Photographes animaliers

TOURNIER Sébastien

Une approche de la nature tout en délicatesse, subtile, où l’animal jamais n’obstrue l’image, où l’animal signe le décor qui lui sert de territoire, voilà la façon dont Sébastien, 30 ans, regarde le monde vivant. Il le connaît, l’aime avec passion et nous le montre avec un sens aigu de la beauté, de l’esthétique.

Parce que pour lui, comme pour Dostoïevski « la beauté sauvera le monde !»

Rencontre à l’issue de Montier.

Parcours, arrivée en nature

« Mon grand père, grand ramasseur de champignons, m’emmenait avec lui dans les bois, mes parents me lisaient des histoires de loups et de requins, dès 10/12ans, j’ai fait le mur, je m’échappais de chez moi pour aller au bois à la rencontre des chevreuils et des sangliers.

Un jour, je me suis dit qu’il fallait que je montre ce que je voyais : premier compact que je bricolais en y adjoignant un bout de jumelles !

Une fois mon diplôme d’ingénierie environnementale en poche, travaillant dans la mise en valeur des patrimoines naturels - j’ai participé à la création du Parc régional de la Dombes -, mon premier salaire m’a permis d’acquérir un Konica puis un Sony α avec un zoom 70/300 et j’ai commencé à arpenter ma région d’adoption, l’Ain.

Depuis 3/4 ans je me consacre à l’animal dans son environnement avec une vision plus graphique, thème de ma présentation à Montier. »

Mes références, mes maîtres à penser

« Vincent Munier d’abord ; il a introduit la photo animalière artistique et influence beaucoup les jeunes .

Robert Hainard, pour la perception de la nature, le sentiment profond éprouvé à la vision de l’animal. C’est l’artiste le plus complet.

Joël Brunet, grand photographe grâce auquel j’ai pu accéder à Montier. »

Pourquoi l’animal sauvage ?

« Petit, quand je m’échappais et me cachais en forêt, j’avais l’impression d’être un animal parmi les autres ».

Etre un animal

« Le loup ! »

Une belle rencontre

« Dans le Yukon au Canada, au milieu de nulle part, avec les grizzlys ; J’y suis allé à cheval avec un guide et trois amis en 2010. Notre aventure a été entachée d’un grave accident subi par l’un d’eux qui s’est empalé sur une branche. L’attente des secours, toute une nuit, a été terrible. Nous avions peur d’être attaqués par les ours. Tout s’est heureusement bien terminé. Mais quelle angoisse ! Tout à coup on ne se sent plus au sommet de la chaîne du vivant, on devient humbles, on se sent simplement invité par la nature, la nature Sauvage avec un grand S.»

Un spot préféré

« Le département de l’Ain, là où je sors, des territoires diversifiés où l’on croise aussi bien le chat sauvage dans la forêt que des échasses blanches dans les marais. Les étangs des Dombes, le massif du Bugey, c’est chez moi !»

Un lieu mythique où partir ?

« La Patagonie. Pour moi c’est un peu comme le Yukon, un lieu où la patte de l’homme est invisible. »

Une oeuvre qui résume votre parcours

« L’œuvre de Vincent Munier, je ne peux choisir entre ses photos, c’est un ensemble. »

Quel matériel, quelles techniques ?

« Simple ; je travaille avec un Canon EOS 60D et un téléobjectif 300mm f4 ; c’est léger, ça favorise le décor, un vrai couteau suisse !

Je me balade, en billebaude, en terrain connu ou après reconnaissance, je m’arrête parfois, revêt mon filet de camouflage et j’affute un moment ».

Quel conseil au débutant ?

« J’en donnerai trois :

- Se faire plaisir avec ce qu’on a, se contenter de ce qu’on a, sans toujours rêver au matériel soit disant idéal.

- Photographier à côté de chez soi, ne pas vouloir toujours aller au bout du monde.

- Manger de l’image à travers les expos, les livres, les magazines, les sites internet, pour s’inspirer et se construire ».

Un animal disparu revient ?

« L’Ours des cavernes ! Pour la relation avec l’homme des origines. »

Une initiative en faveur de la faune sauvage ?

« Montier en est une : montrer la beauté pour que le public prenne conscience par elle de la nécessité de préserver la biodiversité ; c’est l’entrée vers la connaissance. C’est une fête de la photo, de l’art, de la biodiversité.

Et pour moi, un rêve réalisé. Quand j’ai reçu ma lettre d’agrément, quelle joie! »

Une urgence ?

«Revoir les modes de production agricole pour favoriser la biodiversité ; redonner sa place à l’arbre pour la haie, favoriser l’agroforesterie ; l’arbre mais aussi l’eau et le sol ! »

En conclusion, un message ?

« Rester humble en tant qu’homme, se sentir comme un invité de la nature »

15 nuances de gris : la thématique

Quand la neige adoucit la prairie, quand les nuages blanchissent le ciel, ou encore à la tombée du jour, alors que les couleurs se fanent et que l’obscurité gagne sur la lumière, le blanc et le noir se mêlent pour donner naissance à une infinie variation de gris.

15 nuances de gris raconte quelques instants de vie sauvages saisis dans ces conditions particulières, en privilégiant une approche artistique des insectes, amphibiens, oiseaux et mammifères qui vivent à nos côtés.

Les 15 images sont présentées de la plus claire à la plus foncée, à la découverte des noirs et blancs naturels que dessine parfois la lumière entre étangs de Dombes et massif du Bugey (Ain).

Cliquez sur le document ci-dessous pour consulter le dossier de présentation de l'exposition.

Pages personnelles

http://www.sebastientournier.com