Personnalités à découvrir

Jacques HESSE, éditeur

Jacques a donné beaucoup à la nature, tant d'ouvrages qu'il a promus, fait découvrir. Il était un passeur de connaissance; nous ne ne l'oublierons pas. Voici le rediffusion d'une interview de 2015.

Lire l'article de la Nouvelle République : ICI

Jacques Hesse, né sur les bords de Loire, a toujours été un amoureux des livres : "Je lis, dit-il,  je n’ai pas la télé, donc le soir, je lis. Les émissions littéraires?… Autant lire les livres".

Diplômé de Sup de Co Paris plus DEA d’écologie appliquée, initié à la nature par un beau-frère professeur de biologie et d’écologie animale (devenu conteur), il a commencé à travailler pour l’administration dans le domaine de l’environnement comme conseiller écologiste du Loir-et-Cher dans les années 70.

Il a travaillé au début des années 80 (jusqu'en 84) dans deux laboratoires, celui de Jean-Claude Lefeuvre au MNHN, et celui de Claude Henry (laboratoire d'Econométrie de l'Ecole Polytechnique), le plus souvent sur des contrats pour le ministère de l'Environnement.

Puis, il a « commis » un premier livre sur la Sologne en tant qu’auteur (chez Berger-Levrault), puis a travaillé au Ministère de l’Environnement.

Et, et à un moment donné, il a eu envie de « faire autre chose ». Il a donc créé une galerie – La Marge - à Blois en 1985, et, surtout, il a eu la chance de rencontrer et de pouvoir travailler avec Robert Hainard qu’il a exposé l’année suivante dans sa galerie et ailleurs en France. En même temps il a créé, avec sa femme Catherine - "une aventure à deux" -, une société d’édition – les Editions Hesse -  qui tourne depuis 26 ans, avec un premier livre, comme par hasard, de Robert Hainard « Croquis d’Afrique » en 1989 !

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Depuis leur création, les Editions Hesse ont publié des dizaines d’ouvrages sur la nature : collections jeunesse, naturalistes, contes et légendes se sont succédé, et des biographies – Robert Hainard, François Terrasson

Nous le croisons souvent, mais pour cette fois, nous l'avons rencontré à Montier en Der.

Quels sont vos rencontres majeures en tant qu'éditeur? Trois grandes rencontres ont ponctué ma vie : En dehors de Robert Hainard, une de mes rencontres très importantes a été Louis Calaferte, décédé en 1994, que j’ai connu à la fin de sa vie, durant quelques années, et dont j’ai publié plusieurs livres dont « Droguerie du ciel », « Suite villageoise », et son théâtre complet (26 pièces jouées régulièrement et chaque année au festival d'Avignon). Et Claude Seignolle, que j’ai publié également (dont « Le conteur de loups » et des contes et folklores, et réédition de ses collectages ethnographiques, revus et augmentés, et aussi les essais sur l'écrivain), que j’avais failli rencontrer quand j’étais étudiant mais le rendez-vous avait été annulé pour cause de rencontre sentimentale (de son fait).

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url  Louis Calaferte

Mais j’ai publié aussi un livre avec Michel et Vincent Munier ; le premier livre de Louis-Marie Préau « Loire sauvage » qui l’a lancé dans le circuit des photographes et bien d'autres auteurs qui m'ont impressionné.

Tous ces gens sont devenus et restés des amis proches, ils ont également publié ailleurs.

Qu’est-ce qui vous a impressionné au départ chez Robert Hainard ? J’étais étudiant quand je l’ai connu. Il était un peu un mythe. Je l’ai rencontré de façon informelle lors d’un colloque, il voulait faire des études pour la sculpture, et avec un ami on avait monté un affût dans une héronnière pour un film. On a invité Hainard, il est venu deux années de suite, c’est ce qui a créé nos premières relations (début des années 70). Puis je l’ai fréquenté durant les 30 années suivantes, je suis allé chez lui en Suisse, j’ai montré son travail dans ma galerie, je l’ai publié.

Quand on regarde ce que vous avez publié, on est plutôt côté faune sauvage ? Et si vous étiez un animal ? Quels sont ceux qui vous attirent en particulier ?

Oui, côté bêtes sauvages; j’ai été initié dans ce domaine par Robert Hainard et par bien d'autres!

Je serais bien un castor, un animal sympathique, qui construit, qui peut s’adapter à toutes les circonstances, qui est secret et sait vivre sa vie tranquillement. Je l’ai bien connu car dans les années 70 j’ai participé à sa réintroduction en Loire, j’en ai vu de près.

castor

Les grands mammifères m’attirent surtout. J’ai publié plusieurs livres sur le loup, le lynx ; je viens d’en sortir un sur l’ours polaire (« Géopolitique de l’ours polaire », Rémy Marion); ce n’est pas innocent!

loup

Contes-legendes

Comment ça se passe l’édition d’un livre ? Une rencontre avec un auteur, un photographe ! Le livre de Munier a commencé ici à Montier en Der, lors d’un des premiers festivals; il est venu vers moi; le projet n'a abouti qu'environ dix ans après

Je tiens à ce que chaque livre créée une osmose parfaite entre l’écrivain et l’éditeur. On fait la maquette ensemble, ils viennent chez moi avec le maquettiste, l’illustrateur, toutes les décisions sont prises en commun, il n’y a pas de surprise, je demande à ce que la photogravure soit validée par tous, y compris au moment de l’impression où je tiens à être accompagné pour confirmer le travail afin que le livre soit abouti.

La question importante est de trouver des partenaires qui garantissent l’achat d’un certain nombre de livres pour couvrir au moins les frais de fabrication, ce qui est de plus en plus difficile et bloque certains projets.

Quels ont été vos meilleurs tirages ? Et quel avenir pour les Editions Hesse ? A égalité, « Clair de brume, regards sur les Vosges » de Vincent Munier (textes de Laurent Joffrion) et « Loire sauvage » de Louis-Marie Préau (textes de Philippe Huet), 8 000 exemplaires chacun.

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Plein d’avenir, plein de projets sont en cours, comme celui d’un livre avec l’illustrateur naturaliste Benoit Perrotin (avec lequel nous avons publié cinq livres), un projet sur la baie de l'Aiguillon, .

Vos livres représentent un engagement, mais êtes-vous impliqué dans des associations ? Mon travail me suffit, chaque livre est une façon de militer. Il y a des livres que j’ai fait en partenariat avec des ONG, le WWF par exemple pour des livres sur les grands prédateurs, ou avec FERUS. Je viens de publier le dernier livre de Rémy Marion sur l’ours polaire et les conséquences du dérèglement climatique et les enjeux de l’Arctique (les nouvelles voies maritimes, l’exploration minière, les ambitions géostratégiques…). Ce sont des engagements.

Une urgence pour la faune sauvage, pour la vie sauvage ? La déforestation, l’exploitation intensive des terres, les produits phytosanitaires qu’on retrouve ensuite dans les mammifères marins par exemple.

Pour conclure, vous disparaissez ce soir, qu’aimeriez-vous laisser comme dernier message ? Louis Calaferte a écrit dans un de ses livres - « Septentrion »  - (je cite de mémoire) : « Lisez tout, même les affiches dans le métro ». Donc : Lisez ! de tout !

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