Photographes animaliers

Eric DRAGESCO

En avant-première : les dernières nouvelles d'Eric Dragesco :

"Je ne fais désormais plus que de la vidéo, car je me suis rendu compte, qu’il fallait choisir, photo OU vidéo, on ne peut être vraiment performant si on pratique les deux, et j’ai désormais un faible pour l’image animée… Je filme donc aussi bien dans les Alpes, mon terrain  de prédilection, qu’en voyage pour préparer de futures productions…
Je fais mes films tout seul, je monte sur Adobe Première, et je m’enregistre pour les commentaires...
Je filme avec du matériel léger, Panasonic Lumix GH4, GH5 et GH5s, avec des optiques Panasonic 12-35, 35-100, Leica 100-400, Sigma Sport 150-600, Canon 400/5,6, et des optiques Nikon (180/2,8,300/4, 500/4).
J’ai désormais terminé le montage de mon dernier film, "Au Pays de l’Ours Isabelle", tourné au Tadjikistan. Les deux espèces phares de ce film sont l’Ours de l’Himalaya et le Markhor de Bokhara, deux espèces dont il n’existait pas d’images de qualité…
Ce film de 52mn a déjà été sélectionné dans deux festivals internationaux, le FIFAD, Festival International du Film Alpin des Diablerets et le FIFO, Festival International du Film Ornithologique de Ménigoute (il y sera projeté le vendredi 2 Novembre). Il y aura aussi une projection au festival de Montier en Der, le Samedi 17 Novembre 2018.
Je vais tout bientôt mettre sur mon site le Teaser ainsi que le Making Of.
J’ai réalisé quatre voyages au Parc de Denali en Alaska, et prépare un film sur ce magnifique Parc National. Sur mon Site, on peut avoir un petit avant goût de ce film, voici le lien: https://vimeo.com/250590845
J’ai également mis sur mon site, un film qui retrace mon parcours en Mongolie et en Asie centrale, et qui a eu pas mal de succès lors de conférences: https://vimeo.com/165023290
Je pars au Botswana (Central Kalahari Game Reserve) en Avril prochain, pour débuter un nouveau tournage, puis j’irai au Ladakh et en Patagonie… Les projets ne manquent pas!"

Eric a débuté la photographie animalière à l’âge de 16 ans, en 1970, sous la houlette de son frère aîné Alain, et de son père Jean, qui fut un véritable précurseur en la matière. Il se passionna dès le début pour la faune des Alpes, et consacra tout son temps libre à sillonner la montagne.

A la fin de ses études de médecine, il décida de faire de sa passion sa profession et exploita ses images dans le monde entier par l’intermédiaire d’une dizaine d’agences. Il diversifia très vite sa production en réalisant de nombreux voyages en Amérique, Afrique, Indes, Himalaya, etc…

En 1995, il publia l’ouvrage « La Vie Sauvage dans les Alpes », qui reçu 4 prix, dont le Prix nature 1995, et le Prix Lacroix de l’Académie française. Ses images se sont distinguées dans de nombreux concours, en particulier à celui de la BBC, et à plusieurs reprises à Montier en Der.

Attiré par les espèces menacées et très peu photographiées, il effectua entre 1998 et 2008, neuf voyages en Mongolie, à la recherche de certains mammifères parmi les plus rares de la planète: Ours du Gobi, Léopard des neiges, Chameau sauvage…

En 1998, il débuta la Vidéo et réalisa une dizaine de documentaires animaliers, dont la série « Sur les Traces de … » pour les chaînes Seasons, TF1, et France 5. Actuellement, Il continue son travail sur la faune alpine aussi bien en photo qu’en vidéo HD. En 2007-2008, il réalise un film en HD sur le Léopard des neiges, et en 2009 réussit à photographier deux espèces mythiques d’Asie centrale, le Markhor et le Mouflon de Marco Polo.

Capture d’écran 2014-10-03 à 08.16.32

Entretien avec...

Parlez-nous un peu de votre parcours de vie, celui qui vous a mené vers la faune sauvage...

 Mon père fut un véritable précurseur de la photo animalière, juste après la guerre. Il a mis au point le premier « Fusil photographique », appelé « Dragescotard », ainsi que le premier téléobjectif type « Doublet », avec juste deux lentilles frontales. Cette technique a d’ailleurs été reprise ensuite par la firme Novoflex. En voici d’ailleurs deux images:

Dragesco 1 Dragesco 2

 

Il pratiquait aussi bien la photo que le cinéma et ses sujets allaient de l’infiniment petit (Cilliés), à l’infiniment grand (Lune et planète), en passant par la faune, africaine principalement. 

Il fut également le premier à parler de « Chasse Photographique », car il pratiquait la chasse lors de ses expéditions en Afrique. Son ouvrage de 1965, s’appelle d’ailleurs « Chasse d’Afrique », aux Editions Marguerat, Lausanne. Sans doute le plus beau livre sur la faune africaine de l’époque.

Mon père revenait de ces nombreux voyages, avec plein d’histoires passionnantes, des images saisissantes, et même une fois avec un singe et une autre fois avec une… gazelle rufifrons, qui se délecta ensuite de toutes les roses de ma grand-mère! 

J’ai donc baigné dans une atmosphère d’images naturalistes depuis mon plus jeune âge. Mon frère Alain, de 7 ans mon aîné, fut le premier à être passionné, et je l'ai suivi. J’ai commencé la photographie animalière avec lui, dans les Alpes, à l’âge de 16 ans, en 1970. A cette époque, mes parents se sont divorcés. Mon père fut bien entendu, par la suite, beaucoup moins présent. C’est donc surtout mon frère Alain, qui m’a aidé dans mon apprentissage.  J’ai ensuite fait des études de médecine, mais j’ai continué à faire de la photo durant tous mes moments de liberté.

A la fin de mes études de médecine, j’ai pris une grande décision, faire de ma passion ma profession, et j’ai donc complètement arrêté la médecine. On m’a pris alors pour un … dingue!

Depuis ce moment, j’ai beaucoup diversifié ma production, limitée jusqu’alors à la faune alpine, en réalisant de nombreux voyages aux quatre coins de la planète.

A partir de 1995, je me suis intéressé aux espèces rares et menacées, en effectuant de nombreux séjours en Mongolie, puis en Asie centrale. En 1998, j’ai débuté la vidéo, et j’ai réalisé une dizaine de documentaires pour la télévision, avec un collaborateur.

Désormais, je pratique toujours la Photo et la Vidéo, mais j’ai une préférence pour la Vidéo. Je vais d’ailleurs tout prochainement m’équiper en ...4K! Tout un programme…

Quels sont vos maîtres à penser, vos références culturelles ?

J’ai toujours pensé qu’il fallait avant tout, être un bon naturaliste, et je me suis donc rapidement constitué une impressionnante bibliothèque. 

Mes ouvrages de référence étaient ceux, bien sûr, des maîtres naturalistes incontournables de l'époque comme Robert Hainard, Paul Géroudet, ou Marcel Couturier, mais aussi ceux des précurseurs de la photo animalière, comme Charles Vaucher, qui était un ami de mon père, et le fameux René Pierre Bille! J’ai d’ailleurs eu ensuite des rapports très amicaux avec ces deux célèbres précurseurs suisses.

Mais c’est sans aucun doute Robert Hainard qui m’a le plus marqué (je l’ai vu à de nombreuses reprises, et il est même venu dormir avec Germaine à la maison), car je pratiquais le dessin, la peinture et la sculpture, et je suivais de près toute sa production. Sa démarche naturaliste était pour moi la perfection…

Pourquoi l’animal sauvage ?

Ce qui m’a toujours fasciné chez l’animal sauvage, et en particulier dans les Alpes, c’est sa faculté à s’adapter aux conditions de vie les plus rudes. Quoi de plus fascinant que de voir ces animaux survivre et trouver leur nourriture durant le long hiver montagnard ? Il y a aussi le mystère qui entoure une grande partie de leur comportement et de leur vie secrète, que l’on ne connaît que partiellement… Il y a donc toujours des choses à découvrir!

Si vous en étiez un ?

Sans hésitation un grand rapace,  animal qui est pour moi l’aboutissement ultime de l’évolution vers la perfection. Et je choisirais le plus beau et le plus fascinant, celui que je connais bien, l’Aigle royal!

Les grands félins aussi, sont pour moi proches de la perfection, et dans ce cas, je choisirais celui que l’on connait le moins, et qui vit en haute montagne… la Panthère des neiges bien évidemment! 

Racontez-nous deux trois belles rencontres...

Ce fut bien sûr lors de mes affûts en Mongolie, le face à face que j’ai vécu avec une femelle Panthère des neiges adulte, à 45m, durant plus de trois heures!! Elle s’est même endormie devant moi. En étant passionné par la faune de montagne, et par les bêtes rares, ce fut bien sûr le couronnement ultime de ma carrière.

Il y a deux ans, j’ai eu une autre rencontre exceptionnelle, celle d’un couple d’Ours de l’Himalaya, dans les montagnes du Tadjikistan: la joute amicale de ce couple en pré-rut, a duré plus de 40 minutes! Une grande chance d’être là au bon moment.

Vous avez des spots préférés ?

Ce sont des lieux où je retourne chaque année, des lieux que je ne dévoile à personne, des lieux où je suis sûr d’être totalement seul, en osmose parfaite avec la Nature profonde.

Ces lieux se trouvent dans des vallées secrètes, d’accès difficile, que je connais bien! J’adore être tout seul en montagne, ne plus bouger, et observer tout cette Vie fascinante, avec mon outil de base, mes jumelles Leica!

Et un lieu mythique ?

L’endroit le plus paumé du globe, le ChangThang au Tibet. 

Je me sens le mieux dans les endroits les moins peuplés, comme les Déserts du Namib et du Gobi, où j’ai séjourné pendant des mois. J’y ai adoré cette solitude parfaite, ce silence incroyable, qui n’est interrompu que par le souffle du vent.

Une réalisation importante, une œuvre personnelle ?

Mon film sur la Panthère des neiges, durant lequel j’ai eu la chance de faire ce que je rêvais de faire, être en face du félin mythique sans que celui-ci ne se doute de ma présence! 

J’ai eu de la chance, c’est certain, mais la préparation fut très intense et sérieuse. 

Mon dernier livre également, car la faune des Alpes reste ma préférée. Maintenant je veux tout refaire en vidéo, mais aurais-je le temps et la santé pour tout faire?

Parlons un peu matériel, qu’utilisez-vous ?

En photo, depuis 45 ans, j’ai vu toute l’évolution du matériel. Deux révolutions ont été les bienvenues, la première fut l’autofocus en 1987 (Minolta), puis bien sûr le numérique!

A l’heure actuelle, j’ai du matériel Nikon (D4 et D800) et les optiques standards, 24-70, 70-200, 300, et 500, plus converter. Comme je le disais plus haut, mon outil de base est représenté par mes jumelles 7 x 42 Ultravid Leica, des merveilles.

En vidéo, j’ai travaillé en DVCam, puis avec des Canon XL2 et XLH1, puis avec une Sony XDCam EX3, et une Sony Nex-FS700. Je vais vendre ces deux dernières pour me lancer dans la 4K avec la Sony PXW-FS7, sur laquelle je mettrai le 70-400 Sony et le tout nouveau Sigma 150-600.

Pour mes dessins, je m’inspire de certaines de mes images deuxième choix, et utilise des crayons dur à pointe très fine (0.3) pour les détails, et des crayons très gras (5B), car j’adore les beaux noirs.

Et vos techniques de contact avec la faune ?

Selon l’espèce visée, je pratique aussi bien la billebaude, l’approche, l’approche-affût, ou l’affût. Ce dernier peut se faire soit dans de petites tentes, où l’on se tient assis, pour des affûts courts (3 à 5 heures) soit des tentes dans lesquelles on peut dormir (120 x 180 cm), et donc rester 24 heures ou plus. Je confectionne moi-même toutes ces tentes.

Les affûts que je préfère, sont ceux où l’on passe la nuit dans la tente (Ours du Gobi, Panthère des neiges, Coqs de bruyère, aigle, etc…). Dans ce cas, on se fait totalement oublié des animaux. Le plaisir est alors total car l’on sait que le dérangement est nul ou quasi-nul.

Quel conseil donneriez-vous à un débutant dans votre parcours ?

Devenir, en premier lieu, un bon naturaliste.

Ne surtout pas envisager cette occupation comme une profession, surtout pas, car de nos jours, c’est devenu quasiment impossible de vivre de sa production. C’était encore envisageable il y a vingt ou trente ans mais plus maintenant. 

Rester passionné même après de nombreux échecs. Aller dans la Nature pour le plaisir d’être dans la nature.

Toujours mettre en priorité le fait de ne pas déranger l’animal, en particulier en hiver ou lors de la nidification. Savoir renoncer si l’on sent que l’on est un intrus!

Un animal disparu revient, imaginez...

Maintenant que le Lynx et le Loup sont bien implantés en Suisse, il serait envisageable que l’Ours revienne réellement et définitivement, soit dans les Grisons, soit au Tessin, cantons peu peuplés. C’est possible, il suffit d’aller voir ce qu’il se passe dans les Abruzzes, et surtout dans le Parc du Brenta Adamello, là où vivent les derniers 35 Ours alpins! Je reste optimiste, à condition que les politiques arrêtent de prendre des décisions eux-mêmes (Ils n’y connaissent RIEN!), mais qu’ils prennent l’avis des scientifiques et des naturalistes avertis… Mais c’est sans doute de l’utopie.

Un animal fantastique que vous aimeriez croiser ?

Un animal qui a vécu sur notre petite bille bleue, pendant des millions d’années, et qui était un Super-prédateur… Le T-Rex!! Imaginez, faire de l’affût au T-Rex dans une cage bien solide!!

Côté préservation de la vie sauvage, vous suggérez des initiatives ?

Il y a quelques années, j’ai dénoncé au Service Cantonal de la Faune, l’excès de tirs sélectifs, sur les chamois mâles (obligatoires dans les Réserves Fédérales, mais cela avait été décidé avant le retour des prédateurs!), dans le District Franc Muveran Diablerets, dans lequel je vis. J’avais en effet constaté en deux décennies, un déséquilibre progressif de la Sex-Ratio en faveur des femelles, une forte diminution des vieux mâles, un rut très calme, une mauvaise reproduction, et donc une baisse des effectifs… Depuis, les tirs ont été stoppés pendant plusieurs années, et la situation s’améliore progressivement.

Une Association vous tient-elle à cœur ?

Pro Natura, l’Association de Protection de la Nature suisse, à laquelle j’adhère depuis plus de quarante ans.

Elle met toutes ses compétences en œuvre pour défendre les intérêts de la nature. 

Elle s’engage avec détermination et d’une manière conséquente pour la sauvegarde et la conservation de la faune et de la flore indigènes. La création du Parc national suisse fait partie des réalisations pionnières de l’organisation fondée en 1909. 

Aujourd’hui, Pro Natura gère plus de 600 réserves naturelles et une douzaine de centres nature dans toute la Suisse. Pro Natura est active avec ses sections dans tous les cantons suisses.

Il y a des urgences en matière de nature ?

Il y a de nombreuses urgences, car les décideurs, en ce qui concerne la faune et la nature, sont des politiciens, qui sont dans leur bureau. Ils sont, à l’évidence, loin d’être des connaisseurs des nombreux problèmes que l’on rencontre dans la nature…

Je prendrai comme exemple ce que notre Ministre de l’Environnement Ségolène Royal a dit récemment: « L’Ours des Pyrénées ne doit pas exister, là où il y a du pastoralisme »!!!! Mais le pastoralisme est omniprésent! Faut-il donc anéantir l'Ours?? 

C’est affligeant!!

A l’évidence Mme Royal ne sait absolument pas ce qu’il se passe au Brenta Adamello, et ne connaît sans doute même pas cette région…

En Suisse, il y a deux projets complètement aberrants en cours.

 Le premier est le suivant : voici ce qu’on lisait il y a quelques jours dans le journal:

« L’Etat pourrait opérer les lynx pour mieux les réguler [Suisse]

Opérer les lynx pour éviter qu’ils prolifèrent dans le canton. C’est la proposition faite par le député Dominique Bonny, et acceptée de justesse par le Grand Conseille le 6 janvier (67 oui, 64 non) en toute fin de séance. Le texte prévoit «la possibilité, outre le tir ou le déplacement, de procéder à la vasectomie pour les mâles et à l’hystérectomie pour les femelles lynx»… ».

Lorsque j’ai lu cela, j’ai cru d’abord à un gag, tellement cela me semblait idiot!! Mais c’est la réalité, ils veulent stériliser les LYNX, en Suisse!!

L’autre est le projet d’implantation de sept énormes éoliennes de 185m de hauteur, en plein Parc Jurassien Vaudois, au milieu des derniers sanctuaires du Grand Coq de bruyère!!! Une autre aberration totale. 3000 tonnes de béton pour chaque éolienne, des routes à faire pour amener le béton et ces machines monstrueuses et inutiles!! Les bras m’en tombent, on est vraiment gouverné par de sinistres crétins des Alpes….

En conclusion, vous disparaissez ce soir, quel message vous laissez ?

Merde! J’avais encore plein de trucs à faire…

Commandez ce film et regardez-le attentivement : Sacrée croissance

"Celui qui pense qu’une croissance exponentielle infinie est possible dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste" déclare un... économiste, non sans humour.

Tout le monde, tous les économistes, tous les politiques parlent de CROISSANCE, ils n’ont que ce mot à la bouche… 

Mais la seule chose qui peut sauver l’espèce humaine, c'est justement l’arrêt de cette stupide croissance INFERNALE

Regardez bien jusqu’au bout cet excellent film; Au Bhoutan, ils ont TOUT compris!!

 

Distinctions & Parutions

Expositions

EN LIEN AVEC LE SUJET

LIVRE (S) EN LIEN AVEC LE SUJET :

En rapport avec :

Pages personnelles

Facebook :

Instagram :