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Encore un aigle abattu, ça suffit !

Une jeune pygargue à queue blanche récemment réintroduite dans le cadre d’un programme de sauvegarde de l’espèce a été retrouvée, tuée par balle, en Isère. Nos associations ont porté plainte et attendent des sanctions à la hauteur des enjeux de conservation de ce rapace rarissime.

Elle s’appelait Morzine, en remerciement à la commune de Haute-Savoie qui avait financé la balise GPS grâce à laquelle les enfants de ses écoles primaires suivaient avec passion les déplacements quotidiens du jeune pygargue femelle. Le signal étant immobile depuis 3 jours, une équipe composée de 2 gardes de l’Office français de la biodiversité (OFB) et 5 naturalistes est partie à la recherche de l’aiglon. Le 27 février, ils ont découvert son cadavre au sommet d’une crête enneigée surplombant le sanctuaire de Notre Dame de la Salette (Isère). Le trou béant dans sa poitrine ne laisse aucun doute sur la cause de mortalité : le rapace a été victime d’un tir de fusil. D’autres indices ont confirmé la présence récente de braconniers dans la zone.

Née au parc animalier « Les aigles du Léman », Morzine avait été relâchée dans le cadre d’un programme de réintroduction de 85 pygargues dans les Alpes d’ici 2030. Sur 14 individus ainsi mis en liberté depuis 2022, 3 sont déjà morts abattus. En avril 2023, Sciez, un jeune mâle, a en effet été tué en Allemagne dans des circonstances sordides. En octobre 2023 un autre a été abattu dans le Gers, l’enquête de l’OFB est toujours en cours.

Le Pygargue à queue blanche est l’aigle le plus rare de France avec 5 couples nicheurs recensés sur le territoire. L’espèce avait officiellement disparu de notre pays en 1959 avant de s’y reproduire de nouveau à partir de 2015. Elle bénéficie d’un Plan national d’action animé par la LPO, dont fait partie le programme de réintroduction.

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Une enquête exemplaire prélude à une justice sévère ?

Une plainte a été déposée par la LPO et Les aigles du Léman le 6 mars 2024. Sous l’impulsion du procureur de la république de Grenoble, une enquête éclair a été menée par le service OFB de l’Isère. Celle-ci s’est révélée particulièrement efficace puisque ce mercredi 13 mars un homme a été placé en garde à vue et a avoué être l’auteur du tir mortel. La destruction illicite d'espèces protégées est passible de 3 ans de prison et 150 000€ d’amende ainsi que de la confiscation des armes et du retrait du permis de chasser.

Beaucoup d’affaires similaires sont toutefois classées sans suite faute de moyens d’enquête, comme pour les 2 aigles de Bonelli abattus dans le Gers et les Landes fin 2019 ou un Gypaète barbu en octobre 2020 en Lozère. Et quand elles aboutissent, les verdicts sont le plus souvent trop cléments. Reconnu coupable d’avoir tué deux vautours fauves en août 2022, un éleveur ariégeois a ainsi été condamné à une amende de 3000 €, dont 2000 € avec sursis… Le tireur responsable de la mort d’un autre Gypaète barbu et d’un Vautour moine découverts criblés de plomb en janvier 2023 a néanmoins été puni en octobre dernier de 4 mois d’emprisonnement avec sursis et plus de 30 000 € de réparation des préjudices, signe que la sévérité de la justice évolue. Mais combien de rapaces non équipés de balise GPS sont abattus sans jamais être retrouvés ?

Pour Allain Bougrain Dubourg, Président de la LPO : « Pas une semaine ne passe sans qu’un rapace ne soit abattu en France, où ces espèces sont pourtant intégralement protégées. Et quand les auteurs sont identifiés, ils sont toujours titulaires du permis de chasse, ce qui interroge sur la qualité de leur formation. Seules des sanctions exemplaires suffisamment dissuasives permettront d’enrayer de tels actes de cruauté gratuite qui mettent en péril des efforts de conservation considérables. »

Pour Jacques-Olivier Travers, responsable du programme de réintroduction des pygargues à queue blanche sur le bassin Lémanique : « Laisser ce crime impuni aurait été un affront pour tous ceux qui se mobilisent afin de sauvegarder la biodiversité. Retrouver et punir les coupables, c’est aussi montrer aux enfants des écoles de Morzine que leur oiseau n’est pas mort impunément. Je remercie le procureur de Grenoble et les services OFB de l’Isère pour le travail effectué »

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