ARTE, Samedi 7, 21h : « Sauveurs d’espèces, un espoir pour notre planète »

Au !l d’un entretien avec Jane Goodall, des initiatives pour aider des animaux menacés de disparition sont présentées.

Le 15 octobre, plusieurs médias reprenaient une étude menée par l’université d’Exeter, au Royaume-Uni : « Regarder de la nature à la télévision peut aider à améliorer l’humeur et combattre l’ennui », écrivait la doctorante Nicky Yeo dans ses conclusions. Une bonne nouvelle en ces temps recon!nés, à tester en regardant Sauveurs d’espèces : un espoir pour notre planète, un documentaire animalier composé de plusieurs reportages dans des centres de sauvegarde ou de réadaptation pour animaux, reliés entre eux par un long entretien avec l’éthologue britannique Jane Goodall.

En dépit de son titre optimiste, il faut se forcer pour garder le moral durant les premières minutes de ce documentaire, alors que la voix off dresse le bilan de notre planète « malade » à cause de « l’humain ». Aujourd’hui âgée de 86 ans, Jane Goodall se promène dans son jardin anglais à Bournemouth, sa ville natale, les cheveux blancs attachés, impeccable et souriante. L’humain est également le seul à pouvoir rétablir l’équilibre sur Terre, dit-elle, à condition qu’il se dépêche d’agir dans la « petite fenêtre temporelle » qui lui reste.

Certains ont pris de l’avance. Dans la partie indonésienne de la forêt de Bornéo, la plus ancienne forêt tropicale au monde, menacée par l’agriculture intensive, la Fondation BOS (Borneo Orangutan Survival Foundation, BOSF) œuvre depuis 1991 pour la sauvegarde des orangs-outans. Deux centres accueillent 700 primates, avec pour objectif de les réintroduire dans la nature. Pour y parvenir, les plus jeunes, nés en captivité ou recueillis très petits, vont à « l’école de la nature ». Il est assez inattendu de voir les professeurs « humains » montrer à leurs élèves orangs-outans comment grimper aux arbres ou chercher leur nourriture.

Déménagement de fourmilières

Dans la savane kényane, le téléspectateur fait connaissance avec les deux dernières représentantes des rhinocéros blancs du Nord. Les deux femelles sont tellement précieuses qu’elles sont protégées par des hommes armés en attendant que, dans les laboratoires, les chercheurs mettent au point une technique d’insémination arti!cielle qui éviterait la disparition de cette sous-espèce. Deux rhinocéros blancs femelles du Sud sont déjà pressenties pour devenir mères porteuses…

On pense moins à l’Allemagne comme pays abritant des espèces sauvages en péril. C’est pourtant dans la plaine du Brandebourg qu’une biologiste s’est spécialisée dans le déménagement de fourmilières menacées par la construction d’une route ou d’un lotissement. Son visage s’illumine de plaisir lorsqu’elle saisit les amas de terre grouillant de vie à pleines mains, sans gants. Même si, de son propre aveu, les fourmis mordent.

Entre deux reportages, le ton culpabilisateur du commentaire tranche avec la réussite des initiatives. Comme dans les Andes équatoriennes, où une grenouille noire que l’on croyait éteinte depuis les années 1980 est reparue.

D’autres « sauveurs d’espèces », en revanche, n’ont pas encore réussi leur mission. C’est le cas du zoologue Stephen Blake, qui tente d’expliquer ce qui intriguait déjà Charles Darwin au XIXe siècle, à savoir la migration des tortues géantes des Galapagos. Une migration très particulière, sur 30 kilomètres et à la vitesse moyenne de 250 mètres par jour.

De son salon anglais, Jane Goodall salue : « Plein de gens font des choses extraordinaires. » Devant sa télé, l’humain ne peut qu’acquiescer.

Le Monde/7 novembre