Californie: les pesticides de la marijuana contaminent la faune

En Californie, les chouettes et les martres sont contaminées par des rodenticides, utilisés sur les cultures illégales de marijuana. Une situation qui pourrait s’aggraver du fait de la légalisation de l’usage récréatif, en vigueur dans cet Etat depuis le 1er janvier, selon une étude publiée dans la revue Avian Conservation & Ecology.

Aux Etats-Unis, huit Etats ont légalisé la consommation de marijuana à but récréatif. Dernier en date depuis le 1er janvier, la Californie a été le premier à l’autoriser à visée uniquement médicale, dès 1996. Or la culture du cannabis, très énergivore, constitue une menace pour la faune sauvage. En particulier du fait des rodenticides, épandus afin de protéger les plantations contre les rongeurs –attirés par l’odeur de la plante.

En 2012, Mourad Gabriel, de l’Integral Ecology Research Center (University of California Davis), et ses collègues avaient déjà montré un effet très délétère des plantations sur la martre pêcheuse (Pekania pennanti), mustélidé qui se nourrit de rongeurs. Dans une nouvelle étudemenée au nord-ouest du Golden State (comtés de Humboldt et de Del Norte), les chercheurs confirment la contamination de toute la chaîne alimentaire.

UNE CHOUETTE DÉJÀ MENACÉE

L’équipe s’est intéressée à la chouette tachetée du nord (Strix occidentalis caurina), espèce menacée d’extinction. Sur les 10 individus morts recueillis par les chercheurs, sept (soit 70%) présentaient des traces de deux rodenticides, la bromadiolone et le brodifacoum. Deux produits anticoagulants, qui provoquent des hémorragies internes mortelles chez les rongeurs qui les ingèrent.

Idem chez une autre espèce, la chouette rayée (Strix varia): 40% des individus recueillis (34 sur 84) étaient contaminés, là aussi à la bromadiolone et au brodifacoum. Selon les chercheurs, le fait que la contamination soit moins répandue chez cette espèce s’expliquerait par son régime plus varié, constitué de seulement 60% à 70% de rongeurs (contre 81% à 96% pour la chouette tachetée du nord).

UNE LÉGALISATION QUI POURRAIT ACCENTUER LE PROBLÈME

Selon l’équipe, le comté de Humboldt compterait entre 4.500 et 15.000 plantations illégales, le plus souvent plantées en forêt. Malgré la légalisation, rares sont les exploitants à avoir demandé des permis aux autorités. Selon les chercheurs, les plantations sauvages pourraient même croître en nombre et en taille, accroissant la contamination des chouettes. D’autant que celles-ci chassent préférentiellement à la lisière, et que les plantations fragmentent la forêt.

Si aucune des chouettes recueillies ne semble être décédée d’une intoxication aux rodenticides, l’exposition répétée à des doses non-mortelles pourrait avoir des effets très nocifs sur elles, que ce soit sur la santé des individus ou celle de leur progéniture, la contamination par les rodenticides étant transmise aux œufs.

Journal de l’Environnement / Romain Loury / 15 janvier 2018

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