Par égoïsme je recherche le silence et le monde animal se fait discret là où l’homme aime faire du bruit. Se rendre dans la nature est pour moi une nécessité qui me permet de me recentrer. La nature me permet de m’émerveiller. De me rappeler l’enfant que j’étais aussi qui rêvait de ces rencontres.

Un élément déclencheur, ou un maître à penser ? 

Quand j’allais au lycée je me rendais rarement au centre de documentation sauf à chaque début de mois pour lire le National Géographic, et j’ai été impressionné par une photo de David Doubillet.

C’était un banc de barracudas avec un plongeur en son centre. Je crois que lorsque j’ai vu cette photo secrètement déjà j’espérais un jour faire de la photo sous marine et documenter les mondes marins.

Une belle émotion ou rencontre avec la faune ? 

Des belles rencontres j’en ai fait des exceptionnelles. Il y en a deux qui sortent cependant du lot.

Lors d’une plongée à Rangiroa un dauphin qui a passé plus de 20 minutes avec moi. Son regard, son chant qui transperçait mon corps comme s’il scannait mon âme. Je ne crois pas au mystique mais à ce moment là impossible de ne pas croire en une rencontre un brin spirituel.

La deuxième est plus récente avec les orques dans le lagon de Mayotte où un groupe de huit orques s’est mis en chasse d’un requin tigre. Déjà la probabilité de voir des orques à Mayotte, si elle existe, reste cependant exceptionnelle mais alors les voir en plein repas avec un requin tigre est juste incroyable.

Un lieu mythique ? 

Il y en a tellement… Galapagos, Antarctique, Costa Rica…

Votre animal de prédilection ? Celui après lequel vous courrez ?

J’aime les requins avant tout, lorsque j’ai commencé la photo je recherchais principalement les requins. 

Mais ceux que j’ai la chance de pouvoir approcher sont la tortue verte et les dauphins long becs et tursiop

Votre photo à laquelle vous tenez particulièrement ?

Je ne suis pas particulièrement attaché à une photo en particulier.

Une fois que j’ai la photo que j’ai imaginée je suis déjà tourné vers la prochaine.

En revanche il y en deux qui m’ont fait prendre la photographie plus au sérieux c’est une photo de requins bouledogue des iles Fidji et une autre d’un banc de barracudas avec un plongeur en son centre (un peu comme celle de David Doubilet).

Ces deux photos ont été publiées sur le site internet de National Geographic à ma plus grande surprise et m’ont fait prendre conscience que je n’étais pas l’usurpateur que je pensais être.

La photo animalière d’un confrère que vous auriez aimé prendre ?

Pour photographier les tortues vertes dans le lagon de Mayotte, les photos de Renee Capozzola avec le soleil couchant pile dans l’axe de la nageoire de la tortue m’impressionne. En plus d’une maitrise parfaite de sa technique il faut que la tortue prenne la bonne pose, au bon endroit….

Et la technique : frein ou atout ?

J’aime la simplicité pour moi la technique doit être au service de l’image.

Dans le domaine de la photo sous marine elle est surtout présente en macro photographie, style photographique que je pratique rarement tant les images réalisées par d’autres sont exceptionnelles.

Votre « terrain de jeu » préféré ?

J’ai la chance de vivre dans un des plus grand lagon au monde. A Mayotte, je peux  prendre mon appareil et m’adonner à ma passion.

Le voyage à faire absolument avant que le rideau de l’obturateur ne se ferme définitivement ?

Moi qui m’espérais immortel… l’Antarctique.

Des conseils ?

Appliquer la devise de Nelson Mandela : « Soit je gagne, soit j’apprends ». I

l est tout aussi important d’échouer et de bien regarder ses photos ratées que celles qu’on a réussi. D’ailleurs, j’ai appris bien plus de mes photos ratées. Sortir et Recommencer.

Avoir une vision de son travail, un projet photographique que l’on peut proposer ensuite. Pas besoin d’aller à l’autre bout du monde même si on rêve d’Antarctique la nature est partout autour de nous et c’est un privilège.

Développer sa culture photographique en regardant les travaux des grands photographes, comprendre pourquoi ils sont de grands photographes.

Et surtout montrer ses photos. La photo c’est le partage d’une rencontre. C’est aussi faire traverser nos émotions dans les yeux des autres, et qui sait les toucher.

Le pire des dangers pour la vie sauvage ? 

L’homme, tout provient juste de l’homme. De toute façon tout est lié et que nous le voulions ou pas nous sommes liés à cette nature, au monde animal.

Nous avons une responsabilité vis à vis de ce monde comme vis à vis des futures générations. Faire comme si le réchauffement climatique, la pollution, la déforestation, le braconnage n’existait pas c’est courir à sa perte.

Et l’argent n’y changera rien. Je ne sais plus qui a dit « seule la beauté sauvera le monde » j’y crois et c’est l’incroyable pouvoir des photographes. De capter le beau et de dénoncer les méfaits de l’homme.

Une suggestion pour aider à sensibiliser le grand-public ? 

Sortez, allez vers la nature au lieu d’aller au centre commercial.

Faites un tour en mer pour y faire des belles rencontres qui vous couteront au final peut être moins cher que le cirque marineland.

Ne pas croire que ces rencontres sont réservées à une élite.

Plutôt optimiste ou pessimiste pour l’avenir ?

Ce monde m’inquiète, j’ai l’impression d’une chute en avant. J’ai depuis maintenant dix ans que je fais de la photo rencontré des passionnés, des guides désireux de faire apprendre, de sensibiliser.

Je vais être honnête pour avoir vécu à Paris, le monde animal était quelque chose de lointain pour moi. Le corail un rocher. Et puis,  j’ai pris la décision de changer de vie. J’ai fui Paris, je suis parti dans le Pacifique et là j’ai rencontré un véritable passionné de la plongée sous marine et de la photo. Son regard, son attention sur ce monde. Sa volonté de partager a fait de moi le photographe que je suis.

Tant que ces personnes existeront, ces passionnés, ces amoureux de la nature. Alors je resterai positif. 

Les grand-messes annuelles (COP, sommet de la Terre...) sont-elles efficaces ?

Ca tombe bien cette question parfois lorsque je nage à la recherche des tortues je refais le monde. Tout seul dans le lagon.

Lorsque je lis que les pays les plus pollueurs pourront continuer de polluer en payant une taxe aux pays qui polluent le moins…. A un moment il faudra que nos industriels et « grands » de ce monde comprennent que l’argent ne pourra pas tout acheter. Et que l’action c’est maintenant pas dans 10 ou 20 ans.

En même temps à repousser ce sera à la COP80 de trouver des solutions pour la COP28… Quand je pense que lorsque j’étais au lycée j’entendais parler des accords de Paris…. Il s’est passé quoi depuis ?

Pour conclure ?

Finalement au travers de vos questions j eme rends compte que je ne suis pas le seul à me poser ces questions.

Et merci pour votre intérêt

Plongeur expérimenté et plusieurs fois récompensé et honoré dans des concours photo internationaux

National Geographic Traveler Winner Porfolio 2023,

Winner Black and White 2023 Ocean Geographic,

Sélection Montier en Der Festival 2023,

Top 5 du Jury aux IPA Photo Awards,

Top 5 au Championship World Shootout 2021,

Galathea impact humain 2022,

Environnement marin 2021, 2023

Ocean Art 2021,

Finaliste Golden Turtle 2022,

Mention honorable Ocean Geographic 2022,

Finaliste Travel Photographer of the Year 2020,

Lauréat Wildlife Monochrome Award 2019,

Finaliste portrait Wildlife 2019,

Mention honorable Video Siena Award 2023, 2022, 2021, 2020.