Chasse à la baleine: l’Islande relance ses harpons

Avec ses 20 mètres de long en moyenne, le rorqual commun est le deuxième plus grand animal de la planète, après la baleine bleue. Ce cétacé, pourtant classé espèce en danger depuis 1996 par l’Union internationale pour la conservation de la nature, sera à nouveau chassé en Islande à partir de ce diman- che. L’unique entreprise islandaise de chasse au rorqual commun, Hvalur hf, avait suspendu son activité depuis 2016, confrontée à des difficultés commerciales avec le Japon, son principal débouché. Elle a annoncé en avril qu’elle allait reprendre la chasse, après avoir trouvé un accord avec le gouvernement nippon. Les quotas du gouvernement islandais l’autorisent à capturer 191 rorquals communs cette année. Pendant la suspension de l’activité de Hvalur hf, la chasse à la baleine ne s’était pas arrêtée pour autant puisque le pays pêche aussi le petit rorqual, aussi appelé baleine de Minke, non menacé.

Un moratoire de 1986 a pourtant interdit la chasse à la ba- leine à des fins commerciales, après la mise à mort de 2,6 millions de cétacés au cours du XXe siècle. Mais la Norvège et l’Islande ont officiellement repris la chasse, en 1993 et 2006, au nom de la perpétuation de leurs tradi- tions. Le Japon continue à la pratiquer sous couvert «d’études scientifiques» et attire la majorité de l’attention médiatique. C’est pourtant la Norvège qui est la plus active, avec près de 1000 baleines l’an dernier, contre 333 lors de la dernière campagne de pêche japonaise.

L’annonce de la reprise de la chasse au rorqual a été largement critiquée par les associations de protection de l’environnement. Outre le caractère protégé de certaines espèces, c’est leur mise à mort particulièrement vio- lente qui indigne. «Leur agonie est très longue. Quand les pêcheurs utilisent des harpons simples, la prise dure des heures, et la baleine s’épuise et se noie lentement, explique Benjamin Benti, doctorant à l’université de Strasbourg. Il existe des harpons explosifs, développés pour tuer la baleine à l’impact. Mais les chasseurs les utilisent peu, parce qu’ils abîment la viande qu’ils ne peuvent plus vendre. Les baleines sont ensuite hissées sur le pont pour être découpées, parfois encore vivantes.»

NELLY DIDELOT

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photo : AP