Métamorphose du Nouveau Poutès sur le Haut Allier : une autre belle avancée pour la biodiversité, le saumon et les migrateurs

L’été 2020 apporte une très bonne nouvelle pour la biodiversité des écosystèmes d’eau courante. Le chantier pour l’effacement et la reconfiguration complète de Poutès, sur le Haut Allier avance à grands pas. Ce grand barrage EDF, haut de 18 mètres et construit en 1941 avait conduit à la quasi extinction de la dernière population de saumons atlantiques de longue migration d’Europe, réduite à une centaine de poissons dans les années 90 contre 1000 fois plus deux siècles plus tôt principalement du fait du blocage des migrations lié aux ouvrages transversaux trop nombreux. Le vieux Poutès va céder la place à un ouvrage de 7 mètres de hauteur, avec deux vannes centrales amovibles qui, relevées en période de migration, assureront la continuité écologique complète sur le Haut Allier ainsi que le transfert des sédiments indispensable à la bonne santé des rivières. L’accès à plusieurs dizaines d’hectares d’habitats et de frayères d’excellente qualité va permettre de restaurer la population, dont l’effectif est par ailleurs soutenu grâce repeuplement effectué par le Conservatoire National du Saumon Sauvage de Chanteuges : comme dans toutes les stratégies de conservation, il est indispensable de soutenir les populations sauvages pendant le temps, très long et fort complexe, de restauration des habitats.

Chantier, juillet 2020 (SONY DSC)

Le Nouveau Poutès est une innovation majeure, obtenue en suite de dizaines d’années de mobilisations des ONG, épaulées par le monde scientifique, dans le prolongement de la campagne Loire Vivante et du lancement en 1994 du premier plan « Grand Fleuve » de notre pays, le Plan Loire Grandeur Nature. Cette reconfiguration reflète aussi la volonté nouvelle d’EDF de produire une hydroélectricité plus écologique : 80 % de la production de l’ancien barrage est conservé, soit environ 45 GWh. Certes, il restera encore beaucoup à faire pour reconstituer des populations viables de saumons et d’autres migrateurs : anguilles, aloses, lamproies marines, esturgeons sur le bassin de la Loire. Mais la dynamique s’accélère, la recherche s’amplifie[1], les élus prennent la mesure de l’intérêt de cette transformation, bref, toute la société se mobilise autour de ce symbole rayonnant. Célébrons.

Le Chant des Rivières

[1] Voir le programme européen Amber (Adaptative Management of Barriers on European Rivers). Magazine « Let it Flow » Volume 1 – 2020

Voir le site : www.nouveau-poutes.fr