19% des loups français pourront être abattus chaque année

L’Etat va relever le quota annuel de loups à prélever jusqu’à 19% des effectifs, a annoncé Emmanuel Macron lors d’un débat organisé jeudi 7 mars à Gréoux-les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence). Un chiffre qui hypothèque l’avenir du loup en France.

Début décembre 2018, l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) indiquait que les loups français dépasseraient probablement les 500 individus fin hiver-début printemps 2019. Ce seuil de 500 était l’objectif fixé par le gouvernement dans son plan national d’action (PNA) sur le loup et les activités d’élevage, couvrant la période 2018-23. Or ce même PNA indiquait que «le dispositif de gestion de la population de loups [serait] rééxaminé», une fois ce seuil atteint.

L’ONCFS et le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) ont mené des travaux en ce sens en janvier, et les ont transmis aux ministères de la transition écologique et de l’agriculture. Sur cette base, le gouvernement décidera des mesures de gestion à mettre en œuvre. L’option d’un relèvement du nombre de loups à abattre ne faisait aucun doute: elle était clairement mentionnée dans le projet ‘post-500 loups’ présenté en février aux membres du Groupe national loup (GNL).

7% D’ANIMAUX ABATTUS EN PLUS PAR AN

Interrogé au sujet du loup lors d’un débat organisé à Gréoux-les-Bains, Emmanuel Macron l’a confirmé: «on va passer d’un seuil prélèvement de 10-12% à un seuil de 17-19%». Réactualisé dans la foulée du PNA par voie de deux arrêtés publiés en février et septembre 2018, le dispositif actuel prévoit en effet d’autoriser des tirs annuels (défense, prélèvement) jusqu’à 10% des effectifs, et une fois ce seuil atteint, d’achever l’année par des tirs de défense (simple et renforcée) jusqu’à 2%[i].

L’Etat s’oriente donc vers un relèvement de 7% du seuil actuel, avec un seuil de 17% pour les tirs de défense et de prélèvement, éventuellement assorti d’un surplus de 2% pour les tirs de défense pour atteindre 19%.

Or le taux annuel de croissance des populations de loups s’établirait autour de 12%, avec un intervalle de variation compris entre 5% et 25%, selon des calculs effectués par l’ONCFS et le MNHN dans une expertise publiée en mars 2017. Il n’est donc pas exclu, au vu de cette marge de confiance, que la population continue à se développer, avec un seuil fixé à 19%, mais les chances s’amenuisent de la voir aller au-delà de 500 individus.

UN SEUIL QUI POURRA ÊTRE REVU À LA BAISSE

Interrogé par l’Agence France-Presse (AFP), le ministère de la transition écologique considère que ce taux ne remettra «aucunement en cause la viabilité démographique de l’espèce». Il pourra être revu à la baisse «si des indices de diminution des populations de loups en dessous du bon état de conservation étaient observés». Quant à la viabilité génétique, que l’ONCFS et le MNHN situent entre 2.500 et 5.000 individus, il n’en est nullement question.

Promettant «un peu plus de souplesse» dans l’application des prélèvements, Emmanuel Macron «va donner la possibilité dans chaque département d’avoir une réponse adaptée au plus proche du terrain»: «il y a des endroits où la prédation est permanente, récidivante dans telle vallée ou dans telle autre, cela veut dire qu’on a des populations plus problématiques, avec probablement une meute qui s’est structurée. Il faut pouvoir répondre de manière plus pragmatique et différenciée».

Le projet ‘post-500 loups’mentionnait en effet la création d’un nouvelle zone, dite ‘cercle 0’, au-delà des cercles 1 et 2 actuels, où les tirs de défense simple et renforcée seraient fusionnés. Au lieu d’un seul tireur cantonné à son troupeau, tout acte de défense pourrait inclure trois tireurs, dont deux s’éloignant du troupeau à la recherche du loup.

Journal de l’Environnement

[i]Une fois ces ‘10 + 2%’ sont atteints –ce qui a été le cas fin novembre pour 2018-, l’année peut s’achever avec des tirs de défense simple, sans aucune limite d’effectif. Ferus et  l’Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas) ont annoncé début décembre 2018 déposer plante contre la France auprès de la Commission européenne au sujet de cette mesure.