Photographes animaliers

Laurent BOURDIN

Nature & Découvertes, vous connaissez? Laurent en est le guide-conseil du magasin de Poitiers depuis des années. C'est comme cela que nous l'avons croisé, dans des réunions de la fondation N&D qui finance des dizaines de projets concrets de protection de la nature en France surtout.

Il y est un peu moins désormais car il se lance dans une micro-entreprise pour assouvir sa passion de la photo animalière et de nature et la partager avec le plus grand nombre, en proposant notamment des stages de formation.

Nous en reparlerons au fur et à mesure de sa construction.

En attendant, Rencontre...

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Entretien avec...


Votre parcours en quelques lignes
J'ai 52 ans et j'ai toujours eu envie de faire des images de nature. J'ai commencé à neuf ans avec un compact argentique Agfa mini sensor 110 : les papillons sur les choux de ma grand-mère étaient alors des petits points blancs et flous dans un océan de verdure mais la passion était là ! J'ai progressé au niveau naturaliste et photographique. Les premières expositions et publications sont arrivées. Adulte, je me suis installé dans le département de la Vienne. J'y ai rejoint un collectif de photographes naturalistes : Objectif Nat', et, déjà fan des paysages de landes, je suis tombé sous le charme du Pinail et de sa réserve naturelle. C'est d'ailleurs le sujet de mon premier livre. Avec quelques expériences en animation et formation et plus de quarante ans de pratique photographique, je suis passé professionnel en 2023 pour, entre autre, proposer des stages d'initiation.

Vos actions en cours et à venir : En ce moment, il y a deux expositions à préparer : la première pour le festival de Ménigoute en fin d'année et l'autre pour 2024. Ensuite, il y a les stages de 2024 à préparer avec des nouveautés. Et enfin, à plus long terme d'autres idées d'expositions et de livres.

Quels sont vos maîtres à penser, vos références culturelles ?  J'ai commencé très jeune et j'ai croisé tant de personnes qui m'ont fait grandir. Au tout début, il y a eu René et Daniel, les « amateurs experts » de mon secteur (à l'époque, il y en avait beaucoup moins qu'aujourd'hui!) et puis les pros du coin : Gilles Martin et surtout Jean-François Hellio et Nicolas Van Ingen dont le livre « Brenne, Terre sauvage » a été mon livre de chevet pendant de nombreuses années. Ensuite, il y a eu l'abonnement à « Chasseurs d'Images » avec deux maîtres à penser dont les rubriques étaient des incontournables pour moi : Jean-Guy Couteau avec la critique photo et Daniel Magnin avec ses articles sur la photo nature. Je n'ai jamais lu les ouvrages de Robert Hainard mais il a été néanmoins pour moi un artiste naturaliste inspirant. Aujourd’hui, les avis de mes ami.e.s des deux collectifs dont je fais partie me sont précieux.

 

 

Pourquoi la faune/l’animal sauvage, la vie sauvage ?J'ai du mal à l'expliquer. Habitué aux balades en forêt et en montagne avec un guide d'identification dans le sac-à-dos, dès le plus jeune âge, l'influence de l'éducation reçue y est certainement pour quelque chose. Mais c'est peut-être tout simplement parce que je me sens bien en pleine nature.

Si vous étiez un animal sauvage (un ou deux ou trois), lequel ?Le cerf élaphe car justement il symbolise pour moi l'animal sauvage. Mais aussi parce que c'est un de mes sujets de prédilection et pour certains parallèles que je peux faire entre sa vie et la mienne : par exemple, il est la preuve qu'on peut se bonifier avec l'âge !

La ou les deux plus belles rencontres / émotions de rencontre de vie/faune sauvage ?La beauté est dans l'oeil qui regarde et non dans l'objet » dit l'adage. J'essaie donc qu'elles soient toutes belles, de profiter de tous ces moments que nous offre la nature. S'il faut choisir, je pense à une libellule couverte de rosée sur laquelle mes yeux « tombent » juste à la sortie de la voiture pour ma première sortie terrain après être passé professionnel.

Votre/vos lieux de nature préféré ? :  Malgré la diversité, la beauté et la richesse des lieux que j'ai eu la chance de visiter sur quatre continents, c'est sans conteste le Pinail et sa réserve naturelle nationale. Parce que c'est un site unique au monde, original, à proximité de chez moi et où je trouve mes sujets préférés : les libellules (plus de 50 espèces différentes) et le cerf. Et puis, même si nous commençons à avoir une belle histoire en commun et que je le connais un peu mieux, je suis loin d'avoir fait le tour du sujet.

Le lieu mythique où vous rêvez d’aller ?Choix cornélien : Yellowstone, Islande, Parc national Torres del Paine, Serengeti sont des lieux qui me font rêver parmi tant d'autres mais si je devais choisir une seule destination, ce serait un pays : la Nouvelle-Zélande.

L’œuvre qui vous semble illustrer le mieux votre parcours ? : Sans conteste, mon premier livre : « La réserve naturelle du Pinail », tout d'abord, parce que pour le moment c'est le seul !;-) Ensuite parce que c'est un travail d'équipe avec deux autres fantastiques co-auteurs et parce qu'il représente beaucoup pour moi : fidélité à un site, travail dans la durée, mélange de connaissances et d'esthétisme et aussi parce que c'était un de mes rêves de gamin qui me paraissait tellement inaccessible.

Comment travaillez-vous ? : Guides d'identification et jumelles 10x42. Je fais partie des générations qui ont commencé avec l'argentique. Aujourd’hui, je suis en transition des reflex numériques vers les hybrides. M'intéressant à de nombreux sujets et l'âge aidant, l'équipement commence à être assez complet au niveau optique : du 17 au 500 mm en passant par MPE et 100 macro.

Et vos techniques de rencontre avec l’animal sauvage, approche ou affut, jour et/ou nuit-, intérêt de l’une ou de l’autre ? J'ai fait un peu de photographie subaquatique de « surface » avec une housse étanche et un peu d'affût flottant. Je fais beaucoup de macro et pour le reste c'est affût ou approche suivant les sujets et les lieux. Je photographie également les dinosaures et autres animaux préhistoriques. Dans ce cas là, ni approche, ni affût mais plutôt mise en scène de figurines, le plus souvent en milieu naturel avec l'objectif de faire le plus réaliste possible !

Un conseil au débutant dans votre activité ? Ne pensez pas aux images que vous pourriez faire avec du matériel que vous n'avez pas mais à celles que vous pouvez créer avec votre équipement. Et bien sûr, faîtes vous plaisir !

Un animal disparu revient, lequel ?  Je suis fan de dinosaures ( Dinos & Co (@dinos.and.co) • Photos et vidéos Instagram ) mais on a vu avec « Jurassic Park » que ce n'était pas une bonne idée ! :) Alors je donnerai bien une deuxième chance au dodo parce qu'il a été exterminé par l'homme et pour son « look » incroyable ! Mais tant d'espèces disparues par notre faute le mériteraient.

Il faudrait un symbiote insecte social/algue/champignon capable de générer régulièrement de nouveaux virus ou de nouvelles bactéries pathogènes afin de limiter le nombre d'humains sur Terre.

Une initiative prise ou à prendre en faveur de la faune sauvage ? Il y a beaucoup d'urgences partout et beaucoup de gens se battent pour essayer de préserver voire de restaurer ce qui peut l'être. Ce n'est malheureusement qu'un peu de « maquillage », certes indispensable, mais qui a du mal à cacher les balafres et qui ne peut les soigner. Le vrai problème c'est qu'en en voulant toujours plus nous avons construit des sociétés gouvernées par l'économie et basées sur la croissance alors que nous vivons dans un monde fini. Je me retrouve donc devant mes contradictions : j'aimerais  faire bouger les choses mais j'ai du mal à envisager la baisse de mon niveau de vie ; en essayant de placer un peu d'argent pour préparer ma retraite et ce quelle que soit la forme (PEA, PERP, Assurance-vie, livrets...), j'alimente un système que je dénonce. Je suis donc mal placé pour donner des leçons et en tout cas, je n'ai pas de solutions « miracles ». Pour essayer de répondre quand même à la question, je dirai que l'urgence serait de réussir à stopper l'évolution galopante de la démographie mondiale. Et comme ni la politique de l'enfant unique, ni la Covid, ni les guerres de Poutine ne sont des solutions satisfaisantes à mon cœur, je pense qu'une meilleure distribution des richesses pour faire diminuer la pauvreté est une des clés. Je ne suis pas économiste mais à quoi servent les holdings internationales si ce n'est à « pomper » les richesses des pays les plus pauvres pour enrichir ceux qui le sont déjà le plus. La suppression ou la limitation de ces holdings est donc une proposition certes très naïve mais qui a le mérite d'être concrète et qui pourrait, je pense, j'espère, améliorer le sort de notre planète en général et donc de la faune sauvage !

Une urgence pour la faune sauvage, pour la vie sauvage ? : L'éducation encore et toujours ! J'ai lu récemment une réflexion qui disait qu'au lieu de penser à laisser une meilleure Terre à nos enfants, ce serait déjà pas mal de laisser de meilleurs enfants à nôtre Terre. Pour moi, l'un ne va pas sans l'autre.

Une association qui vous tient à cœur ? :  GEREPI, l'association de GEstion de la REserve du PInail pour la qualité de son travail sur et en dehors de la réserve, pour l'évolution de son action, pour la capacité de son équipe à se remettre en cause pour essayer d'avoir les actions les plus pertinentes et les plus efficaces possibles.

Pour conclure, vous disparaissez ce soir, qu’aimeriez-vous laisser comme message aux autres ?

Ce serait simplement un grand merci à toutes les personnes que j'ai croisées et qui m'ont permis de vivre cette vie et à la nature qui m'a offert tous ces beaux moments.

Distinctions & Parutions

Diverses parutions dans Nat'Images, Chasseur d'Images, Image & Nature...

Coauteur et principal photographe du livre « La réserve naturelle du Pinail »

Diverses sélections dans différents concours internationaux (Montier-en-Der, Festimages, Namur, Marais de Séné)

Coup de cœur du président du Jury, Signé 2018

Plusieurs prix au concours photo du FIFO de Ménigoute

Expositions

Ces dernières années, coincé par mon emploi du temps, j'ai fait peu de choses seul mais beaucoup d'expositions avec le collectif Objectif Nat'.

La prochaine exposition personnelle sera au FIFO (Festival International du Film Ornithologique) à Ménigoute (79) du 27 octobre au 1er novembre 2023 (doublée d'une exposition avec Objectif Nat'!)

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