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L’Hirondelle aux champs n°7 : les reptiles et l’agriculture

« L’Hirondelle aux champs apporte joie et printemps »

Edito

"Des serpents, quelle horreur !

S’il existe des animaux mal aimés dans notre pays, ce sont bien les serpents. Même le malheureux Orvet, qui pourtant est un lézard sans pattes tout fragile, ne déroge pas à la règle ! Mais pourquoi tant de haine ?

Serait-ce à cause de ce serpent bavard qui poussa Eve à croquer la fameuse pomme, perçu comme l’origine de tous nos malheurs sur terre et responsable de la punition suprême ? En étant chassés du paradis, nous aurions perdu notre immortalité, été obligés de travailler, de survivre auxaffres de la vie, avec au bout du couloir, la mort. Ainsi, depuis ces temps immémoriaux, le serpent, dans notre inconscient collectif, représente le Mal incarné, l’être fourbe à la langue fendue qu’il faut tuer ou fuir...

Il est vrai que certaines espèces peuvent être potentiellement dangereuses, telles les vipères dans notre pays. Mais n’en déplaise à certains, ces dernières ont autre chose à faire dans la vie que d’attendre le quidam pour lui cavaler après afin de le croquer ! Le serpent ne mord que s’il n’a pas le temps de fuir, la morsure est défensive et par ailleurs, elle n’est pas obligatoirement suivie d’une envenimation.

L’animal fait peur et c’est cette dernière qui alimente et défraye la chronique avec toutes sortes de croyances, toutes plus aberrantes les unes des autres. L’Homme excelle en la matière : son imagination fertile et débordante nous en offre une palette pas piquée des vers... N’entend-on pas dans nos campagnes le vieux Marcel nous affirmer que les serpents têtent les vaches jusqu’à les tarir ? Nous prévenir qu’il ne faut pas aller dans tel endroit, car ce dernier est infesté de vipères rouges, aussi dangereuses sinon plus que les noires ? Et que ces dernières prennent leur queue dans leur bouche pour dévaler plus rapidement les pentes à la poursuite du bipède promeneur... ? Comme si, anatomiquement se transformer en roue de vélo était possible chez ces animaux vertébrés et comme si, la coloration chez les vipères pouvait être un caractère de dangerosité.

Scientifiquement, ces propos ne
tiennent pas la route. Chez la Vipère
aspic, il existe différentes colorations (polychromisme), tout comme différents dessins
ou absence de dessin sur le corps (polymorphisme). Ainsi, on trouve des Vipères aspics grises, marron, rougeâtres, noires et même blanches ! Tout comme l’on peut rencontrer des individus dits concolores, c’est-à-dire sans aucun dessin sur le corps. Quant à têter des vaches, des chèvres ou des brebis, les serpents ne sont pas des mammifères et n’ont que faire du lait. En regardant la bouche d’un serpent, on se rend vite compte que la faculté de sucer ou de têter leur est impossible : des dents incurvées vers l’arrière servent à empêcher la proie de s’échapper, tel un hameçon ; deux mandibules indépendantes reliées par un ligament élastique, ainsi qu’un os servant de pivot entre les mâchoires (os carré), permettent une ouverture très importante, leur prodiguant la capacité d’absorber de grosses proies, mais pas de têter.

On a tout à fait le droit de ne pas aimer les serpents, mais il est interdit de les tuer. Ces animaux font partie de notre patrimoine naturel. En tant que prédateurs, ils ont leur rôle à jouer dans les écosystèmes, leur présence étant signe d’un milieu en bonne santé."

Françoise SERRE COLLET, Herpétologue, chargée de médiation scientifique en herpétologie au Muséum national d’Histoire naturelle, UMS Patrimoine Naturel.

 

 

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