Le Giec appelle à la transformation de notre monde

La stabilisation du réchauffement à 1,5°C — l’un des objectifs de l’Accord de Paris — reste possible, au prix de profondes et rapides mutations de nos sociétés, avertissent les auteurs du dernier rapport du Giec, publié ce lundi 8 octobre.

Il s’en est fallu de peu que le Giec ne rende sa copie. Réunis depuis une semaine à Incheon (Corée du Sud), des centaines de climatologues et de représentants des Etats ont travaillé d’arrache-pied à la rédaction du résumé pour les décideurs (RPD) du nouveau rapport spécial du réseau international de climatologues.

Commandé par la COP 21, ce document vise à définir, aussi précisément que possible, les conséquences d’un réchauffement de 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle. Pesant quelques centaines de pages, le rapport, uniquement rédigé par des chercheurs à partir de la littérature scientifique, est prêt depuis le mois de juin. Le but de la réunion de la semaine passée était de finaliser la rédaction du fameux rapport pour les décideurs, synthèse d’une trentaine de pages rédigée par les climatologues et les représentants des Etats.

A 2 OU 4 MAINS

C’est là une subtilité du fonctionnement du Giec. Si les scientifiques sont les seuls à tenir le stylo pour le rapport proprement dit, le texte du résumé est élaboré à quatre mains, en quelque sorte. Les Etats pouvant demander ajouts, retraits, à condition que la formulation du RPD soit cohérente avec les données contenues dans le rapport.

Comme souvent en pareil cas, les chancelleries préparent de nombreuses demandes de corrections qui doivent faire l’objet d’un consensus pour être acceptées. Dans l’ultime phase de rédaction, le texte final est lu sur un grand écran et doit être approuvé par l’assemblée plénière, ligne par ligne.

BLUFF SAOUDIEN

Dans la nuit de vendredi à samedi, moins d’une heure avant la clôture de la réunion, l’Arabie saoudite a fait des siennes. «Son délégué voulait biffer du résumé tout ce qui avait trait au pétrole du rapport et du résumé», explique l’un des membres de la délégation française, contacté par le JDLE. Alliance politique oblige, Ryad a été rejoint par l’Égypte. «Nous avons alors craint que de nombreux délégués se joignent à eux, ce qui aurait pu empêcher la publication du rapport»,poursuit le représentant tricolore. Le bluff n’a pas duré. Le SPD a été avalisé par l’assemblée plénière. La centaine d’auteurs et d’éditeurs du rapport devront adapter, à la marge, leur texte à celui rédigé à Incheon. Le dernier opus du Giec ne devrait donc pas être disponible, dans sa version définitive (1), avant plusieurs semaines. A quelques jours, sans doute, de l’ouverture de la COP 24, à Katowice…

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Voir aussi l’avis du WWF : ici