En sept mois, l’humanité aurait épuisé un an de ressources terrestres

A compter de ce mercredi, le 1 er  août, jour du dépassement de 2018, l’humanité puiserait dans les ressources non renouvelables du globe.

L’humanité est censée vivre à crédit sur le plan écologique cette année à partir de ce mercredi. Selon une étude de l’ONG Global Footprint Network, cette date du 1er août correspond au « jour du dépassement », à partir duquel l’humanité aura consommé l’ensemble des ressources que notre planète peut renouveler en un an. Il aura fallu seulement sept mois pour que l’humanité pêche plus de poissons, abatte plus d’arbres, effectue plus de récoltes et consomme, surtout, plus de carbone que ce que la nature peut régénérer.

La « biocapacité terrestre » se réduit un peu plus chaque année, selon l’ONG, qui rappelle qu’en 1990 ce jour fatidique survenait le 13 octobre, en 2010 le 14 août et l’année dernière le 2 août.

L’empreinte écologique humaine, calculée par Global Footprint Network, affilié depuis peu à WWF (World Wide Fund for nature), compare la consommation des ressources renouvelables avec le taux de régénération de la nature, c’est-à-dire la biocapacité terrestre.

Pourtant, certaines ressources ne sont pas vraiment consommées – détruites par l’homme, comme les nitrates, les phosphates ou l’eau, qui font partie de cycles naturels -, et ne peuvent donc pas être prises en compte dans le jour du dépassement. Les carburants fossiles ne peuvent pas non plus être inclus dans le calcul, puisque la régénération naturelle est infime, étalée sur des millions d’années. WWF l’admet en soulignant que l’empreinte écologique ne prend en compte que les produits régénérés annuellement par la nature. Ce qui peut remettre toutefois en question son affirmation selon laquelle « il nous faudrait aujourd’hui l’équivalent de 1,7 Terre pour subvenir à nos besoins ».

Des solutions existent

Mais même si certains discutent de la rigueur intellectuelle du concept, il met en lumière un problème majeur : nous compromettons nos capacités de régénération. Cela peut paraître une fatalité. Notamment avec une croissance démographique qui va pousser la population humaine au-delà des 10 milliards d’habitants en 2050, des émissions de gaz à effet de serre qui repartent à la hausse et des pays comme les Etats-Unis qui refusent les pactes écologiques internationaux.

Pourtant, « les solutions existent, il faut désormais les appliquer », nous explique Pierre Canet, responsable du programme Climat, énergie et développement durable au WWF. Déjà, il rappelle qu’en France de plus en plus d’entreprises désirent aligner leurs émissions de gaz à effet de serre sur l’Accord de Paris.

    Elles étaient 39 en 2015 à la Cop21, elles sont désormais plus de 90.

Il mentionne aussi le plan vélo, la loi agriculture et alimentation et la neutralité carbone. Des actions nécessaires, surtout quand on sait que le jour du dépassement français survient le 5 mai en 2018, bien en avance sur la date mondiale. Parmi les pays les plus déficitaires on compte le Qatar, pire élève de la planète avec un jour du dépassement en février. Pour les Etats-Unis cela tombe le 15 mars et pour la Chine le 15 juin. Pékin a tout intérêt à se positionner en chef de file de la transition énergétique, fait également valoir Pierre Canet. Récemment, le président Xi Jinping avait rappelé

    son ambition de passer à un modèle de croissance « qualitatif » plus respectueux de l’environnement.

A l’inverse, des pays consomment moins que ce que la nature peut régénérer sur leur territoire, tels le Brésil ou l’Australie. Ce dernier exemple montre que, dans ces pays, à la surface très étendue, qu’on peut concilier niveau de vie relativement élevé et développement durable.

Les Echos/M.Rou