé par ce rythme effréné avec ses enjeux économiques, tirer profit, faire fructifier….Voila les raisons de cette dégradation. Notre monde change, évolue et je le conçois, mais il est temps de réapprendre à écouter ce que nous dicte notre pauvre planète, la respecter car une fois la totalité des ressources utilisées que restera t-il…

Une association qui vous tient à cœur ? Lola ya Bonobo un immense sanctuaire créé par Claudine André au Congo,  dans le but de recueillir et de sauver des bébés bonobos victimes du braconnage pour leur viande et les bébés orphelins sont revendus sur le marché noir.

Je vais citer également Sea Sheperd qui lutte, se bât depuis des années, vouée à la protection des écosystèmes marins et de la biodiversité.

Et pour finir, un immense merci au sanctuaire Indonésien de Sumatra de m’avoir donné l’opportunité d’approcher mes primates préférés. Ecovolontariat :

Lorsque nous travaillons, nous sommes considérés comme des membres temporaires du personnel. Nous participons à toutes les activités liées à l’entretien et au développement du Centre. Plusieurs activités m’étaient confiées, car l’enrichissement de l’environnement des animaux permet d’optimiser leur santé physique et mentale. Il s’agit de rendre leur environnement stimulant (supports, jeux, cordes, abris, etc.), préparation de la nourriture et nourrissage, soins aux animaux, nettoyage des enclos, activités.

Activités liées à la construction et la maintenance des infrastructures, structures d’escalade pour les animaux, plates-formes d’alimentation pour les animaux en semi-liberté, ponts dans la jungle, pour la facilité d’accès à des sites de réhabilitation.

Activités liées à l’Agriculture (pour le nourrissage des animaux) : Entretien des cultures, plantations, ramassage des fruits et légumes.

Pour conclure, vous disparaissez ce soir, qu’aimeriez-vous laisser comme message aux autres ?

Aujourd’hui, l’optimisme est une nécessité pour préserver sa santé mentale. Et face a ce monde qui change, il vaut mieux penser le changement que changer le pansement. Prenez soin de vous.

 

 

 

 

 

 

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