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CITES 2016

En Afrique du Sud, la Convention internationale sur le commerce d'espèces sauvages menacées d’extinction se tient jusqu'au 5 octobre. Pendant dix jours, plus de 180 pays vont discuter et une soixantaine de propositions sont sur la table pour assouplir ou durcir les restrictions commerciales concernant quelque 500 espèces. Rhinocéros, éléphants, lions, pangolins, mais également requins. Avec une attention toute particulière cette année pour les éléphants d'Afrique, dont la population est en fort déclin.

L'une des espèces les plus protégées, le rhinocéros blanc. Il en reste environ 20 000 en Afrique du Sud qui abrite 80% de ces mammifères encore en vie. Mais leur nombre ne cesse de baisser. 2014 a été la pire année avec 1 215 rhinocéros tués, la plupart dans le célèbre parc Kruger. Le commerce international de cornes de rhinocéros est pourtant interdit, mais le braconnage a explosé en raison notamment de la demande en Asie où la corne est utilisée dans la médecine traditionnelle.

Autoriser la vente d'ivoire pour préserver les éléphants ?

Autre espèce à faire les frais du braconnage, les éléphants. Selon la dernière étude, la population des éléphants d'Afrique a décliné d’un tiers en sept ans. Parmi les pays avec le plus fort déclin, l'Angola, le Mozambique, la Tanzanie. Principal responsable, le braconnage. Le commerce international d'ivoire est interdit. Mais sur le marché noir, un kilo d'ivoire se négocie autour des 900 euros. Et la demande est très forte du côté de la Chine. La Namibie et le Zimbabwe veulent lever le moratoire sur ce commerce pour financer la protection.

Selon la ministre sud-africaine de l’Environnement, Edna Molewa, Pretoria est également en faveur de cette proposition. « Nous sommes préoccupés car nous avons d’importantes populations d’éléphants. Et cette surpopulation par endroit pose problème, car elle a un impact sur la végétation. Le problème n’est pas seulement financier, mais comment gérer ces populations d’éléphants afin qu’on puisse assurer la durabilité de la végétation, et en même temps s’assurer d’avoir des fonds pour financer la protection de ces animaux, justifie-t-elle. En Afrique du Sud, nous avons d’importants stocks d’ivoire. Et parallèlement, nous avons une population d’éléphants en hausse qui parfois provoque des conflit avec la population. Et donc, nous avons besoin d’argent afin de restaurer l’habitat qui a été détruit par ces éléphants et restaurer l’écosystème. Cet argent, ce n’est pas pour nous enrichir, mais pour financer la protection de ses animaux. »

« Certains pays d'Afrique australe estiment qu'un commerce régulé de l'ivoire est la seule façon de sauver les éléphants parce que c'est la seule façon de générer des revenus pour la protection de ses animaux, explique Ross Harvey, de l'institut sud-africain des relations internationales. D'autres pays africains argumentent qu'autoriser toute vente ne fera qu'empirer le braconnage. Que celui-ci ne dépend pas de la bonne gouvernance d'un pays, mais de la facilité avec laquelle les braconniers peuvent atteindre les éléphants et faire sortir l'ivoire du pays. »

Pour Harvey, autoriser la vente de stock d'ivoire n'est pas une solution. En 2008, la Convention internationale sur le commerce d'espèces sauvages menacées d’extinction (Cites) avait autorisé la vente de 108 tonnes d'ivoire, ce qui n'avait pas pour autant réduit le braconnage. Selon l'organisation WWF, 30 000 éléphants sont tués chaque année.

Lions, requins et pangolins...

Parmi les autres espèces qui vont faire l'objet d'une attention particulière, les lions, les pangolins, l’un des animaux les plus braconnés au monde pour sa chair, et les requins. La Cites va étudier des propositions visant à ajouter les requins soyeux et les requins renard à la dizaine de requins déjà protégée. Le commerce des ailerons utilisés dans des soupes en Asie a provoqué un sérieux déclin de leur population.

Selon Luke Warwick, de l'organisation PEW, en moyenne un million de requins sont tués chaque année. « Cela a pris près d'une décennies pour que les gens prennent conscience que les problèmes auxquels font face les requins et les raies sont similaires aux animaux terrestres, souligne-t-il. C'est facile de compter les animaux sur terre. Mais pour les requins, c'est beaucoup plus difficiles. Et ce n'est que maintenant, alors qu'on est en train de perdre de nombreuses espèces, qu'on se rend compte combien il y en a réellement. De même, on commence tout juste à comprendre l'importance des requins dans l'écosystème. Ils jouent le même rôle que les prédateurs sur terre. Je prends l'exemple des loups qui ont été réintroduits dans le parc Yellowstone aux Etats-Unis, et qui ont évité la destruction de l'écosystème. On se rend compte que les gros requins ont le même rôle dans l'écosystème marin. Si on les perd, on dérègle cet équilibre et on perd un certain nombre de poissons, de coraux, qui eux génèrent de la pêche et du tourisme. Donc on comprend maintenant qu'il faut protéger les requins, qu'ils jouent une part importante dans l'équilibre des océans que nous n'avions pas mesuré auparavant. »

Pour l'ONG Humane Society International, soit les pays membres arrivent à s'entendent pour les protéger au maximum, soit ces animaux emblématiques risquent de disparaître.

Source : RFI



 

 

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