En brassant les sédiments marins, les poissons participent à la séquestration du carbone, et donc, à la stabilité du climat mondial. Rien que dans les eaux britanniques, des scientifiques ont identifié 185 espèces contribuant à ce processus crucial, dont 120 sont ciblées par la pêche commerciale – à l’instar du cabillaud de l’Atlantique, cuisiné façon « fish and chips » (université d’Exeter).
En voilà, un terme pour briller en soirée ! La « bioturbation » désigne le remaniement de sols ou de sédiments aquatiques produit par les activités des organismes vivants présents dans ces milieux (Légifrance). Pensez donc aux lombrics : ces infatigables fouisseurs enrichissent et aèrent la terre en permanence sous nos pieds – du moins, dans les sols en bonne santé.
Au fond de l’océan, plus grand réservoir de carbone organique au monde, c’est pareil. Sauf qu’en lieu et place de nos vaillants vers de terre, on trouve cette fois des vers de vase, mais également… des poissons !
Car oui, les vertébrés marins creusent, à la fois pour se dissimuler de leurs prédateurs, frayer, ou encore chasser.
Des poissons « ingénieurs »
« La bioturbation est très importante dans l’absorption et le stockage de carbone organique par les fonds marins »
, souligne ainsi Mara Fischer dans un communiqué de l’université d’Exeter. « Ce processus est donc essentiel pour comprendre comment l’océan absorbe les gaz à effet de serre afin de ralentir le rythme du changement climatique« , explique-t-elle.
Avec ses collègues du projet Convex Seascape Survey, rien que dans les eaux britanniques peu profondes, la chercheuse a recensé quelque 185 espèces de poissons jouant un rôle dans la bioturbation, dont 120 sont ciblées par la pêche commerciale (M. Fischer et al., Marine Environmental Research, 17 avril 2025).
Communément cuisiné façon « fish and chips » par nos voisins, le cabillaud de l’Atlantique arrive ainsi en tête de la liste de ces importants « ingénieurs » de l’écosystème, aux côtés de la myxine de l’Atlantique et de l’anguille d’Europe, deux poissons au corps allongé.
Menace de la surpêche
Cependant, « bon nombre des plus grands et des plus puissants creuseurs et mélangeurs de sédiments marins, comme les raies géantes, le flétan et le cabillaud, ont fait l’objet d’une telle surpêche qu’ils ont pratiquement disparu de nos mers », note le professeur Callum Roberts, co-auteur de l’étude (communiqué).
Le cabillaud de l’Atlantique est catégorisé « vulnérable » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), tandis que l’anguille d’Europe et le pocheteau gris (une espèce de raie) sont classés « en danger critique d’extinction ».
« Ces pertes se traduisent par des changements importants, mais encore incertains, dans le fonctionnement des écosystèmes des fonds marins », prévient le chercheur.
Source GEO
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