Jugement historique: le dresseur de cirque des dix tigres saisis suite à l’enquête de One Voice, sévèrement condamné !

Grâce au travail sans relâche de One Voice au niveau de ses investigations et de ses procédures en justice, le tribunal de Beauvais vient de reconnaître Mario Masson coupable des délits de mauvais traitements sur des animaux commis par un professionnel et d’exploitation irrégulière d’un établissement détenant des animaux non domestiques de 2019 à 2020, d’acquisitions et cessions irrégulières d’animaux et d’infractions au droit du travail et escroquerie. Enfin, il a l’interdiction de se livrer à une activité en lien avec des animaux pendant 2 ans, associée de 2 ans d’inéligibilité et d’une amende. En tout, il devra s’acquitter de 246 000 euros aux diverses parties prenantes du dossier.

Pour Muriel Arnal, présidente de One Voice:

“C’est la première fois en France qu’un dresseur de cirque est reconnu coupable de mauvais traitements sur des animaux avec cette circonstance aggravante d’être un professionnel. C’est un jugement historique. Quelle immense satisfaction de savoir que les tigres ne retourneront pas dans le camion-cage de la cour de l’usine désaffectée où ils étaient enfermés 24 heures sur 24, comme l’ont démontré nos images! Nous continuerons à mener des enquêtes et à les porter en justice pour mettre la lumière sur les horreurs que vivent les animaux des cirques. Il nous a fallu essuyer beaucoup de revers avant cette victoire, elle est d’autant plus forte. Un grand merci à tous ceux qui ont cru en notre détermination indéfectible pour ces tigres et nous ont soutenus dans l’adversité. ”

Le tribunal a estimé que les tigres et le matériel devaient être définitivement confisqués, et que Tonga terre d’accueil – le refuge que nous avions choisi pour accueillir les animaux – et nous devions recevoir notamment le remboursement des sommes dépensées pour les dix tigres depuis leur saisie par la justice en décembre 2020. L’État et l’URSSAF eux aussi devront recevoir des sommes liées notamment au travail dissimulé auquel Masson s’adonnait.

Nous connaissons Mario Masson depuis 2005, il détenait alors deux éléphantes terriblement maltraitées. L’investigation pour enclencher la plainte auprès du procureur fut l’une des plus risquées, mais elle était indispensable: nos plaintes précédentes avaient été classées sans suite. La saisie s’est faite dans le secret total car il faisait reproduire les tigres pour vendre les bébés âgés d’à peine quelques jours, et certains savaient et fermaient les yeux. L’audience a duré plus de 8 heures, et fut menée pour nous par Me Caroline Lanty.

Depuis leur saisie il y a près de deux ans, nous avons ainsi offert à ces tigres une nouvelle vie loin du camion-cage dans lequel ils végétaient depuis si longtemps. Loin du dressage et de leurs geôliers, ils ont été pris en charge par une équipe aux petits soins. Ils ont pu découvrir l’herbe, et profiter de la simple joie de courir, de se cacher, tout en profitant de l’enrichissement mis à leur portée. A présent un enclos est en construction pour les emmener dans un sanctuaire partenaire.

 

Pour rappel, le communiqué de presse précédent (16 septembre 2022):

One Voice sera à l’audience au tribunal de Beauvais le 20 septembre prochain pour obtenir le placement définitif des dix tigres saisis à Mario Masson après l’enquête et la plainte de l’association en 2019-2020. Le dresseur de cirque est accusé notamment de maltraitance sur ces animaux par un professionnel, d’ouverture non autorisée et d’exploitation irrégulière d’établissement (travail dissimulé, faux et usage de faux, escroquerie) – des délits – et de cession, détention et marquage irréguliers des animaux.

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Une enquête de One Voice de près de deux ans avant que la justice ordonne la saisie des dix tigres

L’enquête de One Voice a commencé début 2019. Au départ, nous n’avions que peu d’éléments, la topographie des lieux ne permettait pas de les filmer correctement, le premier dossier fut donc classé par manque d’éléments de preuves. Nous devions aller plus loin. Pour que One Voice remplisse sa fonction de lanceuse d’alerte, il fallut que les enquêteurs prennent tous les risques et fournissent des preuves irréfutables à la Justice.

Nous avons donc remis un flot ininterrompu de vidéos couvrant six jours et nuits à la justice pour notre plainte soit prise en compte. L’enquête de l’OFB et du Parquet ayant complété notre plainte et nos premiers éléments, suffisamment d’irrégularités ont été relevées pour qu’une saisie des dix tigres soit ordonnée. C’est ainsi que le 16 décembre 2020, nous avons organisé la plus grosse saisie de tigres maintenus en captivité en Europe de ces dix dernières années.

Depuis, les tigres vivent chez Tonga Terre d’Accueil, notre partenaire. Ils sont passés d’une vie dans un camion-cage, à avoir accès à un espace extérieur avec de l’herbe, des promontoires en bois, des enrichissements variés et une équipe aux petits soins.

Douze chefs d’inculpation qui vont de la maltraitance animale à l’escroquerie, en passant par le travail dissimulé, avec le trafic d’animaux en toile de fond…

L’enquête a ainsi révélé de multiples dysfonctionnements. Voici les chefs d’inculpation pour lesquels Mario Masson comparaitra ce 20 septembre au tribunal judiciaire de Beauvais :

  • maltraitance d’animaux par un professionnel ou un refuge (délit pénal),
  • ouverture non autorisée d’établissement pour animal non domestique – élevage, vente, location, transit (délit pénal),
  • exploitation irrégulière d’établissement détenant des animaux non domestiques (défaut d’installations et d’équipements conçus pour garantir le bien-être des animaux hébergés, devant satisfaire à leurs besoins physiologiques et comportementaux) (délit pénal),
  • exploitation irrégulière d’établissement détenant des animaux non domestiques (entretien inadapté à l’espèce et au nombre d’animaux afin que ceux-ci soient maintenus en bon état de santé et d’entretien) (délit pénal),
  • exploitation irrégulière d’établissement détenant des animaux non domestiques (défaut de dispositifs destinés à prévenir les risques afférents à sa sécurité ainsi qu’à la sécurité et à la tranquillité des tiers) (délit pénal),
  • exploitation irrégulière d’établissement détenant des animaux non domestiques (non tenue à jour du registre des entrées et sorties des animaux) (délit pénal),
  • exploitation irrégulière d’établissement détenant des animaux non domestiques (tenue irrégulière du livre de soins vétérinaires) (délit pénal),
  • cession non autorisée d’animal d’espèce non domestique ou de ses produits – protection particulière (délit pénal);

et

  • détention en captivité d’un animal non domestique d’une espèce protégée ou réglementée sans avoir procédé à son identification,
  • marquage d’un animal non domestique d’une espèce protégée ou réglementée par une technique irrégulière,
  • marquage d’un animal non domestique d’une espèce protégée ou réglementée sans expédition dans les délais de l’attestation de marquage au gestionnaire du fichier national,
  • cession d’un animal non domestique d’une espèce protégée ou réglementée, non identifié.

On comprend entre les lignes que tous les éléments pour faire du trafic d’animaux sauvages sont réunis en plus de la maltraitance que représente un enfermement permanent pour des tigres, avec la condition aggravante d’être un professionnel…

Nous attendons une sanction exemplaire, mais surtout que les tigres ne retournent pas chez Masson et qu’ils puissent enfin être placés de manière définitive dans un sanctuaire.