À COP 27, un accord et de nombreux déçus

Si les participants à la Conférence de Charm el-Cheikh se sont accordés sur l’aide aux pays du Sud, aucun programme de réduction des émissions de gaz à effet de serre n’a été décidé.

Pour l’Union européenne, c’est une « déception » et pour le patron de l’ONU, un véritable manque d’ambition. Dans la nuit du samedi 19 au dimanche 20 novembre, les participants à la COP 27 de Charm el-Cheikh ont fini par adopter un texte, après 36 heures de prolongation du sommet sur le climat. Sauf que cet accord est loin de convaincre l’ensemble de la planète.

Ainsi, si l’épineuse question des compensations devant être apportéespar les pays développés à leurs homologues du Sud qui subissent les effets du changement climatique a pu être résolue, aucun programme de réduction des émissions de gaz à effet de serre n’a en revanche été décidé. Et aucune ambition supplémentaire par rapport à la COP 26 de Glasgow n’a ainsi été actée.

L’UE fustige un manque d’ambition criant

La conférence sur le climat de l’ONU a seulement adopté une déclaration finale appelant à une réduction « rapide » des émissions de ces gaz et réaffirmé l’objectif de contenir le réchauffement à 1,5 °C, mais sans aucunement s’engager de manière chiffrée en vue d’atteindre ces objectifs. Et sans que l’usage du pétrole, du gaz et du charbon ne soit explicitement cité comme responsable du changement climatique, les pays profitant de ces industries (Arabie saoudite, Iran ou Russie notamment) s’y opposant fermement.

Or en l’état des choses, les engagements actuels des pays signataires de l’accord ne permettent pas de tenir ces objectifs, ni même celui de contenir l’élévation de la température à 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle, quand les humains ont commencé à utiliser en masse les énergies fossiles responsables du réchauffement climatique. Ces engagements, en admettant qu’ils soient intégralement tenus, mettraient au mieux le monde sur la trajectoire de +2,4 °C à la fin du siècle et, au rythme actuel des émissions, sur celle d’un catastrophique +2,8 °C. En clair, l’accord adopté réaffirme un projet… qui n’est même pas en branle.

Tant et si bien que plusieurs des parties ont critiqué la déclaration finale comme n’étant pas assez ambitieuse, en dépit de cette dernière journée marathon de négociations serrées. « Nous devons drastiquement réduire les émissions maintenant. Et c’est une question à laquelle cette COP n’a pas répondu », a par exemple déploré Antonio Guterres, le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies. Et l’Union européenne de renchérir, se disant « déçue » face à un tel manque d’ambition.

« Ce que nous avons là, c’est un pas en avant trop court pour les habitants de la planète. Il ne fournit pas assez d’efforts supplémentaires de la part des principaux émetteurs pour augmenter et accélérer leurs réductions d’émissions », a ainsi estimé dans un discours enflammé le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans au cours de la session plénière finale après deux semaines de conférence. Une manière très explicite de fustiger l’absence d’accélération concrète dans la lutte contre le réchauffement climatique…

Suite et fin sur Huffington Post / Paul Guyonnet avec AFP / 20 novembre

Photo : MOHAMED ABD EL GHANY / REUTERS