Afrique du Sud : le nombre de rhinocéros braconnés en baisse en 2017

Un total de 1 028 rhinocéros ont été tués en 2017 en Afrique du Sud par les braconniers, soit 26 de moins que l’année précédente en dépit des mesures de protection de ces animaux, a annoncé jeudi le ministère de l’Environnement.

Au delà du rhinocéros

L’Afrique du Sud abrite environ 80% de la population mondiale de rhinocéros, victimes du commerce de leurs cornes en Asie.

Le WWF Afrique du Sud a fait part de sa préoccupation à ce sujet après l’annonce de l’abattage illicite de 1 028 rhinocéros au cours de l’année 2017 là où 1 054 victimes avaient été répertoriées en 2016. Après avoir atteint un pic en 2014 avec 1 215 animaux tués, le braconnage connaît depuis trois ans une légère baisse.

Les derniers chiffres semblent par ailleurs révéler l’existence d’impacts sur d’autres espèces, comme en témoigne le nombre d’éléphants abattus dans le Parc national Kruger, passé de 46 à 67 individus entre 2016 et 2017. Ces tendances émergentes appellent une action d’autant plus urgente que toute aggravation du phénomène similaire à celle connue par le passé dans le cas du rhinocéros doit absolument être évitée.

Infographie rhinocéros braconnés 2017

Des chiffres « inacceptablement élevés »

Si l’on veut remédier au braconnage et aux dégâts qu’il occasionne tant chez les humains que chez les espèces sauvages, il nous faut faire plus pour enrayer la corruption, qui facilite le commerce.

Pour l’organisation de défense des animaux TRAFFIC, les chiffres publiés jeudi restent « inacceptablement élevés ». « Avec près de trois rhinocéros tués par jour en Afrique du Sud, le fait est que la crise reste très intense », a estimé Tom Milliken, responsable du programme rhinocéros à TRAFFIC.

Pour le Dr Jo Shaw, Responsable du Programme Rhinocéros d’Afrique au WWF International, « le trafic d’espèces sauvages reste une menace omniprésente pour les rhinocéros, mais également de plus en plus pour d’autres espèces, comme les éléphants et les lions, qui font venir les touristes et les emplois dans nos zones protégées. Au-delà de ça, ces crimes affectent les populations habitant aux abords de nos parcs, car ils les font entrer en contact avec des criminels en relation avec des trafiquants internationaux.»

Margaret Kinnaird, Responsable du Programme Vie sauvage au WWF, suggère des solutions complémentaires : « Le fait de savoir que le nombre de rhinocéros tués illégalement en Afrique du Sud recule pour la troisième année consécutive est encourageant. Cela dit, le chiffre demeure encore beaucoup trop élevé. Nous ne devons pas non plus oublier le combat que mènent au quotidien les gens dont la sécurité et les moyens de subsistance sont menacés par ce commerce illicite. Si l’on veut remédier au braconnage et aux dégâts qu’il occasionne tant chez les humains que chez les espèces sauvages, il nous faut faire plus pour enrayer la corruption, qui facilite le commerce, et aussi faire évoluer le comportement du consommateur, surtout en Asie, de manière à assécher la demande de produits illégaux d’espèces sauvages, dont la corne de rhinocéros. »

L’action du gouvernement sud-africain

Au cours de l’année 2017, l’action du gouvernement sud-africain s’est accompagnée de succès attribuables à l’Approche de gestion stratégique intégrée du rhinocéros, axée sur la mise en œuvre des recommandations de la Commission d’enquête, pour laquelle la légalisation de la corne de rhinocéros permettrait d’améliorer la gouvernance en la matière et, ce faisant, de préserver l’espèce. La multiplication des condamnations pour activités illicites touchant au rhinocéros, notamment de membres influents de groupes criminels, ainsi que le renforcement du soutien apporté à l’engagement des communautés dans le prélèvement économique légal d’espèces sauvages, constituent assurément des progrès en ce sens.

Pour autant, ni la Stratégie nationale intégrée de lutte contre le trafic des espèces sauvages (NISCWT), ni la Réglementation du commerce intérieur de la corne de rhinocéros, ne sont encore appliquées. Plus largement, c’est une coopération accrue qui s’impose entre l’Afrique du Sud et les grands pays consommateurs d’Asie pour instruire et poursuivre l’acheminement et la consommation illicites de la corne de rhinocéros et d’autres produits de la vie sauvage.