Photographes animaliers

Jérôme GUILLAUMOT

Après avoir travaillé dans le domaine du conseil en organisation pendant 25 ans Jérôme Guillaumot consacre aujourd'hui l'essentiel de son temps à sa passion : la photo animalière.

Par son travail, il démontre que, dans le domaine de la photo nature, les meilleurs sujets peuvent se trouver aussi bien dans la lointaine savane africaine qu'à deux pas, dans un coin de son jardin.

Ainsi, les oiseaux, écureuils et insectes autour de chez lui fournissent des sujets photographiques inépuisables. L'auteur s'essaie à des variations infinies sur ces sujets "à portée de la main" pour tenter d'en tirer des images inattendues.

Dans sa série "Voltige", Jérôme Guillaumot a développé un concept de photographie sur fond blanc permettant de mettre en valeur les scènes d'actions, d'envols et de disputes des petits passereaux de nos contrées.

Natif de Montpellier, Jérôme Guillaumot passe beaucoup de temps à photographier ou simplement observer des espèces emblématiques de son Languedoc natal. En particulier, l'ordre des Coraciiformes qui comprend peut-être les plus beaux oiseaux de nos contrées (Rollier, Guêpier, Huppe, Martin-pêcheur) constitue depuis toujours un de ses sujets photographiques favoris.

A l'autre bout du monde, le continent africain et sa grande faune sauvage constitue son "terrain de jeu" favori. Botswana, Afrique du Sud, Zambie, Tanzanie, Kenya, Namibie, sont pour lui un gisement inépuisable de ravissement et de sujets photographiques.

Retrouvez ici l'article qui lui est consacré sur le site de Sciences et Avenir

A visionner également un reportage sur la parade de l'autruche : cliquez ici

Jerome Guillaumot - Photographe animalier - 26

Entretien avec...

Pourquoi l'animal sauvage ?

Ayant grandi «à la campagne » je me suis toujours intéressé à la nature. J’y ai découvert ce petit monde sauvage qui nous entoure en compagnie de mon grand frère qui a joué le rôle d’initiateur. Mes premiers contacts avec une faune plus exotique, je les dois au zoo de Montpellier, ma ville natale, zoo réputé notamment pour son « Vallon africain ». Plus tard, j’eus l’occasion de découvrir ces animaux dans leur environnement naturel et sauvage dans les grandes savanes d’Afrique de l’est. Un voyage qui a bouleversé mon existence.

Un maître à penser ? Nicolas Hulot un grand vulgarisateur et un homme engagé dans le concret de la protection de la nature.

Une œuvre marquante? 

Bence Maté, un jeune mais grand maître de la photo d’action.

Stéphane Hette pour son approche artistique qui m’a fortement inspiré.

Si j'étais un animal sauvage ? 

J’adorerais être un éléphant : sagesse, longévité, sociabilité. Un animal fantastique, quasi invulnérable. Bien entendu en mettant de côté son destin tragique et l’extermination dont il est l’objet et dont l’homme est responsable.

Une belle émotion ou rencontre avec la faune ?

Une rencontre avec un Kiwi qui tourne à l’expérience métaphysique en Nouvelle Zélande. Après 2 mois de recherche difficile de cet animal emblématique me voici sur Stewart Island où, quoi que certains guides laissent entendre, la rencontre avec le Kiwi reste très exceptionnelle.

Sur les conseils de mon hôte, je tente une observation de très bon matin avant le lever du jour à proximité de notre logement dans un secteur de lisière entre un résidu de forêt primaire et une zone ouverte. Il fait nuit noire, je progresse à la lumière de la lune de temps en temps aidé par ma mini torche.

Dès mon arrivée sur le site, j’aperçois une forme ronde à une  trentaine de mètre de la lisière au milieu de ce secteur ouvert. Impossible de croire qu’il puisse s’agir de l’animal tant convoité. Trop facile ! Je pointe ma torche pour vérifier. Houla, j’en crois pas mes yeux : c’est bien un Kiwi.

Après presque 2 mois et tant d’excursions infructueuses, voilà que l’oiseau se présente à 400 mètres de ma chambre d’hôte ! Mais, inquiété par cette lumière, pourtant discrète car je suis à 50 mètres muni d’une simple  mini-Maglite, l’oiseau se met en mouvement.

Ce fut bref ? Que non ! Au lieu de s’éloigner, le Kiwi fonce dans ma direction. 20 mètres : je ne bouge pas une oreille ; 10 mètres : je rêve ; 5 mètres : dois-je tenter une photo ? J’ai tout mon arsenal photographique sur moi (15kg !), mais je suis figé sur place n’osant bouger d’un millimètre de peur de rompre le charme. De toute façon, de nuit, seul le flash pourrait permettre une photo et ce serait la fuite plus que probable de l’oiseau. 1 mètre : c’est incroyable ! Pour une obs, ça c’est une obs !

Mais là où cela tourne à l’expérience métaphysique c’est quand le Kiwi s’approche presque à me toucher et puis avec son bec …mordille mon bas de pantalon. 2 ou 3 petits pincements et puis, oups, le voilà qui finalement s’éloigne, sans panique mais avec détermination vers la forêt proche.

Voilà qui fait ma journée, ma semaine et mon voyage. Pas de photo mais un moment ô combien étrange, extraordinaire et jubilatoire. Et je deviens du même coup l’un des rares humains à avoir été picoré volontairement par un Kiwi sauvage ! Une de ces rencontres animalières inoubliables qui vous font courir, patienter, voyager, transpirer et vous récompensent parfois de façon inattendue.

Un animal disparu qui reviendrait? J’adore les Félins alors je dirais : le Tigre à dents de sabre

Un animal fantastique qui existerait?

Un animal avec lequel on pourrait communiquer. Si un animal pouvait parler et nous raconter comment il voit l’homme cela changerait probablement à jamais nos rapport avec le monde animal.

La photo ou la série à laquelle vous tenez particulièrement ?

Ma série « Voltige » dans laquelle je m’attache à montrer des oiseaux communs de nos jardins dans des attitudes peu communes (vol, disputes) que seul l’appareil photo peut dévoiler car elles sont impossibles à discerner à l’œil nu du fait de leur rapidité. Une façon également de démontrer qu’en matière de photo les meilleurs sujets peuvent se trouver aussi bien au bout du monde qu’au fond de son jardin.

Spot préféré ? Mon jardin

Un lieu mythique ?  Le Delta de l’Okavango qui, même si je l’ai déjà visité, reste pour moi une destination magique.

Et la technique?

Certaines de mes photos peuvent apparaitre (notamment ma série « Voltige » sur les acrobaties aériennes des petits passereaux) assez techniques. Dans la pratique au quotidien ce qui compte avant tout c’est la maîtrise de son matériel : le connaître par cœur, avoir les boutons et réglages qui tombent magiquement sous nos doigts. Ceci afin de ne pas perdre de temps lorsque le sujet se présente.

Des urgences? 

La lutte pour la biodiversité m’interpelle et me motive beaucoup plus que les thèmes récurrents mis en avant par les mouvements écologistes politiques (Ogm, nucléaire, etc…). Bien entendu, la préservation de la biodiversité c’est à la fois la protection des milieux et celle des espèces animales. Dans notre pays, je mettrais en priorité la protection des grands prédateurs (Loup, Ours, Lynx), la préservation des zones humides, et des Parcs nationaux qui soient de vrais parcs nationaux. Dans le reste du monde, il faudrait pouvoir freiner la croissance démographique car c’est elle qui conduit à la domestication si ce n’est à la dévastation de la nature par des populations indigènes qui tentent de subsister. Mais je n’ai pas de solution ce qui me rend très pessimiste pour l’avenir. Il faut néanmoins se battre pour reculer l’échéance : mise en place de zones protégées, lutte contre les commerces illégaux, assistance aux pays en développement.

 Des conseils ? Pas vraiment. Il suffit d’être passionné pour surmonter les obstacles. Un seul mot : persévérance. Et puis…se lever tôt.

Une association à mettre en avant ?

Je suis adhérent à la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux). Une association au travers de laquelle on peut aussi bien apprendre à connaître les oiseaux mais également participer à leur protection.

 A mon petit niveau, je me suis lancé dans le suivi et la pose de nichoirs à destination des populations de Rolliers d’Europe de ma région. Un oiseau qui m’émerveille et qui est en statut NT (Near Threatened) de l’IUCN. Il n’y a guère qu’un millier de couples nicheurs en France et ses populations mondiales sont en régression. J’espère, à mon échelle, contribuer à renforcer ses populations. Une façon de rendre un peu à cette espèce qui m’a donné tant de plaisir photographique et naturaliste.

Pour conclure ?

Comme tous les photographes je suis toujours en quête et toujours un peu frustré car la photo de nos rêves est plus souvent dans notre tête que dans nos cartes mémoire, mais heureux de cette vie au contact de la nature.

 

 

 

Distinctions & Parutions

Jérôme Guillaumot a été primé dans de nombreux concours internationaux de photo nature, notamment au Véolia/Wildlife Photographer of the year (organisé par la BBC et le Muséum d'histoire naturelle de Londres), au concours Allemand du GDT, au concours de Montier en Der ainsi qu'au Festival de l'Oiseau et de la Nature.

Il publie régulièrement ses reportages dans des magazines spécialisés.

Expositions

Conférence sur la photo animalière et signature du livre Voltige : Castelnau le Lez (Palais des sports Jacques Chaban Delmas Rue de la Monnaie 34170 Castelnau le Lez ) - Mardi 28 avril 2015 à 19h30

Festival de la Photographie de Nature de Vourles (69390) du 30 Octobre au 1 novembre 2015

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