Personnalités à découvrir

de LATOUR Pierre Robert

Cela fait plus de 20 ans que Pierre Robert de Latour suit les orques, les étudie, les protège à travers l'association qu'il a crée : Orques sans frontières.

Nous avons voulu en savoir davantage sur l'itinéraire de ce passionné d'un des plus fascinants hôtes des océans, et qui nous apprennent beaucoup sur le milieu qu'elles fréquentent (voir notamment l'interview de Pierre Robert de Latour à La Croix/2019 : ICI)

Rencontre!

 

Quelques sites pour en savoir davantage sur cette aventure :

Votre Parcours en quelques étapes ? J’ai découvert l’univers sous-marin très jeune en pratiquant la pêche sous-marine en Corse dès l’âge de 9 ans. C’est une discipline que j’ai pratiquée en loisir dans un premier temps, puis en compétition. C’est au cours d’une compétition que j’ai été en contact pour la première fois avec les orques. C’était en Norvège en mai 1997. Cette année-là, j’ai gagné cette compétition, et avec la prime de victoire, j’ai payé ma première expédition en tant que passagers pour plonger avec les orques sur le bateau d’Olav Magne Stromsholm … qui m’emploie depuis lors comme membre dans son équipage.

Quels sont vos maîtres à penser, vos références culturelles ? Je ne suis pas un littéraire. Ma source d’inspiration est l’océan et les créatures que l’on peut observer en immersion

Pourquoi la faune/l’animal sauvage, la vie sauvage ? J’ai le souvenir d’avoir été un enfant plutôt triste et déconnecté de son groupe social d’origine. Mauvais élève, souvent victime de railleries, je me sentais davantage en sécurité dans l’eau à plonger avec les poissons que sur un banc d’école ou même dans ma famille. Cette fascination est toujours là. 50 ans plus tard, je suis toujours attiré de façon magnétique par la vie sous-marin, sa richesse, ses couleurs, son mouvement. Même drossé par lés vagues, même grelottant de froid, je me sens bien, je me sens chez moi dans cet univers.

Si vous étiez un animal sauvage, lequel ?Je ne serais définitivement pas un hareng (rire). Bien sûr que je serais un orque. Pour pouvoir les suivre plus longtemps, pour les connaitre davantage. Pour connaitre leur langage et percer leurs secrets. Et aussi parce que je les aime profondément.

Une ou deux plus belles rencontres de vie sauvage ? La première fut le sauvetage du grand mâle Heiko. Un orque gigantesque qui ‘tait pris dans un engin de pêche. Il a fallu que je réussisse à passer sous son ventre au moment où il respirait à la surface pour pouvoir couper ce lien qui l’entravait. Nous avons essayé une jour et demi avant qu’il ne me laisse une opportunité de le faire. Ce fut une immense joie, une forme de libération quand j’ai pu couper ce lien.

La seconde est quand une femelle est venue se positionner juste à mes coté et a commencé à dormir à la surface tout près de moi. Son nouveau-né juste en dessous d’elle me regardait avec curiosité. Je suis resté totalement pétrifié, fasciné par la beauté de ce moment. Après quelques secondes, tout le groupe est monté depuis le fond du fjord et a commencé à dormir à l’identique. C’était irréel de se retrouver au beau milieu d’un groupe d’orques en train de dormir…

Dauphins en Guadeloupe (photo Icigo)

Vos lieux de nature préféré ?Tout tourne autour des orques maintenant. Donc là où il y a des orques et où on peut les approcher, interagir avec eux. Le nord de la Norvège au cœur de l’hiver, donc. Mais j’avoue que j’ai découvert depuis peu la Guadeloupe et que j’ai pris gout aux eaux chaudes des caraïbes. On y trouve une population de cétacés importante (diverses espèces de dauphins, cachalots, baleines à bosse, orques, pseudorques, …)

Le lieu mythique où vous rêvez d’aller ?Svalbard bien sûr, mais aussi Churchill pour les Bélugas, et aussi la Colombie Britannique pour les orques aussi.

 

Colombie britannique (photo Little Gipsy)

Une œuvre qui résume votre itinéraire? Encore une fois, je ne suis pas un littéraire. Sinon, j’aime bien Jules vernes. Cet homme a su voir des choses de l’avenir avant les autres.

Quel matériel utilisez-vous dans vos sorties ? vMon équipement : une combinaison de néoprène marque Alain Laborde (Biarritz) de 7 ou 9mm d’épaisseur selon la période de l’année. Gants type moufle 3 doigts, et chausson néoprène. Palmes longue voilure type chasse sous-marine. Masque et tuba classique et ceinture de plomb « marseillaise ». Je n’ai rien d’autre, je ne suis pas très gadget (ordi, poignard, montre, …). Appareil photo topside : Sony A6300 ; Sous l’eau : un Sony A6000 dans un caisson Nauticam, parfois une Gopro ; Un Hydrophone pour les prises de son

Et vos techniques de rencontre avec l’animal sauvage ? J’utilise la méthode d’approche et d’interaction que j’ai mise au point. La méthode USEA. Cette méthode est le fruit de 20 ans d’experience et de presque 6 000 rencontres sous-marines en zone sociale des orques. Elle utilise également les théories de la communication non-verbale (Albert Merhabian) et la proxémie (Edward T. Hall) 

Un conseil au débutant dans votre activité, que lui diriez-vous ? 1. Observer, 2. Observer, 3. Observer avant d’agir ou de tenter une approche. Essayer de comprendre le langage corporel de l’animal avec lequel on veut interagir. Comprendre ses codes. Respecter ses choix. Ne jamais forcer une interaction qui serait gênante pour l’animal, et pourrait devenir dangereuse pour l’homme. Rappelons-nous que dans l’eau nous sommes vulnérables. Tous les mammifères marins sont plus gros que nous, nagent plus vite, et possèdent tous de puissantes mâchoires.

Un animal disparu revient, lequel ? Avant de faire revenir un animal disparu, j’aimerai avoir le pouvoir de faire en sorte que ne disparaissent pas certaines espèces contemporaines en grand danger d’extinction. Je ne vais pas en citer une plus qu’une autre, il y en a beaucoup, beaucoup trop.

Une initiative prise ou à prendre en faveur de la faune sauvage, laquelle ? Coluche disait que si voter servait réellement à quelque chose, ça ferait longtemps que ça serait interdit. Quand on voit aujourd’hui les actions publiques sur le thème de l’environnement, comment lui donner tort. Notre dernier pouvoir est notre attitude de consommateur. C’est en faisant le choix de nos achats que nous pouvons protéger l’environnement et notamment la faune sauvage. En choisissant notre alimentation, notamment en réduisant drastiquement notre consommation de protéines animales. Je ne parle pas de devenir végan. Je comprends que tout le monde ne le souhaite. Mais si dans un premier temps nous réduisions collectivement notre consommation de viande, cela aurait un impact favorable sur la faune sauvage. Nous n’avons pas besoin de manger des produits carnés deux fois par jour. Surtout si elle est emballée dans un polystyrène qui finira par encombrer nos poubelles ou polluer nos océans. Bannir les déchets plastiques, proscrire l’usage des pesticides, favoriser les produits de consommation à circuit court. Tous cela dépend de nous. C’est valable aussi pour les autres domaines de consommation : habillement, cosmétique, habitat, transport, …. Il est possible de changer nos habitudes et adopter des comportements plus respectueux de l’environnement. Encore une fois, cela doit venir de nous. Nous devons consommer moins et mieux. Les politiques, et les industriels suivront si nous ne leur laissons pas le choix par une action collective et coordonnée.

Une urgence pour la faune sauvage ? Les océans. Cela doit devenir la grande cause à défendre au niveau de la planète. Les océans sont vulnérables et menacés par les activités humaines notamment le réchauffement climatique. Il n’y a plus que les sots et Donald Trump pour en douter.

Une association qui vous tient à cœur ?Incontestablement la Sea Shepherd Conservation Society et son leader Paul Watson : le seul avec qui le compromis, et donc la compromission est impossible. Paul a raison, si les océans meurent, nous mourrons. Et nous n’avons plus le temps de tergiverser. Les équipes de la SSCS de par le monde font un travail remarquable pour contrecarrer le braconnage et mener des actions de protection des écosystèmes océaniques.

Pour conclure, vous disparaissez ce soir, qu’aimeriez-vous laisser comme dernier message à ceux qui restent ? J’aimerais que l’on se rappelle ma passion pour les océans et les créatures qui y vivent. J’aimerais dire à mes proches : ne soyez pas tristes. Je repose en paix là où j’ai vécu heureux. Continuez à vous battre pour protéger les océans, faites en un sanctuaire de vie. Protégez les orques, les dauphins, les baleines. Cette civilisation océanique détient des savoirs qui nous sauveront un jour … si nous la sauvons aujourd’hui.

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