500 loups en France, pas moins… pas plus?

De nouvelles mesures de gestion du loup devraient être annoncées au printemps, a appris le JDLE auprès de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS). Il semble d’ores et déjà douteux que l’Etat souhaite aller très au-delà de 500 loups, seuil qui sera probablement atteint à la sortie de l’hiver.

Jeudi 6 décembre, l’ONCFS faisait état d’une nouvelle progression du loup en France, avec une présence qui s’affirme sur le pourtour méditerranéen et dans les Alpes. Après une estimation de 430 individus en fin d’hiver dernier, il est probable que les prochaines estimations, fin d’hiver-début printemps 2019, dépasseront le seuil de 500 –soit une croissance annuelle dépassant 16%.

Ce chiffre de 500 était l’objectif fixé par le gouvernement dans son plan national d’action (PNA) sur le loup et les activités d’élevage, présenté en décembre 2017 pour la période 2018-2023. D’où provient-il? D’un rapport du Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) et de l’ONCFS, publié en mars 2017: celui-ci faisait en effet état d’un seuil de viabilité démographique de «400 à 500 individus», permettant d’éviter un risque minimum d’extinction de 10% à 100 ans.

VIABILITÉ DÉMOGRAPHIQUE, VIABILITÉ GÉNÉTIQUE

Or ce rapport fixe une autre fourchette, située entre 2.500 et 5.000 individus, qui correspond à un seuil de viabilité génétique: il s’agit de celui qui permettrait à la population lupine «de s’adapter aux changements futurs et ainsi assurer sa viabilité sur le long terme». Le gouvernement français est-il désireux d’assurer au loup français une telle viabilité génétique?

Si le seuil de viabilité génétique est loin d’être atteint, les loups français ne semblent pas souffrir d’une forte consanguinité. En cause, un flux de gènes en provenance de loups des Appenins, leur population d’origine. A terme, ces apports génétiques, bénéfiques pour la population, pourraient même provenir d’Allemagne et d’Europe de l’Est, voire de la péninsule ibérique.

Rien ne semble moins sûr. «S’il n’y avait aucun dégât sur les troupeaux, on pourrait sans peine aller jusqu’à bien plus individus.  Mais le vrai enjeu c’est l’acceptation sociale», explique Murielle Guinot-Ghestem, chef de l’unité «prédateurs-animaux déprédateurs» de l’ONCFS.

Une fois l’objectif de 500 atteint, le PNA indiquait que «le dispositif de gestion de la population de loups [serait]réexaminé». Une tâche à laquelle s’est attelé l’Etat, dont l’ONCFS: si ces travaux sont encore «confidentiels», de nouvelles mesures de gestion pourraient être rendues publiques «au printemps», une fois les nouvelles estimations d’effectifs connues, indique Murielle Guinot-Ghestem.

12%, ET UN PEU PLUS

En matière de «prélèvements» de loups, qui s’effectuent sous forme de dérogation au statut protégé de l’espèce, la France pousse déjà le bouchon assez loin. A la suite du PNA, deux arrêtés publiés en février et en septembre prévoient d’autoriser des tirs annuels s’élevant jusqu’à 10% des effectifs. Si ces 10% sont atteints, l’Etat peut réautoriser des tirs de défense (simple et renforcée) à hauteur de 2%…

Suite de l’article de Romain Loury dans le Journal l’Environnement du 20 décembre