Photographes animaliers

Pierre SELLIER

Ménigoute 2019 : je parcours les allées du chapiteau où se présentent associations, artisans locaux, marques photographiques et... exposants artistes et photographes. Mon oeil est attiré par une photo en noir et blanc : un cerf incroyable, portant,t une forêt sur la tête! Je n'en crois pas la mienne : impossible, cette photo a été prise dans un parc. Je me précipite sur le photographe, un jeune sympa portant chapeau noir et barbe fournie et l'interroge : c'est quoi ce cerf? Nouvelle-Zélande me répond t'il, ils ont tellement à manger qu'ils deviennent démesurés!

Cela me rassure et m'inquiète à la fois, cette "monstruosité" de la nature est donc bien naturelle!

Quel pays ce doit être, cette Nouvelle-Zélande; du coup, je parcours son exposition et découvre un talent.

Je ne peux en rester là, nous convenons d'un questionnement, d'une présentation : Rencontre avec un Indiana Jones du bout du monde!

 

Site : Photos Natur’Ailes

Mail :  sellierpierre@hotmail.fr

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Entretien avec...

Votre Parcours en quelques mots ? Je m'appelle Pierre Sellier, j'ai 35 ans, haut-alpin d'origine, j'ai eu la chance de grandir dans un environnement simple et sauvage au pays des Écrins. Mes parents étant des amoureux de nature et de montagne, j'ai pu arpenter émerveillé, ce qui m'entourait. Épaulé petit par mes parents et des amis naturalistes, la découverte de ma région fut riche.

Les Ecrins

Suite à mes études en écologie j'ai décidé d'émigré pour ce métier afin d'en apprendre plus sur ce qui nous compose et sa diversité. Je rentre de 7 ans de cavale sauvage au cœur du Canada et de Nouvelle-Zélande.
J'ai passé plusieurs années au Québec à travailler dans un centre de soins de rapaces, l'UQROP. Soins, suivis, animations, recherches, ce fut un poste très complet et une belle expérience.

New Zealand Fiordland at the Milford Sound

Puis afin de comprendre un peu plus les milieux, la Nouvelle-Zélande, où j’ai pu être technicien en conservation et restauration d’habitats. Ce fut une évidence en matière d’emplois et de richesses écologiques.

Je suis de retour depuis peu dans les Hautes-Alpes, où je m’implique de plus en plus.
Au sein du parc des Écrins pour le suivis des petits chouettes de montagne, pour des conférences sur l’éthologie des rapaces et mon expérience sur leur soins.


Je présente à certains festivals de nature une exposition « De Plumes et de Lumières », retraçant les lieux et espèces que j’ai pu côtoyer en tant que technicien en écologie.
Je viens de participer également au film « Marche avec les loups »  réalisé par Jean-Michel Bertrand dans le Champsaur.
Et prochainement je vais emmener des groupes découvrir l’habitat des petites chouettes de montagne.

Au final, j’ai découvert la photographie sur le tard, tout simplement au sein de mon travail en 2009, même si j’apprécie particulièrement les rapaces, je n’ai pas de thème de prédilection. Je suis émerveillé par toute chose, ce que j’observe ou ce qui m’entoure durant mon quotidien … la lumière étant la principale créatrice de beauté.

Quels sont vos maîtres à penser, vos références culturelles ? L’écrivain Henry D.Thoreau, pour sa connaissance avant-gardiste, sa littérature et sa philosophie engagée … ce fut dans ma jeunesse un fondement de mon exploration et compréhension de la nature avec « Walden, ou la Vie dans les bois ».

L’océanographe Jacques-Yves Cousteau, pour sa soif de connaissances et d’exploration, il a rempli les yeux et les rêves de toute une génération, nous faisant découvrir un autre univers juste à notre porte.

Le sculpteur Robert Hainard, pour son naturalisme, sa fascination pour le vivant qui l’entourait localement et son travail manuel qui rend tellement hommage aux instants naturels, enseignant le pouvoir de création.

Le photographe Vincent Munier, pour son éternel émerveillement devant toute chose, sa compréhension de l’animal dans son milieu et sa manière tellement personnelle de retranscrire les ambiances vécues du terrain.

Une personne qui te t’amène à croire en tes passions et regarder avec de grands yeux les petites choses du quotidien.

Le réalisateur Jean-Michel Bertrand, pour sa passion, sa ténacité et son amour de transmettre avec éthique.

Avec « Vertige d’une rencontre », ce fut la première fois que j’ai pu être autant ému devant un film, changeant mon regard sur la manière de passer des messages par l’émotion.

Pourquoi la faune/l’animal sauvage, la vie sauvage Ce qui m’attire dans la vie sauvage ? … le bien-être, l’observation, la curiosité pour notre monde, nos racines.
La beauté et diversité du comportement animal et naturel.
Quand je suis dans ces milieux, à suivre le rythme des êtres qui les composent, plus j’observe plus j’ai l’impression d’en faire partie et de mieux me comprendre.
Le sauvage est vraiment enrichissant.

Si vous étiez un animal sauvage, lequel ? … Un aigle royal je pense, par admiration … il incarne tellement de choses depuis tout petit, « toujours derrière mon épaule ». Un animal avec des aptitudes invraisemblables, une prestance envoutante et un rôle fondamental.

Aigle royal/Pinterest.com

La ou les deux plus belles rencontres de vie/faune sauvage ? À 8 ans, un âge où toute découverte est exotique, ce fut un face-à-face avec un lynx … tellement naturel, innocent, empli d’émotions. En randonnée avec ma maman, nous venions de passer un torrent par un pont de pierre et il est remonté sur la berge par le pont, s’arrêtant quelques secondes pour nous regarder et se lécher la patte, puis reparti. Un souvenir d’un gros chat avec un regard d’une confiance calme … une émotion encore tellement présente, Je me laisse à penser que ce fut la rencontre qui a cristallisé la beauté de la nature dans mon cœur.

Lynx/Wikipedia

Votre/vos lieux de nature préféré ? Ayant habité à diverses places dans le monde, je retiens un coin pour chaque lieu.

En France je dirai un lac de montagne, le Lac bleu dans le Champsaur, un lac miroir où les sommets ainsi que la voie lactée s’y reflètent. Beaucoup de souvenirs, d’enfances comme d’adultes s’y mélangent.

France/Pierre Sellier

Au Canada, c’est également un lac, j’avais pour habitude chaque année de partir pour une semaine de pêche en bivouac/canot avec un ami. C’était toujours rempli de rencontres sauvages, d’aventures et de sourires.

Canada/Pierer Sellier

Et en Nouvelle-Zélande, c’était une baie au bord du Pacifique, formée par le volcanisme, c’était du sable blanc encerclé par des remparts de lave et de végétation. Seul au monde avec le silence, les vagues et oiseaux dans le vent.

Nouvelle Zélande/Pierre Sellier

Le lieu mythique où vous rêvez d’aller ? Je dirai qu’il y a deux lieux où je me laisserai bien aller…
Le Kamchatka, terres sauvages boréales, avec la présence du pygargue de Steller en nidification. Je le trouve tellement beau et atypique, presque d’un autre temps … le dragon dans mes rêves.

La Patagonie, terres sauvages australes, là où la météo est la chef d’orchestre, jouant de la lumière dans un cadre féerique.

L’œuvre (une des vôtres ou celle d’un autre, un livre, un poème, une œuvre artistique, autre chose) qui vous semble symboliser le mieux votre parcours ?
« La nature a voulu que nos besoins fussent la source de nos plaisirs » … un proverbe qui représente pour moi la raison du besoin de réintégration, retrouver notre lien avec la nature et donc le respect essentiel que l’on lui doit.

Quel matériel utilisez-vous en nature ? Étant naturaliste depuis petit, les premières choses que j’ai pu avoir ont été des jumelles et un carnet de notes, choses qui ne m’ont toujours pas quitté.
Quand je me suis mis à la photographie, c’était pour permettre de prendre en photo ce que je voyais aux jumelles, transmettre cette vision féerique mais éphémère.

J’ai débuté avec un reflex Canon 50D et un 17-85mm ainsi qu’un Sigma 300mm 2.8. Par la suite j’ai eu besoin de plus de dynamisme et de sensibilité iso donc j’ai eu un Canon 1D mark IV puis un objectif vraiment dédié au paysages et ciels étoilés un Canon 16-35mm 2.8.
Dernièrement, j’ai changé mon matériel photo pour passer sur quelque chose de globalement plus léger et silencieux, un hybride sans miroir, Sony alpha 9, Sony 70-200mm 2,8, multiplicateur 2x, Sony 24-70mm 2.8, Canon 16-35mm 2.8, Canon 100mm 2.8.

Et quelles techniques de rencontre avec l’animal sauvage ? Vaste question … le tout est de déranger le moins possible par notre présence.

Cela va dépendre des espèces, donc d’où le grand intérêt de connaitre les lieux et ses sujets de photos. Dans mon cas il y a souvent une phase d’approche avant tout affut afin d’optimiser le placement et l’observation. Ce sont deux techniques complémentaires mais foncièrement différentes.

L’une, l’approche, est de l’exploration, du pistage, de l’optimisation de mouvements, cela permet de faire des rencontres surprenantes.

L’autre, l’affut, est de l’attente, de l’observation, du silence … disparaitre dans le milieu afin d’en percevoir la dynamique animale.
Ce qui revient pour les deux façons d’approcher la nature avec précaution, c’est d’être présent sur le terrain avant les piques d’activité des espèces, un peu avant le lever de soleil ainsi qu’en fin de journée.
Essayer de se mettre à la place de l’animal, de percevoir leur comportement afin de rester à la place de l’humain non dérangeant.

Un conseil au débutant dans votre activité ? Pour ma part, je perçois en l’observation naturaliste un refuge personnel, vivre des moments avec soi, ressentir des émotions qui ne sont explicables. C’est à ce moment-là pour moi, que la photographie rentre en jeu afin de retranscrire une rencontre ou une ambiance vécue.  Même si c’est une activité assez solitaire sur le terrain, dans le fond on n’est jamais seul, les passions sont rassembleuses, je suis souvent en échanges avec d’autres naturalistes de la région, cela permet d’avoir une vision globale du territoire.
Le partage est tellement enrichissant et primordial lors de l’observation d’espèces.

L’intérêt et le respect de son sujet sont fondamentaux.
Durant toutes ces années au contact de la photographie animalière, j’ai pu constater que nous n’avions pas forcément les mêmes visions, principes ou éthique sur le sujet. Le dérangement et l’appâtage des espèces est un dossier vaste et épineux qui ne se résoudra pas si facilement. Mais il y a la possibilité d’amener le public et des photographes à se poser la question sur l’envers d’une image, par intérêt ou volonté d’éthique.
Réaliser cette chance d’avoir du temps, d’être passionné et curieux afin de découvrir ce qui nous entoure, si cela nous émeu, profitons-en et partageons.

Un animal disparu revient, lequel ? Le mammouth sans aucun doute, animal emblématique à l’évolution et adaptation impressionnantes.

J’en ai toujours rêvé et envié les hommes qui ont pu les côtoyer lors du dernier âge glaciaire.

Une initiative prise ou à prendre en faveur de la faune sauvage, laquelle ? Afin d'assurer la survie des espèces animales et végétales, il est important à mon sens de mettre l’accent sur la protection des habitats en leur globalité mais aussi sur les corridors écologiques, permettant aux espèces d’y vivre dans des conditions favorisant leurs déplacements et leur cycle de vie, cette démarche a pour but également de faciliter leur adaptation aux changements climatiques.

Une urgence pour la faune sauvage ? Je pense qu’il y en a plus d’une …
Il est bien là le problème, la vie sauvage est fragilisée de toute part et à différentes échelles.
Dans sa globalité par notre excès de consommation.
Dans sa composition par notre intense pollution.
Dans sa chair par notre cruauté.

Une association qui vous tient à cœur ?  Dur de faire la promotion d’une structure en particulier, chacune étant essentielle et le maillon d’une chaine.
De façon générale, l’ensemble des centres de soins de faune sauvage, pour leur dévouement, leur courage et leurs actions primordiales. Ces actions prises pour l’aide et la préservation de la faune sont à échelle humaine, c’est pourquoi nous pouvons tous en être acteurs …
Retrouvez les adresses des centres proches de chez vous ici : https://www.hegalaldia.org/liste-des-centres-de-soins-pour-animaux-sauvages-en-france/

Pour conclure, vous disparaissez ce soir, qu’aimeriez-vous laisser comme message aux autres ?
Restez ému, émerveillé par cette nature, vous transmettrez toujours cette belle émotion.

 

Distinctions & Parutions

2015 BirdsAplenty Photo Competition Nouvelle-Zélande  – Coup de cœur du jury

Expositions

Étant les premières années ou j’ai la possibilité d’exposer mon travail, j’ai pour le moment une seule exposition,
« De Plumes et de Lumières », que j’ai pu présenter dans différents festivals et expositions.
- Aout, Septembre, Octobre 2017 – Galerie Künstlercafe Husum, Allemagne
- Décembre 2017 – Mairie de Gap
- Mai 2018 – Festival de film Retour du Monde, Pont-du-fossé
- Aout 2018 – Mairie de Saint-bonnet en Champsaur
- Mai 2019 – Festival de photographie nature de Crots
- Novembre 2019 – FIFO Ménigoute
Je suis en préparation pour une future série, quelque chose de plus actuel pour moi dans sa composition, mêlant espèces et milieux locales, des atmosphères contrastées et un jeu de créativité. Elle sera surement en présentation fin 2020.

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