Le prix Décembre à Claudie Hunzinger pour « Les grands cerfs »

La romancière (et plasticienne) Claudie Hunzinger a reçu jeudi le prix Décembre, un des prix littéraires les mieux dotés de France, pour « Les grands cerfs » (Grasset), âpre roman sur la disparition de la vie sauvage.

Le livre de l’écrivaine âgée de 79 ans a figuré dans la sélection du prix Femina et est toujours en lice pour le Médicis (décerné vendredi) et le prix Wepler (attribué lundi prochain).

Le prix Décembre est doté de 15.000 euros remis par la Fondation Yves Saint Laurent.

Allons-nous bientôt vivre dans un monde sans animaux sauvages ? Cette question essentielle, au coeur du roman de Claudie Hunzinger, n’est pas absurde. Dans un récent rapport le WWF révélait que les populations de vertébrés ont été réduites de 60% depuis 1970.

Pamina (double de Claudie Hunzinger) vit aux Hautes-Huttes dans une ferme isolée des Vosges. Des cerfs, invisibles, traversent ses terres. Les seuls indices de leur présence résident dans l’herbe froissée ou des traces de pas dans la neige.

Un soir d’automne, remontant vers sa ferme en voiture, Pamina surprend dans ses phares « un tonnerre de beauté ». Fascinée, elle interroge son ami Léo qui photographie exclusivement des cerfs et est capable de les différencier les uns des autres à d’infimes détails. Léo va expliquer à Pamina comment se rendre invisible, bâtir un affût, apprendre la patience, immobile dans le froid…

Lors des Correspondances de Manosque, un festival littéraire où elle était invitée en septembre, l’écrivaine frêle et discrète expliquait qu’elle souhaitait devenir « une porte-parole de la forêt et des cerfs ».

Avec la romancière on est loin des images de Disney et « Bambi ». Son roman est d’un réalisme total, effrayant parfois, comme l’est la vie sauvage.

La narratrice va découvrir avec effroi que l’Office national des forêts (ONF) exige que soit abattu un nombre défini d’animaux chaque année afin de permettre à la forêt de se régénérer. Les cerfs détruisent les arbres en frottant le velours de leurs ramures contre leur tronc, soutient l’ONF.

Pour l’écrivaine, il ne reste que les mots pour défendre les cervidés. Des mots contre des balles.