Le mince bilan environnemental du sommet du G7

Environnement, biodiversité et climat ont été un peu évoqués lors des trois jours du sommet du G7 de Biarritz. Avec peu de décisions concrètes à la clé.

Il n’a pas démérité. Du 24 au 26 août, le président Macron, hôte du sommet des pays du G7[1] de Biarritz, a tenté de faire bouger les lignes sur des sujets aussi divers que l’égalité entre hommes et femmes, les relations avec l’Afrique, les violences sexuelles commises durant les guerres ou l’évitement d’une récession économique annoncée.

A côté de ce programme relativement consensuel, se sont invitées d’autres thématiques plus arides comme la fiscalité de l’industrie du numérique ou la relance des négociations sur le nucléaire iranien. Avec certains résultats à la clé.

Ce n’est pas le cas des sujets environnementaux. Biodiversité et «protection de la planète» figuraient pourtant parmi les «principaux axes de travail» du sommet.

CHARTE DE BIODIVERSITÉ

Certes, les chefs d’Etat et de gouvernement ont bien adopté la charte de la biodiversité de Metz, approuvée le 6 mai dernier, par une douzaine de ministres de l’environnement. Long de 6 pages, ce texte aux mots choisis vise à renforcer et améliorer «les politiques, plans d’action et programmes de recherche en matière de biodiversité». Sans plus de précisions. «C’est le premier engagement international en faveur de la biodiversité. Nous avons voulu ainsi lancer une dynamique comparable à celle du changement climatique», a justifié Emmanuel Macron, lors d’une conférence de presse, lundi 26 août.

De fait, cet engagement est un premier jalon posé avant la prochaine conférence des parties à la convention de l’ONU sur la biodiversité, qui se déroulera en Chine, l’an prochain.

BOMBARDIERS D’EAU

Biodiversité, toujours, les pays du G7 et 9 pays amazoniens ont convenu d’un partenariat visant à réduire les dégâts causés à la plus grande forêt du monde par les incendies. Coordonné par le président du Chili, Sebastián Piñera, il prévoit, dans un premier temps le déblocage de 20 millions de dollars par les pays du G7 pour financer l’achat d’avions bombardiers d’eau et la formation de pompiers.

Cette aide a été officiellement rejetée par le gouvernement du Brésil à la suite du refus français de ratifier «en l’état» l’accord de libre échange conclu entre l’Union européenne et le Mercosur[2]. À plus long terme, les pays amazoniens s’engagent à reboiser les surfaces déforestées. Le plan doit être présenté en détail lors de l’assemblée générale de l’ONU, à la fin du mois de septembre.

UN PACTE SANS SUIVI

Ensuite, c’est un peu du cas par cas. 32 entreprises de la mode et du textile ont présenté leur Fashion Pact. Une série de promesses destinées à réduire leurs impacts climatiques, sur la biodiversité et sur les océans. Chaque entreprise pourra faire ce qu’elle entend. Et aucun secrétariat n’est prévu pour vérifier la sincérité des engagements pris.

Les gouvernements britannique, allemand et français ont confirmé le doublement de leur contribution au fonds vert climatique. «Ce G7 permet de mobiliser, en tout, près de 5 milliards de dollars en vue de sa reconstitution», s’est félicité lundi 26 août le président français. Une bonne nouvelle, bien que non encore financée, à trois semaines de la tenue du sommet climatique organisé à New York, par le secrétaire général de l’ONU.

PAS (ENCORE) DE BAISSE DE LA VITESSE DES CARGOS

Emmanuel Macron a annoncé, aussi, la baisse de la vitesse des navires de commerce. «Nous allons nous engager avec les transporteurs maritimes pour réduire la vitesse [des navires de commerce] qui est l’un des moyens les plus efficaces pour réduire les émissions. C’est la première qu’on le fait.» Vrai. Enfin presque.

Aucun accord n’a été signé entre les pays du G7 et des organisations professionnelles. A Biarritz, le président français a, en réalité, simplement annoncé la position de la France et de ses soutiens lors de la prochaine réunion de l’organisation maritime internationale (OMI), en novembre prochain. L’affaire est loin d’être acquise.

Le Chili veut une COP bleueProfitant de sa présence à Biarritz, le président du Chili a annoncé les priorités de la COP 25 qu’organise le Chili à la fin de l’année. Au menu des délégués : le fonctionnement des crédits carbone (l’une des ratées de la COP de Katowice), le renforcement des ambitions nationales, la protection de l’océan, ainsi que la préservation des espaces arctiques et antarctiques.

Dans les toutes dernières heures du sommet, le secteur du froid a présenté ses propositions. Pilotée par l’institut pour la gouvernance et le développement durable (IGSD), cette coalition pour l’efficacité énergétique du refroidissement entend réduire la consommation d’électricité des climatiseurs et des ventilateurs.

4 FOIS LA CONSOMMATION FRANÇAISE

Ce n’est pas un luxe: ces petites machines consomment globalement 2.100 térawattheures d’électricité par an: l’équivalent de 4 années de consommation française, rappelait un rapport de l’agence internationale de l’énergie, paru en 2018.

Actuellement, 10 appareils sont vendus, chaque seconde, dans le monde. Sans amélioration de leur efficacité énergétique, ils engloutiront trois fois plus d’énergie en 2030 et émettront (les fluides de refroidissement sont de puissants gaz à effet de serre) plus de 2 milliards de tonnes équivalent CO2 chaque année.

EN ATTENDANT LA CHINE

«D’ores et déjà, la France, l’Inde, le Rwanda, le Chili, le Burkina Faso sont d’accord pour renforcer les normes d’efficacité des appareils de froid», se félicite Maxime Beaugrand, responsable du bureau parisien de l’IGSD. Pas si mal. Mais, à l’exception notable de l’Inde, aucun des grands pays producteurs de climatiseurs et de ventilateurs ne figure dans la liste des signataires. Un sujet de discussion pour le président Macron, lors de sa prochaine visite d’Etat en Chine, en novembre?


[1] Créé en 1975, le groupe des 7 (G7) réunit les gouvernements de l’Allemagne, du

Canada, des États-Unis, de la France, de l’Italie, du Japon et du Royaume-Uni. Il accueille parfois d’autres pays partenaires et les représentants d’institutions internationales.

[2] Marché commun sud-américain composé de l’Argentine, du Brésil, du Paraguay, de l’Uruguay et du Venezuela.

Le Journal de l’Environnement