Grand parc d’éoliennes au large d’Oléron : « pas question de faire de l’éolien en zone Natura 2000 » avertit la LPO

Une nouvelle étape importante a été franchie ce vendredi pour l’installation d’un parc d’éoliennes offshore au large de l’île d’Oléron avec l’annonce du lancement officiel par le Premier ministre. Ce projet d’envergure sur une zone de 300 km² et destiné à produire jusqu’à un gigawatt d’électricité suscite déjà de nombreuses réactions.

Des emplois à la clé pour les partisans du parc éolien en mer

Pour les élus de l’île d’Oléron, l’annonce concernant le Parc éolien en mer Oléron, est une bonne surprise car ce projet, qui était dans les cartons depuis une dizaine d’années, était au point mort.

Ils en attendent des retombées locales, estimées à près de 2.000 emplois pour la construction et plusieurs centaines pour l’entretien.

« C’est une bonne nouvelle » assure Christophe Sueur, maire de Saint-Pierre-d’Oléron, dont le port de La Cotinière doit accueillir la base de maintenance des éoliennes.

Les raisons de la colère d’Allain Bougrain-Dubourg, le président de la LPO

Le projet de parc éolien ne fait pas l’unanimité du côté des associations environnementales bien que la production d’énergie renouvelable annoncée s’élèverait à l’équivalent d’une tranche de centrale nucléaire.

L’annonce a provoqué la colère du président de la Ligue de Protection des Oiseaux car le secteur est protégé pour la qualité de sa biodiversité, au titre de la directive Natura 2000.

« Je suis effondré car c’est une fois de plus, une agression à l’égard de la biodiversité, »

Allain Bougrain-Dubourg, le président de la LPO 

Une détérioration de la biodiversité, des oiseaux et de la faune marine

Le président de la LPO est d’autant plus offusqué que le projet est situé dans une zone particulièrement sensible, le parc naturel marin, zone natura 2000, zone spéciale de conservation.

« C’est là que l’on va installer une opération gigantesque de 300 km2, c’est l’équivalent de la surface d’Oléron, il faut se rendre compte de ce qu’on est en train de préparer. Cela va affecter la biodiversité, les oiseaux, la faune marine », alerte Allain Bougrain-Dubourg qui constate que « d’un côté, le gouvernement nous dit qu’il est préoccupé par les questions de biodiversité et de l’autre, il reste indifférent. On est vraiment dans l’illustration de l’être et du paraître. On paraît préoccupé par la biodiversité mais en fait, on est indifférent ».

Selon la LPO, il s’agit d’une zone où de nombreux oiseaux passent une grande partie de l’hiver.

« Il y aura un impact incontestablement sur la faune. Il y a également toute la faune sous marine. Les travaux dévaluation plus précis d’impact sur ces espèces ne seront pas réalisés correctement. Les biologistes sont vraiment affligés par ce projet. Vous avez la LPO, les protecteurs de la nature, les chasseurs, les marins pêcheurs qui s’opposent à ce projet, ce n’est pas par hasard », poursuit le président de la LPO

Oui à l’éolien mais pas en zone protégée

La LPO souligne qu’elle n’est pas opposée au principe de l’éolien mais elle émet des bémols sur certains lieux d’implantation.

« Nous sommes favorables au principe des énergies renouvelables mais pas n’importe où, pas n’importe comment. Là on est au coeur d’une zone particulièrement sensible. Pas question de faire de l’éolien en zone Natura 2000. »

Allain Bougrain-Dubourg

Notre principe, c’est oui à l’éolien mais pas dans les zones de protection et par conséquent pas dans les zones Natura 2000 ou zone spéciale de conservation » informe le défenseur de l’environnement.

« A quoi ça sert tous ces qualificatifs qui sont le fruit d’études prouvant qu’il y a une richesse particulièrement fragile, si on s’assied dessus juste après pour faire du fric, on peut faire autrement, »

Allain Bougrain Dubourg

L’objectif d’avoir 10% d’espace maritime protégé est une tartufferie

Plus globalement le reprèsentant de la LPO souligne que ce parc en mer ne permettrait pas de respecter certains engagements.

« Il faut choisir des lieux où ça n’affectera pas la biodiversité. Aujourd’hui, on est à 1,6% de l’espace maritime français qui bénéficie d’une protection forte et ça se passe essentiellement vers les terres australes. Le projet d’avoir 10% en 2030, c’est de la tartufferie, ça ne se fera pas parce qu’on est en train de jeter des confettis d’agression sur le milieu marin et on n’obtiendra ces fameuses zones de protection forte indispensables pour sauver la biodiversité ».

 » On figure parmi les 10 pays les plus riches de la planète en biodiversité et parmi les plus responsables du déclin de cette biodiversité, il faut éviter d’impacter ces milieux naturels. »

Allain Bougrain Dubourg, président de la LPO