HONTEUX : LA FRANCE POURSUIT LE MASSACRE DES DAUPHINS AU MÉPRIS DU DROIT ET DE LA SCIENCE

90 000 dauphins morts dans les filets de pêche en Atlantique nord-est, en 30 ans. Plus de 18 500 dans le Golfe de Gascogne, rien que pour ces deux dernières années. Une plainte de 26 ONG auprès de la Commission européenne. Un avis de l’organe scientifique de l’Union européenne, demandant la fermeture des pêches responsables de ces captures. Une mise en demeure de la France par la Commission européenne et… rien. France Nature Environnement est abasourdie : au mépris de la loi et de la science, la France vient ce matin de refuser la fermeture des pêches responsables de captures cet hiver, ce qui présage des milliers de nouveaux dauphins morts, une espèce pourtant protégée, sur le papier.

Une décision idéologique et irresponsable, qui laisse présager un désastre cet hiver

Ce matin, alors que commencent les Assises de la Biodiversité, Annick Girardin, la ministre de la mer, vient d’annoncer au Groupe de Travail sur les captures « accidentelles » de petits cétacés dans le golfe de Gascogne, que la France ne prendrait aucune mesure de fermeture temporaire des pêches responsables de milliers de dauphins morts chaque année. « Cette décision est absolument irresponsable, et va à l’encontre des recommandations des scientifiques du Conseil international pour l’exploration de la mer, des obligations légales françaises et communautaires1 de la France et des dispositions des conventions internationales2… Devons-nous rappeler que le dauphin commun est-une espèce protégée par la loi ? Devons-nous rappeler le principe de précaution, pourtant consacré par la Constitution ? Cette non-action constitue un véritable droit à tuer ! » réagit Elodie Martinie-Cousty, pilote du réseau Océans, mers et littoraux de France Nature Environnement.

Cette décision lamentable fait pourtant suite à la mise en demeure de la France par la Commission européenne, qui indique : « Malgré les preuves bien étayées indiquant que ces espèces sont capturées dans les engins de pêche, le problème persiste. La France n’a pas pris de mesures suffisantes pour contrôler les prises ». Dans un courrier adressé à la France juin dernier, elle avait aussi rappelé que les fermetures temporaires des pêches concernées par les captures étaient « inévitables ».

Une fermeture de deux mois : le strict minimum pour éviter un nouveau carnage

Afin d’éviter une nouvelle hécatombe de cette espèce protégée3, une fermeture des pêches en cause, a minima entre le 15 janvier et le 15 mars 2021, est indispensable. Cette fermeture doit s’appliquer à l’ensemble du golfe de Gascogne et l’effort de pêche doit être réduit et non redistribué4.

Dans un contexte d’érosion sans précédent de la biodiversité, suite à la publication de la Stratégie de l’Union Européenne en faveur de la biodiversité pour 2030, à la veille de la COP 15 de la Convention pour la biodiversité biologique, de la publication d’une stratégie nationale en faveur des aires protégées pour la décennie 2020-2030, et du Congrès mondial pour la nature dont la France est l’hôte, France Nature Environnement continuera d’alerter le public ainsi que la Commission européenne sur ce massacre, jusqu’à ce que la France se réveille et prenne enfin ses responsabilités.

1 Article 12 de la Directive Habitat Faune Flore ; article 2.3 de la Politique commune de la pêche ; article 3.2 b) du nouveau Règlement européen relatif aux mesures techniques
2 Convention de Bonn / Convention de Berne / CITES / Liste rouge de l’UICN
3 Arrêté du 1er juillet 2011 / Action 43 du Plan biodiversité / Mesure 54 du Comité interministériel de la mer
4 Page 6 “EU request on emergency measures to prevent bycatch of common dolphin (Delphinus delphis) and Baltic Proper harbour porpoise (Phocoena phocoena) in the Northeast Atlantic”, ICES Special Request Advice Northeast Atlantic ecoregions, publié le 26 mai 2020