Photographes animaliers

Philippe GARCIA

Photographe professionnel dans le milieu sportif et naturaliste, Phil est l'auteur d'une dizaine de livres sur les techniques de prise de vue et les appareils numériques.

Ses images de nature ont été sélectionnées et exposées dans les festivals de photo-nature les plus prestigieux comme ceux de Namur ou Montier-en-Der.

Elles ont également fait l'objet de plusieurs articles dans la presse spécialisée ainsi que d’un beau livre sur le renard polaire, Melrakki.

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Entretien avec...

Quel cheminement personnel jusqu'à l'animal sauvage ?

Je n’ai pas vraiment eu besoin de faire un quelconque cheminement jusqu’à l’animal, car je suis un peu né dedans… Issu d’une famille de chasseurs Pyrénéens, je me souviens que mes premiers pas dans les montagnes ont été rythmés par les rencontres avec les isards, les cerfs et les grands tétras.

A l’âge où j’aurais pu prendre un fusil comme mon père, j’ai pris un appareil photo, car j’avais également une attirance particulière pour tout ce qui a trait à l’image (je rêvais d’être dessinateur).

Un maître à penser ? 

J’ai lu, admiré et apprécié, comme beaucoup, l’œuvre de Robert Hainard. J’aimais sa façon de voir la nature.

Une œuvre marquante ? 

Je n’en ai pas. Je crois que c’est plutôt un tout, dans ma jeunesse j’étais avide de voir un maximum de reportages sur les animaux ou les endroits les plus sauvages. Tous les thèmes me plaisaient. Si cela avait existé à mes débuts, je pense que mon œuvre préférée aurait été « Nat’Images ».

Si j'étais un animal sauvage ?

Je ne crois pas que je serais un renard, malgré mon affection et mon histoire avec cet animal. Non, je dirais plutôt que j’aimerais être un lagopède, imperturbable dans sa solitude glacée, mais que je serais plus vraisemblablement un grand tétras, avec la fragilité qui va avec.

Une belle émotion ou rencontre avec la faune ? 

Ma première véritable rencontre de proximité avec le renard polaire, une journée aussi mémorable par la rencontre elle-même que par l’endurance au froid que j’ai déployé ce jour là, mais qui m’a finalement rapporté ma première belle image de l’animal, celle que j’ai mise en couverture de mon livre Melrakki.

Un animal disparu qui reviendrait ?

Je ne suis pas nostalgique, ce que j’aimerais qui revienne, ce serait plutôt des hommes qui sauraient vivre à côté de tous les animaux sans vouloir les dominer ou les gérer.

Un animal fantastique qui existerait ?

Si vous trouvez la trace d’un yéti, je suis partant pour allez garder l’affût malgré le froid.

La photo ou la série à laquelle vous tenez particulièrement ?

Je pense que les images dont je suis le plus fier, ce sont celles de mon livre sur le renard polaire, qui représentent plus de 4 ans d’investissement personnel.

Les conditions difficiles dans lesquelles certaines ont été faites et les contacts privilégiés que j’ai pu tisser avec certains animaux leur donnent une saveur particulière.

Spot préféré ?

J’aimerais vous dire que ce sont les bois autour de chez moi dans les Pyrénées, mais malheureusement j’y vois trop de choses qui ne me plaisent pas et qui gâchent un peu mon plaisir.

Du coup je m’exile en Islande, à la recherche d’une nature plus sauvage, préservée et respectée. Pour combien de temps encore ?

Plutôt solitaire matinal pour méditer ou accompagnateur de groupe pour partager ?

C’est seul que je prends vraiment du plaisir, mais je comprends aussi que certains ne peuvent pas passer des jours et des jours pour trouver un spot ou un animal et fassent appel à des « guides ».

C’est pour cela que j’accompagne des petits groupes en Islande avec L’explographe (www.explographe.com), pour leur faire partager mes connaissances du terrain, mais surtout pour les initier dans une approche respectueuse de la nature en général. Le partage n’est positif qu’à ce prix.

Un lieu mythique ?  

Je me vois bien seul quelques temps au milieu d’une colonie de manchots en Terre Adelie.

Et la technique ?

Nécessaire. J’aime maîtriser tous les aspects d’une image et donc je cherche à être irréprochable techniquement. Même si ce n’est pas ça qui fait qu’une image sortira du lot, ça ne fait jamais de mal qu’elle soit aboutie techniquement.

Des urgences ?

Il y en a de nombreuses, à tous les niveaux.

J’aimerais déjà que l’on commence par une grosse refonte de la chasse en Europe, pour préserver la nature sauvage qui est à nos portes. Depuis un siècle que l’homme utilise le fusil pour chasser, il a profondément endommagé cette nature et si on ne fait rien rapidement, ce sera trop tard.

L’homme a vécu avec les animaux pendant des dizaines de millénaires, il faut être vraiment stupide pour croire que les fusils, apparus il y a deux siècles, sont nécessaires pour continuer.

Des conseils ? 

Un conseil qui ne sera sûrement jamais suivi : « Allez dans la nature avec pour seul matériel une paire de jumelles ». Choisissez une espèce, observez-la, comprenez-la, repérez-la et n’essayez de faire la photo qu’une fois tous ces éléments maîtrisés. Si vous y parvenez, vous aurez une photo qui aura vraiment une très grande valeur personnelle.

Une association à mettre en avant ?

Je travaille avec le Centre du renard polaire en Islande, qui mène des études sur l’animal et envisage des solutions pour sa protection. C’est parfois un joyeux bordel avec des scientifiques cartésiens, des volontaires écolo-végétariens et des chasseurs locaux qui mettent leurs connaissances de terrain au service des études, et adaptent même parfois leurs méthodes de chasse.

Une seule constante : tous sont attachés au renard polaire et prêts à vous mettre leur pied au cul si vous dérangez les animaux, ce qui constitue une très bonne base de protection.

Pour conclure ?

J’espère que les amateurs de photo animalière ont apprécié cette interview et qu’elle pourra, à son humble niveau, contribuer à rendre leur pratique plus respectueuse et éthique. En tant qu’acteurs de la nature, nous nous devons d’être irréprochables.

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Finaliste à Montier et Namur

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