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Le courrier de la nature, novembre-décembre 2020

Editorial : Bal masqué

"Le premier épisode date de 2003 avec la découverte de la civette palmiste masquée (Paguma larvata), qui s’était retrouvée impliquée dans l’épidémiologie du SRASa puisque c’est par son intermédiaire que le premier coronavirus un peu célèbre était arrivé chez les humains. Tout semble avoir recommencé fin 2019. Cependant, les deux histoires prennent clairement des trajectoires différentes. Le premier virus a disparu à la fin du printemps 2003 et a eu le bon goût de ne pas réapparaître depuis. Le SRAS-CoV-2, responsable de la Covid-19, prend une autre direction. Cette maladie respiratoire virale se transmet le plus souvent directement de personne contaminée à personne saine, via des microgouttelettes de mucus respiratoire ; la probabilité de transmission augmentant en espace clos. En conséquence, toutes les attitudes conduisant à réduire cette probabilité sont à encourager : éviter les rassemblements, garder ses distances, porter un masque, entretenir de bonnes pratiques d’hygiène, penser aux autres. C’est la somme de toutes ces pratiques qui assure les meilleurs résultats, aucune mesure appliquée seule ne peut garantir d’obtenir le même bilan. Face à une maladie contagieuse, la réponse ne peut être que collective, c’est-à-dire citoyenne.

Mais le masque, sous prétexte que l’on peut se cacher derrière, ne doit pas tout permettre. Depuis cet été, le gouvernement démolit le droit de l’environnement sous prétexte de « relance », mais au profit d’intérêts trop particuliers. Au niveau départemental, par exemple, une instruction aux préfets du 6 août 2020 ouvre d’énormes brèches dans les textes actuels. Au niveau national, le recul sur les néonicotinoïdes (cf. n° 324, p. 3) représente un très mauvais signal, très mal argumenté. Ne parlons pas des arbitrages incroyables en matière de chasse – de vraies autorisations de destruction d’espèces pourtant reconnues menacées – ou encore la loi Accélération et simplification de l’action publique (ASAP), discutée début octobre à l’Assemblée nationale, qui réduirait la durée des concertations publiques sur les questions environnementales. La manière dont son article 25 (qui donne la possibilité d’esquiver l’enquête publique), rejeté en séance normale, a été rattrapé en catimini un vendredi soir donne une idée de ce que « simplification » signifie. Ces décisions vont clairement à l’encontre de la demande sociétale. Au-delà du fait qu’elles ne plaisent pas, elles renvoient vers les erreurs qui coûtent déjà si cher d’un point de vue économique, sociétal et sanitaire. Le discours gouvernemental actuel entendu semble loin de ce qui se dit vraiment derrière les masques."

François Moutou, vétérinaire et épidémiologiste, vice-président de la SNPN

SOMMAIRE

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Point de vue : Les réserves de nature SNPN Un dispositif rénové de protection de la nature par Romain Gosse, Aline Treillard, Marie-Joseph Veyrac


L’art et la nature Selon Laurent Girard et Alphonse Daudet


 

Nom :

Courrier de la nature

Numéro :

Date de parution :

325
2020-11-15

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