Photographes animaliers

PERRIN Coralie

Née en 1982, j’ai appris à observer la nature et les animaux sauvages dès mon plus jeune âge au travers de nombreuses randonnées estivales en famille. Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours été fascinée par les animaux au plus grand dam de mes proches puisque je suis capable de m’approcher de n’importe quel animal sans me soucier du danger.

Suite à mes études, le vent me portera sur le littoral méditerranéen où la photo deviendra pour moi, une révélation, une façon de m’exprimer afin de dévoiler en lumière la fragilité du monde vivant qui nous entoure. Les échanges avec les différentes personnes que je rencontre précisent et aiguisent mon goût pour la photo animalière. Cernée par des paysages ô combien somptueux, c’est alors au pied des sommets du Mercantour que je me ressource et puise mes premières inspirations au contact des bouquetins, chamois, marmottes, renards…

Dès 2011, je fais le choix de m’expatrier chez nos amis néerlandais pour raisons professionnelles, où leur approche à la nature me bouleverse. Imaginez un monde sans chasseurs où les promeneurs côtoient constamment des animaux sauvages qui ne sont point apeurés par la présence humaine. C’est dans cette univers que pendant presque 3 ans, je profite d’un contact privilégié avec daims, chevreuils, renards…dans des paysages de dunes, de bruyères…. En 2014, l’appel des montagnes revient et je saisis une opportunité professionnelle pour partir en Suisse là où les paysages sont époustouflants de beauté.

Je reste partagée par ce désir de connaitre le moindre centimètre carré « de mes environs », et l’envie d’explorer d’autres horizons, plus lointains, plus isolés, plus sauvages tels que l’Argentine, le Kénya, le Canada ou plus récemment le Spitzberg.

Le rêve est à la portée de tous, il faut continuer de rêver pour toucher du bout des doigts cette nature sauvage qui nous anime au plus profond de nous.

 

Capture d’écran 2015-01-15 à 16.26.24

Entretien avec...

Pourquoi l'animal sauvage ?
Depuis mon plus jeune âge je suis fascinée par les animaux. Certes on ne peut parler avec eux mais on peut communiquer de tellement d’autres manières: un geste, un regard….La rencontre avec un animal sauvage m’emplit toujours d’émotions et illumine ma journée.

Un maître à penser ?
Ils sont très nombreux. Le plus célèbre en France reste sans doute Vincent Munier pour son travail exceptionnel et d’une recherche graphique impressionnante.

Néanmoins un photographe m’a bouleversé à Montier il y a quelques années: Florian Schulz. Cet allemand est un artiste de grand talent mais aussi un homme exceptionnel qui se bat pour la protection de notre planète et partage cette passion avec les siens puisqu’il n’est pas rare qu’il parte en voyage photographique avec son frère ou sa femme. Un mode de vie qui je dois l’avouer me fait rêver.

Une œuvre marquante ? 
Le travail de Vincent Munier sur le Loup d’Ellesmere avec des photos mêlant pureté et intensité. Un travail qui ne peut laisser indifférent étant donné la difficulté à trouver ces loups. La vidéo où il les voit se diriger vers lui est d’une émotion tellement intense. En tant que photographe, on comprend parfaitement ce qu’il a pu ressentir à ce moment là.

Si j'étais un animal sauvage ?
Sans trop d’hésitation un renard. Cet animal me fascine. J’ai eu la chance de le rencontrer à de nombreuses reprises dans des milieux très variés. Néanmoins chaque rencontre reste un moment magique à mes yeux.

Une belle émotion ou rencontre avec la faune ?
Chaque rencontre avec la faune est un moment d’exception, il y en a tellement qui me viennent en tête à l’instant même.
Si je devais n’en choisir qu’une, ce serait sans doute ma rencontre avec ‘Lady’. Partie me balader sur mon spot à renard habituel, je suis tombée sur une jeune renarde au faciès bien particulier. C’était la première fois que je rencontrais une renarde si jeune. Et je peux vous dire que lady est reconnaissable entre toute et qu’elle a une place toute particulière dans mon coeur.

Renard 2
Un animal disparu qui reviendrait ?
Le problème est qu’il y a déjà tellement d’animaux disparus et nombreux par la faute de l’homme. Si j’en avais le pouvoir, je les ferais tous revenir. Malheureusement cela n’est pas possible et la priorité est sans doute à se battre pour éviter l’hécatombe qui se déroule sous nos yeux. Il suffit de regarder la triste liste rouge UICN des espèces menacées.

Un animal fantastique qui existerait ?
Un griffon. Un lion à tête d’aigle volant, wouahhh cela doit être sacrément impressionnant d’avoir cela dans son viseur.

La photo ou la série à laquelle vous tenez particulièrement ?
Voilà une question encore bien difficile. Je pense que l’ensemble de mes photos de renard me tiennent à coeur car il est sans conteste mon animal préféré.
Néanmoins une photo à laquelle je tiens énormément vient d’une spitzberg. Cette photo a été réalisé lors de ma première balade, en direction d’un glacier. Au plus près du glacier, un champ de glace s’étend alors à mes pieds où j’espère sans grand espoir apercevoir un phoque ou un veau marin. Tandis que je m’apprête à rejoindre le groupe pour rentrer au voilier, mon voeu est exaucé! Un veau marin se promène au milieu des icebergs. Pas une minute à perdre, je m’étends au sol et dirige mon objectif vers lui pour immortaliser ce moment qui ne dura qu’une fraction de secondes.
Cette image me tient également particulièrement à coeur car c’est l’image que ma mère a choisi d’exposer dans son salon (petite fierté personnelle).

Phoque

Spot préféré ?
La nature! C’est un terrain de jeu sans fin où il est tellement bon de se ressourcer. Etre dans la nature apporte un équilibre à ma vie.

Un lieu mythique ? 
Là encore la liste est tellement longue. Alors c’est sans doute utopique mais j’espère avoir la chance de voir un maximum de notre planète au cours de ma vie.

Et la technique ?
De quoi parle t’on? Non sérieusement la technique est importante pour réaliser les images que l’on souhaite et il faut en connaître les bases pour obtenir le résultat escompté. Néanmoins je suis de ceux qui photographient avec le coeur et tentent de faire partager mon émotion du moment.

Des urgences ? 
Malheureusement oui tout est devenu urgent. L’homme est devenu le plus grand virus de notre planète détruisant tout sur son passage pour l’argent et le profit. L’argent ne nous sera d’aucune utilité si nous n’avons plus d’eau potable, d’air pur…Alors espérons que l’Homme, les états et les sociétés seront capables de prendre les décisions qui s’imposent à temps.

Des conseils ? 
Emerveillez-vous! Comme le dirait Nicolas Hulot, l’émerveillement est le premier pas vers le respect. Photographier un animal dont vous connaissez les habitudes ne doit pas devenir quelque chose de classique car la qualité de vos photographies en sera diminué. Prenez chaque rencontre avec un animal sauvage comme un grand cadeau et profitez en au maximum.

Une association à mettre en avant ?
Toutes les associations de protection animalière devraient être mises en lumière.
Je vais néanmoins en sélectionner deux: le fameux Sea Shepherd pour leurs actions militantes pour la préservation de la faune marine et l'association Mara Meru qui se bat pour la préservation du guépard. J'ai eu la chance de rencontrer une de leurs équipes sur le terrain, ce sont vraiment des gens passionnés et dédiés à leur combat.

Pour conclure ?
Respectez notre planète et ses habitants car une planète bleue il n’en existe qu’une dans le système solaire et il faut la préserver avant qu’il ne soit trop tard.

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