Personnalités à découvrir

CRESSENS Bernard, Président du Comité Français de l’UICN

Bernard Cressens se dit né « urbain », à Grenoble en 1949, pourtant c’est un homme de la campagne, de la ruralité. Grand père bûcheron, il a repris l’exploitation familiale, au pied du Vercors. Et il sait de quoi il parle quand il parle nature ! D’autant qu’il y est venu par l’agriculture et les animaux domestiques.

Très tôt au boulot tout en faisant ses études,bac dans la période agitée de 1968, prépa veto, maîtrise de biologie, plus tard DESS de droit de l’environnement, il assume très vite des engagements : agriculteur éleveur, élu municipal et syndical jusqu’en 1985, puis directeur d’AVENIR - le Conservatoire de la nature en Isère - jusqu’en 1997.

Consultant en Nouvelle Calédonie et en Polynésie, il croise le WWF en 2000 qui lui confie une mission en Guyane sur les projets d’aires protégées terrestres ou pour les tortues marines puis l’embauche comme directeur des programmes de conservation en 2002 . Bénévole engagé dans de nombreuses associations – WWF, Réserves Naturelles de France, UICN, ou au CNPN (pour le WWF) où il est rapporteur pour les parcs marins notamment.

Aujourd’hui « jeune retaité » Bernard est toujours très occupé : Président du Parc marin des Glorieuses (Terres australes, Océan indien), Président du Comité français de l’UICN, administrateur du Parc naturel régional du Vercors, administrateur de la Réserve Naturelle de Chérine (Brenne), conseiller municipal et…en partance pour la Martinique pour animer le comité national de l’initiative française pourr les récifs coralliens IFRECOR !

Rencontre sur son toit (où il est perché - : « J’ai devant moi les moutons, la commune de Saint Paul lès Monestier et au fond la chaîne du Vercors ») avec un naturaliste-humaniste.

Quels maîtres à penser, quelles références ?

« Curieusement, d’abord des humanistes : Schweitzer, Gandhi, Mère Teresa, Luther King, Mandela. Mais aussi Robert Hainard, ma référence, un homme complet. »

Pourquoi la vie sauvage ?

« J’ai toujours été attiré par la nature sauvage, je peux rester des heures à la regarder, c’est un espace de ressources et de ressourcement, de paix aussi. Quand le curé me disait « tu ne vas plus à l’église », je lui répondais « mais Dieu je l’ai tous les jours devant les yeux, en regardant le Vercors. »

Si vous étiez un animal sauvage ?

« J’hésiterais entre un félin, j’admire les félins ou un oiseau peut être, pour prendre de la hauteur sur notre pauvre monde, un oiseau migrateur qui passe d’un pays à l’autre, d’un territoire à l’autre, de milieu en milieu. »

Une belle rencontre ?

« Les animaux après la fenaison ; le renard qui mulote, la buse posée sur un ballot qui cherche une charogne à récupérer. »

Un spot préféré ?

« Le Vercors mais aussi des grands espaces, les forêts primaires comme l’Amazonie où je suis allé ; et les milieux sous-marins, j’ai plongé dans le lagon de Nouvelle Calédonie. »

Un lieu mythique ?

L’Okavango, dont je rêve. Des milieux où on se sent tout petit mais en ressentant qu’on fait partie de cette planète. »

Une œuvre ou un objet qui accompagne votre parcours ?

« Une canne Makhila, l’ancien bâton des bergers basques qui sert de canne mais aussi de baton de défense ; sous le pommeau en corne il y est gravée une devise – la mienne « la liberté dans l’honneur », elle accompagne mes marches ; et puis maintenant aussi, un appareil photo, pour saisir la beauté des paysages et des gens au cours de mes balades. »

Un animal disparu revient, lequel ?

« Un félin, le tigre blanc ! Mais une petites bête aussi, un oiseau ou une tortue – terrestre ou marine . »

Une initiative ? Une action ?

« La liste Rouge de l’UICN qui empêche désormais de dire « je ne savais pas. »

« L’action au quotidien pour éviter le massacre des espaces, des espèces, l’engagement associatif, et vivre en harmonie avec et non contre la nature. »

Une Urgence ?

« La lutte contre le réchauffement climatique car il menace tous les écosystèmes et donc toutes les espèces et même l’Homo sapiens sapiens ( pas si bien baptisé car pas très « sage »). »

Côté IUCN :

Ça sert à quoi la Liste Rouge dont on fête les 50 ans ?

« C’est un document de connaissance et d’alerte comme je l’ai dit plus haut. Si on continue dans la même logique à ne rien respecter, à détruire, l’humanité est fichue.»

Les espèces ont toujours disparu, d’autres sont arrivées ; en quoi la période actuelle est-elle grave ? En quoi y a t’il urgence ?

« Le problème n’est pas dans l’apparition ou la disparition des espèces. La gravité réside dans la vitesse de disparition, dans l’accélération des phénomènes due aux agissements des humains ; il y a un gros risque d’impossibilité d’adaptation. Y compris pour l’espèce humaine. Car on ne défend pas la nature pour la nature, on la défend pour l’Humanité. La nature n’a peut être pas besoin de nous mais nous, nous avons besoin d’elle !

Une espèce qui disparaît,ce n’est peut être pas si grave, mais c’est une alarme que l’ écosystème est en danger ; nous risquons de nous retrouver avec des écosystèmes qui ne pourront plus nous rendre les services de production, d’épuration, de régulation , qui ne pourront plus jouer pleinement leur rôle sur les cycles fondamentaux du carbone, de l’azote , de l’oxygène …...cycles nécesssaires à la vie sur cette belle planète bleue.»

Un message à laisser

« Il faut partager, laisser de la place aux autres, aux autres gens mais aussi aux autres espèces ;

Vivre en harmonie avec la nature. S’engager dans le combat pour la Nature, c’est s’engager pour l’Humanité, dans ce qu’elle a de bon, de beau, de grand.

C’est un combat pour défendre un tout.

Je voudrais que mes petits enfants profitent d’un monde beau ! »

 

EN LIEN AVEC LE SUJET

LIVRE(S) EN LIEN AVEC LE SUJET

En rapport avec :

SITE WEB

Article précédent

LACKMAN Isabelle

Article suivant

ROLLARD Christine