Photographes animaliers

Emile SECHAUD

Ayant grandi dans la campagne haut savoyarde, je me suis toujours intéressé au monde sauvage qui m’entourait… ainsi en découvrant la photographie en 2011 à l’âge de 15 ans, j’ai très naturellement choisi la nature comme source d’inspiration et sujet favori.

Depuis, mon boîtier et mes objectifs ne me quittent presque plus, que ce soit pour aller me balader dans mes montagnes ou découvrir des contrées lointaines.

Voyant la nature comme un tout à savoir mettre en valeur, j’essaye autant que possible de présenter le sujet avec son environnement, afin de montrer cette unité.

On oublie trop souvent que c’est un équilibre fragile où tous les éléments, toutes les espèces sont liés.

Pour cette même raison, les sujets qui se figent sur mon capteur vont des renardeaux au terrier au petit pissenlit du champ d’à côté en passant par de grandioses paysages alpins… en gros, un peu de tout !

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Entretien avec...

Quel cheminement personnel jusqu’à l’animal sauvage ?

J’ai grandi dans une maison isolée au beau milieu de la nature et ai donc, depuis ma plus tendre enfance, été habitué à aller parcourir seul les bois qui se trouvaient autour de chez moi et à croiser occasionnellement la vie qui les peuplait.

En grandissant, à l’adolescence, j’ai commencé à m’intéresser de plus près à un tout autre milieu au fil des sorties qui me faisaient le découvrir : la montagne. Ces moments passés dans certaines vallées isolées des Alpes m’ont beaucoup rapproché de la nature et du monde sauvage.

Un maître à penser ?

Etant très attaché au côté artistique de la photographie naturaliste, le travail de Vincent Munier m’a toujours émerveillé pour la poésie qu’il dégage. Michel d’Oultremont, Jérémie Villet ou encore Stefano Unterthiner (pour ne citer qu’eux) m’inspirent aussi beaucoup pour les ambiances et les émotions qu’ils arrivent à transmettre dans leurs images.

J’ai aussi de l’admiration pour des photographes comme Eric Dragesco, qui a réussi à photographier de nombreuses espèces mythiques d’Asie centrale. Sa démarche, sa patience et sa persévérance m’impressionnent.

Une œuvre marquante ?

Oui, un film de Jean-Michel Bertrand : « Vertige d’une rencontre ». Sa découverte a en fait été un véritable déclic pour la photographie animalière. J’ai tellement été saisi par la démarche du cinéaste, la poésie et la beauté des images que le lendemain déjà, je parcourais mes forêts avec le compact de mes parents à la recherche de scènes et d’animaux à photographier.

Si j’étais un animal sauvage ?

Sans doute un animal qui prend son temps, qui traque patiemment et intelligemment… et qui sait profiter de ses grandes aptitudes physiques pour parvenir à ses fins : un félin.

Une belle émotion ou rencontre avec la faune ?

L’émotion est vraiment présente à chaque rencontre, mais si je devais n’en citer qu’une qui a particulièrement marqué mon esprit, ce serait celle avec un jeune brocard peu après mes débuts dans la photographie. J’étais allongé par terre sans camouflage, et, très curieux, il s’est approché de moi jusqu’à venir me sentir le mollet (à une vingtaine de centimètres !). Il est ensuite resté brouter à mes côtés pendant plus d’une heure avant de s’éloigner tranquillement.

Je n’ai jamais compris les raisons qui l’ont fait rester près de moi ce jour-là, mais sa présence m’a fait ressentir une grosse dose d’adrénaline. (Le portrait ci-dessous est pris à 193mm, sans recadrage.)

Brocard

Un animal disparu qui reviendrait ?

Le Tyrannosaure, un reptile, prédateur, de grande taille… tout ce que j’aime bien !

Un animal fantastique qui existerait ?

Le dragon, plus ou moins pour les mêmes raisons qu’à la question précédente.

La photo ou la série à laquelle vous tenez particulièrement ?

En cette matinée de décembre à la recherche des bouquetins, je passe plusieurs heures sans même trouver le moindre signe de leur présence dans la neige. Le vent souffle très fort et le ciel dégagé me permet d’assister à un spectaculaire lever de soleil, magnifié par les millions de particules de neige emportées par les rafales. Ces conditions idéales me font penser à des photos de rêve… il me manque seulement un sujet.

Malheureusement l’heure passe, la belle lumière dorée se transforme… je commence donc à rentrer, vraiment déçu de ne pas avoir pu profiter pleinement de ces ambiances pour réaliser les images de bouquetin que j’avais en tête.

Sur le chemin du retour, je tombe par hasard sur ce bouquetin mâle. Il a beau être 11h, les lumières de décembre permettent encore d’essayer quelques images : je profite donc de cette occasion, d’autant plus que le vent n’a toujours pas faibli. Je me place de manière à avoir une falaise ombragée dans l’arrière-plan et le soleil en contre-jour, et réalise toute une série d’images !

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Au final, malgré des conditions lumineuses que je pensais devenues mauvaises, j’ai réussi à obtenir de bons résultats avec ce bouquetin. Je m’en rappelle donc maintenant à chacune de mes sorties, lorsque je commence à me dire que ça ne vaut pas la peine de rester plus longtemps, ou qu’il n’y a plus de bonnes photos à faire.

Spot préféré ?

De ceux que j’ai l’habitude de parcourir, je dirais l’ensemble des massifs alpins, car chacun a son charme et ses attraits et ils forment ensemble un vaste espace, avec une immense diversité de vie et de paysages dans lequel il est toujours possible de trouver quelques sentiers et combes isolées pour évoluer tranquillement. De plus la faune endémique des régions alpines me tient particulièrement à cœur.

Plutôt solitaire matinal pour profiter du moment ou accompagnateur de groupe pour partager ?

Ce sont deux approches complètement différentes mais que je trouve en fait assez complémentaires. J’aime beaucoup les deux et ne pense pas pouvoir me passer de l’une d’entre elles. D’un côté partir seul permet d’être en parfaite immersion dans le milieu et de voir, ressentir pleinement tout ce qui se passe autour de nous dans la nature. De l’autre, accompagner du monde ou partir avec des amis permet de montrer, sensibiliser et même apprendre… ce qui me plaît aussi beaucoup.

Un lieu mythique ?

Il y a en a tellement sur Terre qui tentent… mais l’Asie centrale me fait particulièrement rêver pour son aspect sauvage, isolée, méconnue… et pour le fait qu’elle abrite des paysages et espèces qui m’attirent particulièrement.

Et la technique ?

J’ai l’impression que plus je passe de temps à observer et m’imprégner d’une scène, d’une espèce… plus les idées de cadrage et autres choix à faire pour réaliser une photo viennent naturellement. Cela aide à identifier son ressenti, et à le transmettre à l’image. Pour moi ce qui est important c’est avant tout de bien connaître son terrain et son sujet pour pouvoir passer du temps en sa présence… et ensuite, photographier suivant son ressenti personnel au moment venu.

Le matériel peut aider, bien sûr, mais il ne pourra jamais remplacer le travail et la persévérance pour trouver son sujet, ni trouver une bonne manière d’immortaliser une scène.

Des urgences ?

Le climat, le braconnage, la déforestation etc. il y en a beaucoup (trop) et je ne sais pas si on peut en faire passer une avant les autres.

Des conseils ?

Comme beaucoup de photographes de nature le diront sans doute, le plus important c’est d’être patient et persévérant : une belle rencontre n’arrive (presque) jamais lors de la première sortie. Pour maximiser ses chances il convient aussi d’avoir de bonnes bases naturalistes… et de connaître parfaitement son matériel (et ses limites). Et si les premiers résultats tardent à arriver, c’est normal, tout est ensuite une question d’expérience du terrain.

Une association à mettre en avant ?

Je ne suis personnellement pas très investi dans le milieu associatif, mais admire le travail fourni par de petites associations locales qui œuvrent pour la sauvegarde ou le bon développement de certaines espèces etc.

Une suggestion pour aider à sensibiliser le grand public ?

Non pas vraiment de suggestion, mais je pense qu’à la vue d’une image qui retient son attention, le grand public peut être amené à s’intéresser à certains sujets qui ne lui seraient pas venus en tête sinon.

Pour conclure ?

Je n’ai pas grand-chose en tête… et me contenterai donc de remercier Faune sauvage pour ce portrait sur le site !

Distinctions & Parutions

Montier-en-Der 2017: Sélection "l'homme et la nature"

Montier-en-der 2014, concours jeunes: Clin d'oeil

Festimages 2014: 1er prix mammifères sauvages d'Europe

Festimages 2014: 2ème prix nature sauvage en villes et jardins

Festimages 2014: 1er prix jeunes

Montier-en-der 2013, concours jeunes: Clin d'oeil

 

Publication sur la faune des Alpes dans le Nat'Images n°41

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