Photographes animaliers

Pierre-Victorien COMPAGNON

Je suis depuis toujours passionné par la nature, les paysages, la flore et les animaux, dès mon plus jeune âge je passais des heures, couché dans l'herbe ou immobile derrière un tronc...
C'est pour garder ces images que ma famille m’a offert mon premier argentique à l'âge de 10 ans.
Autodidacte, j’ai poursuivi mon apprentissage sur le terrain en prenant toujours le temps d'observer, de patienter pour trouver la bonne lumière, le bon cadrage, la bonne attitude…

Chemin faisant, il y a quelques années, je suis passé sur un boitier numérique, mais je n’ai rien changé quant à ma façon de prendre les photos avec comme maître mot : la patience.
Depuis, la photographie m’accompagne au quotidien et au gré de mes sorties je prends plaisir à photographier la flore, la faune ou les paysages de ma région natale.

J’aime mettre en avant notre Nature de proximité. Celle trop souvent oubliée et maltraitée mais qui pourtant nous entoure et que l'on rencontre juste au pied de sa porte. Cette Nature qui, malgré l'impact de l'Homme, continue à s'adapter, à nous surprendre et à nous émerveiller quand on sait l'écouter...

 

Entretien avec...

Votre rapport avec la faune

 

Quel parcours jusqu'à l'animal sauvage et la photographie ?

Outre l’envie et le besoin de se reconnecter à la nature, le fait de vivre des moments intenses à chaque nouvelle rencontre, qu’elle se fasse avec la faune ou la flore. Depuis tout petit, je pouvais rester des heures à observer des fourmis. À deux ans, ma famille s’étonnait de voir des oiseaux se poser à un mètre de moi.

Le monde sauvage m’a toujours fasciné, d’aussi loin que je me souvienne. Vouloir capturer ces instants, ces émotions dont on peut être le témoin privilégié, allait donc de soi.

Un maître à penser ? (autour de la nature, pas nécessairement photographe)

En photographie, Ansel Adams pour son approche artistique, ses compositions et sa façon de capturer la lumière. Mon ami Stéphane Meyer, le « Druide de Paris », pour sa relation au monde végétal. Henry David Thoreau, pour ses mots… et son désir de rompre avec un monde qui ne sait pas prendre le temps de s’arrêter.

Sinon, plus largement, toutes les personnes qui me semblent inspirantes par leurs engagements, leurs actions ou leurs pensées. En participant à la sauvegarde et la protection de la Nature, même à « petite échelle », elles m’inspirent le plus profond des respects.

Une œuvre marquante ?

Je me demande si la lecture des romans de Jack London dès l’âge de 10 ans, « l'Appel de la forêt » et « Croc blanc » n’a pas été l’élément qui a conforté chez moi cet intérêt pour la Nature et ma conscience écologiste.

Plus tard, je me suis toujours retrouvé dans cet appel à la liberté, ce contact avec les éléments et le rapport avec le monde sauvage.

Et plus récemment, le livre de Peter Wohlleben « La Vie secrète des arbres » a renforcé mon lien avec le monde végétal.

Une belle rencontre / émotion avec la faune ? 

En affût, derrière un filet, dans un bosquet en face d’un bois. Une chevrette sort vers 19 h 10, broute l’herbe du pré pendant un quart d’heure puis rentre en forêt.

Une demi-heure plus tard, elle ressort, passe encore vingt bonnes minutes à brouter, avant de se diriger vers le bosquet où je me trouve, pour venir manger les feuilles de roncier à côté de moi.

Elle se rapprochera tellement qu’elle finira par avoir la tête dans l’affût a à peine 1m50 de moi. Croiser son regard durant plusieurs secondes, comme subjugués l’un par l’autre, était très intense.

Si j'étais un animal sauvage ? 

Un oiseau pour la liberté qu’il inspire. Se déplacer sans contrainte, voir la terre de haut et virevolter dans les airs.

Quel plaisir de voir les rapaces se jouer des courants d’air chaud ou faire des piqués…

Je crois que c’est un vieux rêve pour l’homme, que celui d’Icare.

Un animal disparu qui reviendrait ?

Les dinosaures de l’ère jurassique, pour savoir à quoi ressemblait mon massif il y a 200 millions d'années.

Plus sérieusement, je crois qu’avec l’extinction des vertébrés à laquelle nous assistons, il est difficile de ne nommer qu’une seule espèce…

Un animal fantastique qui existerait ?

Pour rester local, je dirais la Vouivre, Franche-Comté oblige !

 

Photographie animalière

 

Votre photo à laquelle vous tenez particulièrement ?

Chaque photo est particulière, c’est un fragment de temps qui reste gravé à jamais.

« Dormir comme un bienheureux »… Il m’aura fallu plus d’une quarantaine d’heures d’affût pour réaliser cette photo.

Des dizaines de sessions, de la persévérance et beaucoup de patience pour capturer ce jeune renardeau si insouciant. Il dort paisiblement à proximité du terrier, la tête sur une pierre, pendant que sa mère est partie chasser.

Bercé par ce doux rayon de lumière d’un matin de Mai qui transperce à travers l’épaisse végétation du printemps, ce tout jeune renard se réchauffe.

C’est un peu l’instant parfait où les « astres photographiques » s’alignent, et où l’animal et la lumière ne font plus qu’un.

 

La photo animalière d’un confrère que vous auriez aimé prendre ?

Ce n’est pas évident, il y a tellement de belles photos !

Si je dois en choisir une, je dirais cette photo de loup arctique de Vincent Munier.

Ce regard du loup qui s’avance, on ressent vraiment toute la force de l’animal sauvage dans ce milieu tellement hostile.

Et tout ce blanc donne une vraie pureté à l’image. C’est un cliché tout en justesse, dans tous ses aspects.

Et la technique : frein ou atout ?

Il faut acquérir la technique pour ensuite en faire abstraction, afin de pouvoir vivre et profiter pleinement du moment présent sur le terrain, de façon presque intuitive.

Le matériel, lui, doit correspondre à la façon de travailler propre à chacun, et permettre ainsi d’acquérir sa vision de la photo.

Mais au final, au-delà du matériel ou de la technique, ce qui importe vraiment c’est l’intention que l’on veut mettre derrière chaque cliché, la sensibilité. L’émotion ou le message que l’on souhaite transmettre.

Votre « terrain de jeu » préféré ?

Une forêt de feuillus au printemps, au milieu des chants des oiseaux, des premiers pas des renardeaux et des blaireautins sur le monde, et des chevreuils qui font craquer les branches sèches sur leurs passages… mais dans ma région.

En effet, je pense que l’on n’a pas besoin de voyager à l’autre bout de la planète pour montrer le beau et le sauvage.

Et que notre Nature de proximité mérite qu’on la défende. En plus, cela irait à l’encontre de mes convictions écologiques, que de prendre l’avion régulièrement pour participer à la défense de l’environnement…

Le respect de la planète, c’est d’apprendre à observer, accueillir les merveilles dont la Nature est capable, et que nous ne prenons parfois plus le temps de voir.

Le voyage à faire absolument avant que le rideau de l’obturateur ne se ferme définitivement ?

Je serais plutôt attiré par le Nord, l’Islande ou la Scandinavie. La Nature, les paysages, son histoire, ses contes et légendes… Un voyage à la Jack London, version européenne !

Des conseils ? 

Savoir observer.

Faire preuve de curiosité et de respect.

Agir avec humilité, accueillir sans prendre.

Ne jamais se satisfaire de ce qu’on a fait, toujours chercher à s’améliorer.

Et puis bien entendu, savoir faire preuve de patience et de persévérance…

 

Biodiversité

Des urgences ? 

La sauvegarde de la biodiversité me semble un des enjeux majeurs de ce XXIème siècle, tellement mise à mal dans notre pays, et plus largement sur toute la surface du globe.

Dommage que certains ne comprennent toujours pas que l’humain n’est rien sans la Nature. Que la Terre étouffe sous les « avancées technologiques ». Que la disparition d’une seule espèce met en péril toute la chaîne alimentaire et donc, que l’on supprime définitivement le statut de « nuisible » qui n’a pas lieu d’exister : chaque espèce à son rôle à jouer. Que les arbres créent de l’oxygène et captent le dioxyde de carbone. Que l’extinction des abeilles mène à celle des humains…

Il faut tout mettre en œuvre pour protéger les derniers espaces totalement sauvages, notamment les forêts, poumons de notre planète, réserves de vie. Apprendre à agir en symbiose avec la Nature, plutôt que de toujours vouloir chercher à la dominer.

Une association de protection à mettre en avant ?

L’ASPAS pour le travail qu’elle réalise au quotidien, en œuvrant à la protection de notre faune sauvage et pour la préservation du patrimoine naturel.

Une suggestion pour sensibiliser le grand-public ?

Être curieux, conserver ce regard d'enfant sur le monde qui nous entoure et continuer à s'émerveiller des petites choses du quotidien.

Agir avec la Nature et ses ambassadeurs, végétaux ou animaux, avec le même respect que s’ils s’agissaient de vos proches. Et surtout, ne pas attendre pour l’enseigner aux plus jeunes.

Plutôt optimiste ou pessimiste pour la suite ?

On aimerait être optimiste mais tous les rapports vont dans le sens inverse.

Heureusement que, de temps en temps, il y a de belles initiatives qui offrent un peu d’espoir…

Une prise de conscience massive est toujours possible. Et la vie est plus forte que tout.

Pour conclure ?

J’espère faire encore de nombreuses et belles rencontres (avec les humains… et les animaux !), continuer à m’émerveiller même de petites choses au pied de ma porte, d’une belle lumière, d’un nuage…

Enfin, je tiens à remercier faune Sauvage pour m’avoir offert cet espace pour m’exprimer et faire connaître mon travail !

 

Distinctions & Parutions

2023
Golden Turtle (RU) - Finaliste Catégorie Microcosm + 3 photos en Top100
Festival International Nature Namur (BE) - Finaliste - Catégorie Autres animaux
Festival « Nature Ain Hauteville-Lompnes » - Grand prix du Jury
Festival Natura L'Oeil - Grand prix du Public - Catégorie Paysages naturels
Festival Natura L'Oeil - Finaliste - Catégorie Faune sauvage

2022
Concours International de Photo Nature du Marais de Séné - Finaliste - Catégorie Nature Sauvage
Festival « Nature Ain Hauteville-Lompnes » - 6ème - Catégorie Paysages
Golden Turtle (RU) - Top 100 - Catégorie Microcosm

2021
Festival « Nature Ain Hauteville-Lompnes » - 3ème - Catégorie Faune
Festival « Nature Ain Hauteville-Lompnes » - 5ème - Catégorie Macro
Golden Turtle (RU) - Top 100 - Catégorie Animal Behaviour

2020
Magical Nature (SLO) - Finaliste - Catégorie Autres Animaux

2019
Nature Photographer of the Year (NL) - Finaliste - Catégorie Mammifères

Pixel Nature
dans le cadre de la 10ème édition du Salon de la Photographie de Nature de BARR
Lauréat Prix du Public - Catégories Macro & Mammifères

10ème édition des Rencontres photographiques Animalière et de Nature (Marais du Vigueirat)
Lauréat - Catégories Macro & Mammifères

Magical Nature (SLO) - Finaliste - Catégorie Flore

2018
Monochrome Photography Awards - Mention Honorable - Catégorie Professional Wildlife
Concours International de Photo Nature du Marais de Séné - Finaliste - Catégorie Oiseaux

2017
International Photographer of the Year - Mention Honorable - Catégorie Professional Wildlife

 

Diverses parutions dans la presse national et international : Terre Sauvage, France.TV, Wakou, PhotoPlus magazine...

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