Non chassés, les blaireaux sortent plus tôt des terriers

Une étude menée en Meurthe-et-Moselle sur plusieurs clans non-persécutés par l’homme, révèle que les blaireaux quittent volontiers leurs abris souterrains bien avant le coucher de soleil.

Les études récentes s’intéressant aux mœurs des blaireaux selon leur environnement sont assez peu nombreuses. Celle menée par Yann Lebecel*, publiée dans le bulletin n°145 de la Société zoologique de France en 2020, tend à démontrer de manière rigoureuse ce que beaucoup de naturalistes constatent de façon empirique : lorsque les animaux sauvages ne sont pas persécutés, ils regagnent confiance dans l’humanité !

A l’aide d’un dispositif de caméras-automatiques installés pendant toute une année sur des terriers de 5 familles différentes, dans une zone exempte de toute persécution humaine depuis 10-15 ans, l’auteur de l’étude en arrive à la conclusion que la tombée de la nuit n’est pas un facteur déclenchant la sortie des blaireaux. Pour certains clans, l’heure d’émergence survient même plus d’une heure avant le coucher de soleil au printemps et en été.

En France, où se pratiquent la chasse à tir mais surtout la chasse par déterrage, les blaireaux ont une réputation d’animaux noctambules, et sont très difficiles à observer pour le grand public. On a hélas plus de chances de les croiser morts, écrasés sur la route…

Cela ne devrait pourtant pas être une fatalité ! Le blaireau se devrait d’être protégé, comme il l’est chez presque tous nos voisins. Animal sociable, discret, notre petit panda européen a comme chaque animal son rôle dans l’écosystème. En creusant des terriers, il profite à d’autres espèces susceptibles d’y trouver refuge (renard, martre, chat forestier, chauves-souris, mulots… et même la loutre !). Omnivore opportuniste, le blaireau peut aider le jardinier en consommant des vers blancs, des rongeurs, des limaces ou des escargots.

En s’octroyant le droit de vie et de mort sur les blaireaux, classés « gibier » en France (alors qu’ils ne se mangent pas !), le monde de la chasse prive le reste de la population du droit à la contemplation. Cette « gestion » cynégétique se fait d’autant plus sans aucune justification scientifique, puisqu’aucune étude sérieuse n’existe pour estimer l’effectif des populations et leur état de conservation ! Il y a toutefois des raisons d’être optimiste pour l’avenir : sous la pression de nos associations, de plus en plus de préfets réduisent les périodes légales de vénerie sous terre, et le nombre d’équipages de chasse sous terre diminue d’année en année.

* Yann Lebecel est également président de l’association Blaireau & Sauvage

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