En Normandie, le financement d’un radar à oiseaux ravive les tensions autour de la chasse

Les militants écologistes craignent que les données collectées servent les intérêts des chasseurs, leur offrant des arguments pour contester les interdictions de prélèvement.

L’épisode n’est pas de nature à réchauffer les relations entre les associations de protection de l’environnement et les fédérations de chasseurs. Alors que le gouvernement lance une consultation publique sur l’allongement de la période de chasse aux oies cendrées, la récente promesse faite par Hervé Morin aux chasseurs de Normandie suscite l’ire des ONG.

Fin 2018, le président de région (Les Centristes) s’était engagé auprès de la fédération régionale des chasseurs à financer un radar permettant de compter les volatiles, pour un coût évalué à 180 000 euros. Un projet dénoncé par plusieurs associations et une partie de l’opposition, qui s’étonnent de la générosité de la région et craignent de voir les données collectées servir les intérêts des chasseurs, en leur offrant des arguments pour contester les interdictions de prélèvement. Une pétition publiée en ligne par un militant écologiste local totalisait jeudi 10 janvier plus de 37 000 signatures.

Le dispositif doit être prochainement implanté aux abords de la baie de Veys, vaste estuaire de la Manche à la lisière du Calvados et point de passage de nombreux oiseaux empruntant la voie de migration dite « Est-Atlantique ». L’instrument doit aider la fédération régionale des chasseurs à estimer le flux de volatiles survolant la baie.

« Le radar ornithologique est conçu sur la base d’un radar utilisé dans la navigation fluviale ou marine », détaille Matthieu Boos, de l’Institut scientifique nord-est atlantique (Isnea). La différence est qu’il intègre un algorithme permettant de ne retenir que les échosignatures des animaux volants – insectes, oiseaux – et de les classifier en fonction de la fréquence des battements d’ailes et de leur taille. Il enregistre les altitudes, les directions et vitesses de vols. »…

Suite de l’article d’Adrien Simorre dans Le Monde du 11 janvier