Accord France-Brésil de lutte contre l'or illégal : Une situation au point mort

Orpaillage illégal en Guyane française<br />© Michel Gunther  WWF-CanonSix ans après sa signature, un an après sa ratification par le Brésil, tel qu’annoncée par le Président François Hollande lors de sa dernière visite présidentielle en Guyane, l’accord de coopération entre la France et le Brésil n’est toujours pas entré en vigueur. L’histoire de cet outil, pourtant indispensable à une lutte efficace, soulève de sérieux doutes quant à la volonté des Etats d’en finir avec le fléau de l’orpaillage illégal en Guyane.

Un contenu bien pensé

L’accord signé par les Ministres des Affaires Etrangères brésilien et français en décembre 2008 repose sur un contrôle coordonné du fleuve frontière Oyapock, véritable échine logistique de l’orpaillage illégal, sur la mise en place d’un dispositif de traçabilité de l’or et des moyens nécessaires à sa production, ainsi que sur la promotion et le soutien à un développement économique alternatif au nord Brésil. Sur le papier, ce vaste et ambitieux programme semblait répondre avec acuité à la complexité du phénomène d’exploitation aurifère illégale en Guyane !

Réticence à la coopération assumée en Amapá

Ce volontarisme des gouvernements respectifs s’est cependant heurté, dans l’Etat de l’Amapá au Brésil, aux résistances de certaines formations politiques œuvrant activement au maintien des trafics d’or illégal. Ainsi, bien que ratifié par le parlement français en 2010, l’accord est resté gelé au Brésil…jusqu’à la faveur d’une visite du Président de la République française, François Hollande, en décembre 2013.

Une ratification par le parlement brésilien annoncée par le Président de la République française

Le sentiment d’inaction des pouvoirs publics face à la lutte contre l’orpaillage illégal et les nombreux impacts que génère cette activité (violences, paludisme, vols, pollutions, destruction de l’environnement, etc.), ont amené à la création d’un collectif citoyen, les « Hurleurs de Guyane », quelques semaines avant la visite présidentielle française au Brésil de décembre 2013 et grâce au travail de fond mené par le WWF depuis de nombreuses années. François Hollande avait annoncé lors de cette visite,  la ratification de l’accord par le parlement brésilien.

Et depuis ?

Alors qu’à la COP 20 au Pérou les délégués ne cessent de rappeler le rôle essentiel pour le climat de la forêt amazonienne, le WWF regrette vivement qu’aucune évolution réelle n’ait eu lieu sur le terrain, douze mois après cette rencontre franco-brésilienne au sommet, pour lutter contre les effets environnementaux, mais également sociaux et sanitaires dévastateurs de l’orpaillage illégal.
Pire, en dépit de l’annonce officielle du Président de la République française, l’accord n’est toujours pas promulgué au Brésil.
Le WWF demande donc aux autorités françaises et brésiliennes de protéger les forêts et de prendre leurs responsabilités pour mettre en œuvre et déployer, sur le terrain, cet accord commun de lutte contre l’or illégal, qui ne cesse de gangréner le dynamisme des relations franco-brésiliennes.
 

NUISIBLES : Indemnisation des animaux « nuisibles » illégalement détruits dans le Loiret en 2009-2010

Le Tribunal administratif d’Orléans, dans son jugement n°1302120 du 11 décembre 2014, reconnaît la responsabilité fautive de l’État résultant de la destruction illégale dans le département du Loiret (45), pendant la saison 2009-2010, de 494 putois et le condamne à … Lire la suite

COP20 : Dernière répétition avant Paris Climat 2015

Sauver la planète sera moins cher que l'inaction<br />© naturepl.com/WWE/Widstrand/WWF-CanonLa 20e Conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP20) s’ouvre à Lima, au Pérou, le 1er décembre prochain. Cette rencontre va permettre d’évaluer le degré de volontarisme politique affiché par les Etats  dans les  négociations portant sur un  nouvel accord mondial sur le climat. Les attentes sont fortes : les Etats sont censés jeter les bases d’un accord qui sera scellé en 2015, lors de la COP21 qui se déroulera en France, au Bourget.

Le changement climatique s’opère à un rythme galopant et le consensus est maintenant établi parmi les scientifiques sur ses différents impacts : les preuves scientifiques sont écrasantes. Il est donc impératif que les Etats fassent du changement climatique une priorité et quittent Lima en ayant dessiné les contours d’un accord en vue de 2015.

Les conséquences de l’inaction sont dorénavant connues

« Il ne faut pas se méprendre : c’est lors de cette COP20 qu’on va pouvoir évaluer la volonté politique de chacun en vue d’une action urgente sur le climat, et plus particulièrement en vue d’un accord mondial ambitieux et équitable sur le changement climatique« , a déclaré Tasneem Essop, chef de la délégation du WWF à la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.

Par ailleurs, ces derniers mois ont été le théâtre d’une mobilisation sans précédent de la société civile mondiale dans la lutte contre le réchauffement climatique, ce qui ajoute à l’urgence générale. C’est la preuve que les gouvernements doivent accélérer le rythme des négociations sur le climat et l’ampleur de leurs engagements.

« Apres les dernières annonces de l’UE, des Etats-Unis et de la Chine, ainsi que les contributions au Fonds vert, nous attendons des pays à Lima qu’ils puissent arrêter le bon cadre pour capturer ces contributions et les suivre. Nous attendons aussi qu’une revue l’an prochain puisse ouvrir la voie a plus d’ambition vers Paris Climat 2015 pour avoir une chance de limiter le réchauffement climatique à moins de 2°C » Pierre Cannet, Responsable du Programme Climat, Energie et Infrastructures durables.

Pour Diane Simiu, Directrice des programmes, « l’annonce par le Président de la République,  en ouverture de la conférence environnementale, de l’arrêt des crédits à l’export aux projets charbon est un autre signal encourageant, susceptible d’entraîner d’autres pays sur cette voie« .

Le WWF attend les résultats suivants à Lima :

Un engagement des gouvernements à agir de manière urgente pour parvenir à un pic des émissions avant la fin de la décennie, notamment en accélérant le déploiement  des énergies renouvelables dans le monde avec un objectif de 25% de consommation d’énergie et de doublement de l’efficacité énergétique d’ici à 2020, et via des actions  dans les secteurs de la forêt et de l’agriculture pour viser un objectif de « Zéro déforestation et dégradation des terres net »

Les gouvernements doivent également s’accorder sur les éléments du texte  à finaliser en 2015,  qui devra notamment :

  • revêtir un caractère contraignant en matière de réduction d’émissions avec des  objectifs nationaux clairs
  • définir un objectif mondial pour l’adaptation
  • fixer un objectif de long terme pour plafonner les émissions de GES en ligne  avec les « budgets carbone » identifiés dans le 5e rapport du GIEC
  • définir un processus de revue des efforts de réductions d’émissions et des  moyens de mise en œuvre associés, à la lumière du budget carbone global et  du cadre sur l’équité ;  et un mécanisme pour augmenter l’action et les  engagements en ligne avec ces revues ;
  • établir une feuille de route pour augmenter les financements d’ici à 2020

Les pays qui ne sont toujours pas engagés à contribuer au Fonds Vert doivent profiter de la
COP20 de Lima pour le faire.

« Nous allons nous réunir sur un continent composé de pays en développement qui ont déjà subi les effets dévastateurs du changement climatique, que ce soit par les inondations, la fonte des glaciers et des phénomènes météorologiques extrêmes. C’est aussi un continent où des mesures énergiques ont été prises pour combattre le changement climatique. Cela devrait inciter tous les pays à mettre de côté leurs propres intérêts nationaux et à agir dans l’intérêt de la planète« , a déclaré Tasneem Essop.  

Philippe Germa, Directeur général du WWF France et Pierre Cannet, responsable du Programme Climat, Energie et Infrastructures durables seront présents à Lima et pourront proposer un décryptage des négociations.

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