Photographes animaliers, Les réalisateurs

Baptiste DETURCHE

Haut savoyard, je parcours les Alpes, la France et l’Europe, caméra à la main.

Diplômé en biologie écologie, j’allie ma passion pour l’image et le sauvage et j’intègre l’IFFCAM en 2015 (école de cinéma animalier).

Sorti diplômé de cette école unique en Europe j’entame ma carrière dans le cinéma animalier en collaborant sur différents projets avec notamment Anne et Erik Lapied puis Daniel Rodrigues pour qui je réalise le montage de son film.

En parallèle, je pars en Roumanie pour épauler Eve Cerubini, Victor Jullien et Jérome Fatalot dans la réalisation de leur film sur les ours des Carpates.

Ma vocation de participer à la préservation de la nature m’offre la possibilité de travailler avec le CEN de Haute-Savoie puis avec la LPO AuRA. Ces travaux aboutissent à la réalisation de films pédagogiques.

Enfin, en 2020 je sors mon premier film en tant que réalisateur : Fjellrev la quête scandinave. Une aventure sur les terre suédoises et norvégiennes à la recherche du rare renard polaire.

Puis en 2023 sort mon dernier film, Le Pari , un métrage réalisé en un an, en montagne, pour parler d’oiseaux de plus en plus rares et menacés.

 

Entretien avec...

Votre rapport à la faune

Pourquoi avoir choisi l'animal sauvage comme thème privilégié ?

Plus que l’animal sauvage c’est le sauvage tout entier que j’ai choisi comme thème privilégié. Cette orientation s’est faite naturellement si je puis dire. J’ai baigné dans un environnement ou j’étais régulièrement dehors à aller chercher les champignons, aller à la pêche ou couper du bois avec mon père. La rencontre animalière à ce moment-là été source de joie et d’émerveillement fort. Je m’intéressais a la moindre bestiole, à la moindre plante. Je passais des heures en silence à observer cette biodiversité proche. Je me questionnais, je cherchais à comprendre les fonctionnements et les pourquoi du comment telle ou telle espèce est là, ressemble à ça, adopte ce comportement etc..

Aujourd’hui, cet émerveillement est toujours aussi fort ce besoin de comprendre et d’observer fait partie de mon quotidien.

Un élément déclencheur ou un maître à penser ? 

Je ne pense pas qu’il y a eu un élément déclencheur ou un maitre à penser qui m’ait rapproché de la nature ou du sauvage. Je pense plutôt avoir grandi sur un terreau très fertile nourrit par le moment passé dehors avec mon père et mon grand-père qui sans le savoir entretenaient une passion grandissante et dévorante pour le vivant.

Suite à ça, quand je me suis « émancipé » et que j’ai rencontré d’autres passionnés comme moi j’ai commencé à m’enrichir. Et je pense que la première personne a m’avoir fait tomber dans le milieu de l’image animalière c’est mon grand copain de la Fac, Rémi Munier. Un Ecologue et photographe discret mais tellement passionné.

Puis d’autres rencontres devenues relations amicales n’ont fait qu’attiser tout cet intérêt pour l’image et le sauvage et parmi ces personnes je citerai Daniel Rodriguez (Photographe et écologue) et Anne et Erik Lapied (Réalisateurs de film animalier)

Une belle émotion ou rencontre avec la faune ? 

Je ne vais pas être très original mais pour moi toute les rencontres avec la faune sont de belles émotions. Quand on prend le temps de s’émerveiller de tout, même une observation d’un insecte qui pourrait paraitre quelconque devient une véritable épopée.

Bon si vraiment je devais ne citer qu’une seule rencontre, je pense que je parlerai de cette fois où avec Rémi on est allé chercher les bouquetins et qu’au final c’est le gypaète qui nous a fait la fête devant les cascades de glace.

Un lieu mythique ?

Depuis tout gosse je veux aller au Canada. Je suis attiré par ces grandes étendues sauvages et par la faune du nord. Et mon grand rêve ça serait de survoler une forêt d’érable à l’automne en hydravion (oui je sais ce n’est pas le truc le plus responsable du monde. Mais quand j’avais 12 ans je n’y pensais pas trop à ça)

L’image animalière

Votre image à laquelle vous tenez particulièrement ?

Parmi les images auxquelles je tiens le plus il y a forcément cette rencontre avec le gypaète devant les cascades de glaces. Mais c’est dur à chaque fois de ne citer qu’une seule chose. Alors je vais également citer ces images du Grand tétras dans les Pyrénées pendant le tournage de mon dernier film et certaines images de bœuf musqués réalisées pendant le tournage de mon premier film.

L’image animalière d’un confrère que vous auriez aimé prendre ?

Il n’y pas d’image d’un autre que j’aurais voulu faire. Chacun réalise son travail et j’aime m’émerveiller de ces travaux et des histoires qui en découlent. Je trouve ça aussi émerveillant qu’une rencontre animalière. Je me satisfais de mon travail et me nourrit des récits des autres.

Et la technique : frein ou atout ?

La technique est aussi importante que la créativité. Une fois qu’elle est maitrisée on peut faire ce que l’on veut.

Après si on parle de l’aspect technique du matériel (montée en iso, vitesse d’images etc..) je pense simplement qu’il faut faire avec et s’adapter. Ça pousse à réfléchir à comment se positionner pour avoir le plus de lumière, à parfaire son camouflage et son approche pour être au plus près sans déranger.

Et si vraiment la situation ne permet pas de faire d’image, on a toujours nos yeux et nos jumelles pour profiter du moment 😊

Votre « terrain de jeu » préféré ?

Là où je me sens le mieux pour faire des images c’est dans les environnements à tendance froide. Soit les montagnes soit les forêts d’altitude ou encore les latitudes nord.

Le voyage à faire absolument avant que le rideau de l’obturateur ne se ferme définitivement ?

Comme je le disait plus haut, je rêve d’aller au Canada.

Après, vu comme le monde tourne ça ne restera peut-être qu’au stade de rêve de gosse. Depuis plusieurs années je limite au maximum mes voyages en avios. Et s’il n’y a qu’un aspect « grand kiff perso » j’y réfléchis a plusieurs fois.

Des conseils ? 

Si je devais donner des conseils pour les débutants en images animalière (photo ou vidéo) c’est d’abord de commencer par ouvrir des bouquins.

Dans les termes photo animalière, vidéo animalière ou mage animalière le mot le plus important c’est ANIMALIERE !

Pour faire des images il faut déjà connaitre son sujet, ses mœurs, son comportement, son écologie etc…

Donc pour moi il faut commencer par acheter des livres et des jumelles.

Ensuite, quand on a les connaissances nécessaires pour aller sur le terrain pour tenter de faire des images il faut penser BIEN ETRE ANIMAL !

Nos sujets ce ne sont pas des acteurs et honnêtement ils n’en ont rien à cirer qu’on veuille les prendre en photo ou les filmer. Donc la moindre des choses c’est de les respecter et de limiter au maximum le dérangement.

Donc quand on débute autant commencer tout de suite par prendre les bonnes habitudes et bannir toutes ces pratiques pour attirer les animaux. Que ce soit le rappel / repasse ou encore l’appatage oubliez ça !

Toutes ces techniques stressent les animaux et peuvent les mettre en danger. Et ce n’est pas parce qu’un tel ou un tel fait comme ça qu’il faut l’imiter.

J’ai fait de ce sujet mon cheval de bataille dans le milieu de l’image animalière et j’ai en horreur que par prétexte de facilité ou de manque de temps on mette en danger la vie d’animaux sauvages.

Donc à tous les débutants, commencez par connaitre votre sujet, puis respectez le et enfin allez essayer de le photographier/filmer. Appuyer sur le déclencheur doit être le point final d’un long travail naturaliste. 😉

 

Biodiversité

Le pire des dangers pour la vie sauvage ? 

A mon sens le pire danger pour la vie sauvage c’est la perte d’habitat et notre obsession à fermer les yeux.

Une suggestion pour aider à sensibiliser le grand-public ?

Pour sensibiliser le public il y a déjà énormément de moyens mis en place. La production de film, de photo mais surtout le travail des associations, toute la pédagogie mise en place dans les écoles et les manifestations ou directement sur le terrain.

Après si on voulait vraiment toucher un très large publique il faudrait plus de médiatisation comme ça a été fait pendant le tour de France avec les spots publicitaire du Muséum d’histoires Naturelles.

Il faudrait aussi que dans les programmes scolaires il y ai plus de place pour l’environnement. Et je ne parle pas de cours sur le traitement de l’eau ou le tri des déchet (même si c’est important) mais plutôt de sujet motivant et passionnant permettant d’émerveiller les enfants et de les sensibiliser le plus tôt possible. Car c’est à cet âge-là en général qu’ils sont le plus réceptifs à ces questions de Nature.

En gros il faudrait juste plus de moyens.

Plutôt optimiste ou pessimiste pour l’avenir ?

J’essaye de rester optimiste car si on est pessimiste à quoi bon continuer ? 😉

Donc je crois à un changement de mentalité et à un changement de comportement. Mais les sociétés ne se sont jamais renouvelées en quelques années. Il faut être patient et ne rien lâcher 😊

Les grand-messes annuelles (COP, sommet de la Terre...) sont-elles efficaces ?

Elles seraient efficaces si les engagements étaient tenus. Pour moi c’est simplement de la politisation de la crise climatique et environnementale.

 

Pour conclure ?

Pour conclure j’invite le plus grand nombre à prendre du temps pour aller se promener et d’ouvrir grand les yeux, les oreilles et tous les sens. Le sauvage et les vivants sont plus proches qu’on ne le pense. Pas besoins d’aller à l’autre bout du monde pour voir des choses extraordinaires, surtout quand on est français. Notre territoire regorge de diversité faunistique, floristique et paysagère il faut juste prendre le temps de les admirer et s’autoriser à s’émerveiller devant tout ce qui nous entoure.

Enfin, quand je fais des interventions dans les écoles pour montrer mes films je les fais réfléchir à leur comportement quand ils sont dehors. J’utilise la comparaison « voisin ». En gros quand on va dans le sauvage il serait bien de se comporter comme quand on va chez un voisin ou que l’on vit avec des voisins. Quand on a des voisins on ne crie pas toute la journée, quand on va chez eux on ne marche pas sur la table ou le canapé… et bien quand on sort, que ce soit pour l’image, la rando, le sport ou le travail, si je n’avais qu’un souhait ? ça serait que l’on se comporte comme chez son voisin, qu’on fasse preuve de beaucoup plus de respect de ce qui nous entoure.

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